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Comme le veut la tradition (et mes gènes, très probablement), c’est le visage recouvert (à l’exception des yeux) de mascara et de glitters que j’ai quitté le Studio TD après avoir assisté à l’une des représentations (trois ans après la date prévue) d’Hedwig et le pouce en furie.

Réalisée par René Richard Cyr, en collaboration avec Benoît McGinnis et Elisabeth Gauthier-Pelletier, Hedwig et le pouce en furie est l’adaptation (et traduction) du théâtre musical Hedwig and the Angry Inch, et du film du même nom, une gracieuseté de John Cameron Mitchell et de Stephen Task.

Notons que je suis une très grande fan de l’adaptation cinématographique de 2001. Je m’efforcerai de demeurer la plus impartiale possible, pour, genre, la science, et aussi pour te convaincre de suivre ma trace et ainsi recevoir les véritables bénédictions du queer inclusive Évangile.

Hedwig et le pouce en furie est l’histoire de ce qui nous apparaît de prime abord être une punk rock diva aux cheveux d’une sirène on steroids et au cœur de rockeuse. Originaire d’une Allemagne d’après-guerre où elle a grandi en tant que garçon dans un environnement dysfonctionnel ponctué par l’absence d’amour et le mépris, Hedwig est une véritable survivante possédant une histoire à raconter, une histoire tumultueuse, certes, mais une histoire cruciale : celle de la pluralité des identités et de la difficulté de se définir dans un monde où aucune étiquette sociale ne nous correspond. À la suite d’une « chirurgie de réassignation de sexe* » forcée et botchée, Hedwig se retrouve avec des organes génitaux mutilés. Ni homme ni femme, à la fois vulnérable et en colère, Hedwig part en quête de ce qu’on lui a toujours refusé : reconnaissance, amour et rock’n’roll

*Dans le contexte narratif, on ne peut simplement pas parler de chirurgie affirmative du genre.

Attention, ceci n’est pas your classic queer misery porn shitshow. Fidèle au film de John Cameron Mitchell, Hedwig et le pouce en furie représente indubitablement une ode à toustes celleux se situant à la frontière des identités, ces personnes sur lesquelles on a craché et qui se sont tout de même relevées, décidées à retrouver l’amour d’elleux-même dans un monde qui leur a tout arraché.

Photo de l'affiche de la pièce de théâtre Hedwig et le pouce en furie devant le studio TD.

À la fois flamboyant, drôle et tragique, Benoît McGinnis interprète avec consécration et électricité le personnage aux proportions mythologiques que représente Hedwig, nous ramenant à l’origine de tout ce qui existe, avec pour objectif clair de tout détruire pour mieux reconstruire.

Accompagné sur scène de quatre habiles musicien·ne·s sous la direction musicale d’André Papanicolaou ainsi que d’Elisabeth Gauthier Pelletier dans le rôle de Yitzhak, le mari d’Hedwig (une drag queen juive d’origine croate, un rôle traditionnellement interprété par une femme) Benoît McGinnis s’avère à la hauteur de ce projet qu’il a lui-même imaginé après avoir assisté à l’une des représentations du spectacle à Broadway en 2014. 

Mention honorable au véritable tour de force que constitue la traduction de René Richard Cyr des 10 chansons-cultes de la pièce originale. J’admets avoir redouté une adaptation cringe desdites chansons (ça fait inévitablement partie des risques de traduire une comédie musicale, selon moi), cela dit, entends-moi bien, ce n’est pas du tout le cas. 

L’équipe d’Hedwig et le pouce en furie est présentement en tournée un peu partout à travers le Québec et revient à Montréal pour trois représentations supplémentaires les 4, 5 et 6 mai au Studio TD. Ceci est ta chance, ne la manque pas. Pour te procurer des billets, c’est juste ici.

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À propos de Margot Chénier

Rédactrice et spécialiste des réseaux sociaux | Pronoms : elle/la | Diplômée en Études Féministes, je poursuis présentement mon parcours universitaire en Film Studies. Je suis une grande fan de tout ce qui vibre, qui brille ou qui pétille. J’ai Bye bye mon cowboy de pognée dans la tête 24/7. Je prends plaisir à mettre feu aux normes sociales pernicieuses et désuètes. On me qualifie parfois de «radicale», mais je ne vois pas ce qu’il y a de radical à vouloir anéantir la réputation de Woody Allen et la culture du viol. J’ai horreur qu’on utilise le terme vagin pour parler de vulve. Je passe le plus clair de mon temps à faire des rants contre la culture des diètes et le film Never been kissed. If you need me, I’ll be eating 5lbs of asparagus in the corner.

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