La fameuse question qui revient à chaque party de famille, sous toutes ses formes :
Pis, as-tu un p’tit chum ? As-tu une p’tite blonde ? As-tu rencontré quelqu’un ? Qui fait battre ton cœur ? T’es pas tanné.e d’être tout.e seul.e ?

Chère Chantale, c’est bien aimable de ta part de t’intéresser à ce qui fait vibrer le cœur de ta p’tite fille qui est maintenant une adulte de 28 ans, mais peut-être que la seule chose qu’elle souhaite qui la fasse vibrer ces temps-ci… c’est le Abracadabra!

Avoir de l’intérêt pour ce que vivent tes proches, c’est très sain. Par contre, les questions redondantes et insistantes par rapport à leur vie amoureuse… c’est un brin rushant. Être en couple, ce n’est pas le seul et unique but dans la vie. On valorise énormément le couple et on fait sentir aux personnes célibataires que « c’est triste d’être encore seul.e à 35 ans ». On suggère même que c’est étrange et très atypique que quelqu’un soit célibataire pendant plusieurs années consécutives. On suppose que les personnes célibataires le sont par défaut et que si elles pouvaient faire autrement, elles seraient mariées ! Est-ce possible que l’on projette notre propre inconfort sur ces personnes ? Est-ce que l’idée d’être seul.e.s nous met profondément mal à l’aise et nous insécurise au point de ne pas tolérer l’idée d’être célibataire ? Qui a dit qu’être célibataire était synonyme de solitude ? Les amis, la famille, les collègues et même les animaux de compagnie, ça ne compte pas ? Les gens en couple peuvent souffrir d’une profonde solitude même s’ils ne dorment jamais seuls le soir. 

On met beaucoup d’emphase sur la grossesse, le mariage, l’achat d’une maison… mais plusieurs personnes n’aspirent pas à vivre ces différentes réalités. C’est une vision très linéaire et hiérarchisée des « étapes » de la vie. Ça met le couple hétérosexuel au centre du monde. C’est LA référence et tout est fait en fonction du couple hétérosexuel. Il y a plusieurs étapes charnières dans la vie qui méritent d’être soulignées, au même titre que celles davantage associées au couple. Organisons des fêtes pour célébrer les réussites professionnelles, valorisons le dépassement de soi, soulignons les progrès personnels et l’évolution des gens qu’on aime. Prenons le temps d’être sincèrement heureux.ses pour l’autre et de lui démontrer notre fierté. Dès qu’une personne vit une réussite qu’elle juge significative, célébrons-la.

Être célibataire n’est pas un échec ni une course contre la montre. Il n’y a pas d’âge auquel tu dois absolument être en couple au risque de t’autodétruire si ce n’est pas le cas. Il n’y a rien de mal à ne pas « fiter » dans le moule. Fais ton propre moule. Tu n’as pas besoin d’avoir quelqu’un à ton bras pour avoir de la valeur aux yeux des autres. Que tu sois seul.e ou en relation avec douze personnes, saches que tu n’as besoin de personne pour être « complet ». Ne cherche pas ta douce moitié ; t’es déjà the whole package. 

On ne peut pas parler du célibat sans aborder la fameuse expression « être une vieille fille ». Te souviens-tu de Susan Boyle ? Cette Écossaise de 48 ans qui a impressionné la terre entière avec son audition de chant à Britain’s got talent ? Elle a confié ne jamais avoir embrassé qui que ce soit et ne jamais avoir été en couple. C’est ce qu’on appelle dans le jargon populaire : « une vieille fille ». De nos jours, le cliché d’une célibataire endurcie fait référence à une femme qui habite seule avec une dizaine de chats tous plus laids les uns que les autres. Traditionnellement, l’appellation « vieille fille » faisait plutôt référence à une femme mûre non mariée. Femme mûre. Difficile de savoir s’il est question d’une femme ou d’une banane abandonnée sur le comptoir de la cuisine, hein ? Tout porte à croire que telle la banane, la femme a une date d’expiration. Elle est soit trop jeune, soit trop vieille. Il est recommandé de « l’apprêter » entre telle et telle date. Idéalement, elle est à « consommer » avant ses 30 ans. C’est bien important de vérifier la date de péremption sur l’étiquette quand on souhaite fréquenter une femme.

Franchement, quelles sont ces comparaisons douteuses ? Un peu plus, et je compare la femme à de la viande… ou pire encore, à un objet ! Oh, on m’indique à l’oreille qu’un haut niveau de sarcasme se fait sentir dans la salle…

Bref, j’aimerais que tu retiennes ces quelques points essentiels :

  • Tu mérites d’être aimé.e comme tu es
  • Tu n’as pas besoin de trouver ta douce moitié ; tu es un être complet à toi seul.e
  •  Être en couple n’est pas le but ultime dans la vie
  • Ta valeur ne dépend de personne d’autre que toi
  •  Être en relation n’est pas une obligation, une course, ou un prérequis au bonheur
  • Ne jamais avoir été en couple n’est pas un échec ou un problème à régler
  • Tu n’es pas un poulet BBQ dans l’allée des viandes au IGA : tu n’as pas de date d’expiration
  •  C’est correct si tu ne ressens pas l’envie ni le besoin d’être en couple
  • Ton rythme est le bon, peu importe ce