Certaines personnes les détestent, d’autres les adorent… mais une chose est certaine, ça ne laisse (presque) personne indifférent ! Hé non, ce ne sont pas des candidat.e.s d’OD dont il est question ici, mais bien des différentes méthodes de contraception !

Parlons de la fameuse contraception qui préoccupe les esprits depuis des décennies déjà ! Soulignons d’abord la période charnière des années 60 au Québec, alors que la pilule contraceptive est enfin décriminalisée. Qui dit pilule contraceptive dit libération sexuelle des femmes et des personnes avec un utérus. Comme l’a dit la féministe Margaret Sanger, « la libération de la femme ne se fait pas sans avoir des relations sexuelles aussi souvent qu’elle le veut ». Un gros merci pour ça Margaret ! Enfin, les femmes peuvent décider si elles désirent avoir des enfants, combien elles en veulent et à quel moment. Elles prennent le contrôle de leur corps. Elles ne sont plus perçues que comme des mères. Elles peuvent désormais avoir des ambitions professionnelles et poursuivre des études, sans compromettre une vie sexuelle active. 

Cela dit, il reste encore des lacunes en lien avec le partage des responsabilités liées à la contraception et c’est ce que je vais tenter de décortiquer ici. Puisque le risque de grossesse surprise est majoritairement présent dans les couples hétérosexuels, je ferai davantage référence aux hommes et aux femmes en termes de système reproducteur masculin et féminin. Le but est de simplifier le texte. Cela dit, toutes les situations sont uniques et valides. Les organes génitaux ne déterminent pas le genre. Ton couple ou trouple, n’est pas forcément qualifié d’hétérosexuel juste parce qu’un de vous a un pénis et l’autre un vagin. Tu m’suis ?

6 lacunes du partage de la responsabilité de la contraception 

1. Les coûts associés

C’est incroyable d’avoir accès à différents moyens de contraception, mais comme toutes bonnes choses dans la vie, ça a un coût ! Dépendamment de tes assurances, ça te coûte plus ou moins cher. Ça fait partie de ton budget annuel. Tu payes probablement ça seul.e depuis que t’es adolescent.e, sans te poser trop de questions. Tu te dis peut-être que puisque c’est ton utérus, c’est ta responsabilité ? Disons que tu es en couple stable depuis plusieurs mois et que vos tests de dépistages d’ITSSS sont number one : on s’entend que le condom va prendre le bord, non ? Ce que tu veux c’est du fun, pas un bébé. Même chose pour tan partenaire. On parle donc de VOTRE contraception. C’est la même chose que d’habiter avec un.e ami.e dans un 4 ½ : vous vous divisez les frais. C’est du gros bon sens.

 2. La charge mentale

À quel moment on a décidé que c’était logique que la personne qui détient un utérus ait toutes les responsabilités liées à la contraception ? Qui n’a jamais usé de la bonne vieille alarme de cellulaire qui sonne tous les jours à la même heure pour te rappeler de prendre ta pilule ? Ben le fun quand ça part dans un souper avec ta belle-famille et que tout le monde se demande c’est le téléphone à qui qui sonne de même. La grand-mère de ton chum te demande comment ça tu ne réponds pas à ton téléphone qui sonne ? Vas-y ma belle, explique à grand-maman que tu découvres ce qu’est le sexe torride avec son petit-fils quelle croyait inoffensif. Ben non, ça ne se fait pas ! N’empêche que tu aimerais bien pouvoir avoir des relations intimes avec ton copain sans avoir à angoisser sur tout ce que ça implique. C’est beaucoup de pression sur tes épaules. 

3. Les désagréments associés 

Je sais que tu le sais, mais il y a une panoplie d’effets secondaires possibles pour les différentes méthodes de contraception. Mon but ici n’est pas d’en faire une liste digne d’un film apocalyptique. Je veux juste te rappeler que tout ce processus-là n’est pas toujours rose pour certaines personnes et c’est non-négligeable. Il peut même y avoir des contre-indications à la contraception hormonale pour certaines personnes avec des conditions médicales XYZ. C’est quand même un privilège de ne pas avoir à se soucier de ça ni d’avoir à en subir les conséquences au plan émotif, physique et financier. Ça commence à faire beaucoup d’irritants…

4. La différence dans la gestion de risque 

Dans l’éventualité qu’ils vous arrivent un pépin, c’est dans TON utérus que ledit pépin va faire son nid. Si ça ne fait pas votre bonheur, vous allez avoir une décision à prendre. Adoption ? Interruption volontaire de grossesse ? Devenir parents ? Fuir ? Oh… on me dit à l’oreille que cette dernière « option » n’est pas possible pour la personne qui détient un utérus. Hé non, tu ne peux pas passer go et réclamer 200 $ parce que peu importe l’issue de votre situation, c’est de ton corps dont il est question. Objectivement, le risque n’est pas le même.

Parallèlement à cela, ça peut être très insécurisant pour les hommes et les personnes avec un système reproducteur masculin de ne pas avoir d’autres options de contraception que le condom ou le retrait (ce deuxième n’étant pas trop fiable, soit dit en passant). Ils devraient être en mesure d’assurer eux-mêmes leur contraception s’ils le désirent. C’est ben beau faire confiance à tan partenaire, mais on n’est jamais trop prudent.e.s. et ce n’est pas tout le monde qui est confortable là-dedans. Bref, ils manquent d’options.

5.  Un décalage dans l’éducation sexuelle ?

Petit retour dans le temps : dans les cours d’éducation sexuelle au secondaire, on insistait beaucoup pour les garçons sur l’utilisation et l’installation du préservatif masculin sur une banane ou un pénis en bois. L’affaire, c’est qu’on associait beaucoup plus les condoms à la protection contre les ITSS qu’à la contraception. Pour discuter des risques de grossesses surprises, on expliquait aux élèves (majoritairement les filles) comment utiliser la pilule contraceptive. Le cours finissait rapido-presto avec une discussion un peu boboche sur les menstruations et les autres méthodes de contraception. Et voilà, on avait fait le tour et on pouvait maintenant vivre notre best life en toute tranquillité d’esprit ! 

Lors d’une relation intime, tous les partis sont responsables d’avoir des pratiques sexuelles sécuritaires, consentantes et respectueuses. Peu importe ce qui se cache dans tes bobettes ; tu dois penser aux ITSS ET aux risques de grossesses, si applicables. La responsabilité et la charge mentale devraient être partagées entre tous les partenaires ou du moins, être discutées.

6. Pis la pilule contraceptive masculine elle ?

Bon, peu importe nos connaissances en biologie humaine, on s’entend que ça semble un peu plus complexe de gérer des millions de spermatozoïdes versus un ou deux ovules. Imagine-toi donc qu’il existe une solution de contraception masculine hormonale reconnue par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis les années 90 : des injections hebdomadaires intramusculaires d’énanthate de testostérone. Ce produit, utilisé prioritairement par les personnes qui ont un déficit de testostérone, a des vertus contraceptives. Mais l’OMS limite son utilisation à 18 mois, faute d’études suffisantes sur une période plus longue d’utilisation en tant que contraceptif.

Faute d’études suffisantes…c’est pas mal l’excuse qui revient partout. Hey les compagnies pharmaceutiques, ça ne vous tente pas de financer les recherches et les développements cliniques à plus grande échelle ? Ça fait un p’tit bout que votre cue est passé. 

PS : si tu veux plus de détails sur la pilule contraceptive masculine et comprendre pourquoi elle n’est pas déjà dans ta pharmacie, clique ici 

Comment rendre la gestion de la contraception plus égalitaire ?

Des relations intimes, ça se joue à deux. C’est donc VOTRE contraception et VOTRE responsabilité. Pour t’aider, voici un petit guide pratique avec quelques tips and tricks pour une gestion de la contraception ÉGALITAIRE.


N’attends pas que tan partenaire fasse ton éducation sexuelle. Fais ta part et pose tes questions aux bonnes personnes. Ton ami Google est toujours là pour toi. Il existe différentes ressources accessibles en ligne pour répondre à tes questionnements… SOS grossesse par exemple !

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À propos de Anne

Collaboratrice | Pronoms : elle/la | Avec 8 ans d’étude dans le domaine de la psychologie à mon actif et une maîtrise en psychoéducation en voie d’obtention, tu comprendras que je suis passionnée par les relations interpersonnelles. Mon autre passe-temps : chialer sur le patriarcat. La féministe intersectionnelle qui sommeille en moi n’est jamais bien loin (OK, la vérité c’est qu’elle ne sommeille pas pantoute). Depuis que je suis devenue maman, mon militantisme féministe a pris tout son sens. Ici, j’espère arriver à vulgariser des concepts, à ouvrir la discussion sur différents enjeux, à te faire rire et idéalement, à te faire réfléchir. Il y a de fortes probabilités qu’à travers ça, je me gâte avec 2-3 petites craques passives agressives… question d’avoir just a little fun 😉  !

Une réflexion sur “Gérer la contraception à un.e c’est bien, à deux c’est mieux !

  1. Marielle dit :

    Super article nécessaire et pertinent. Bravo! Encore!

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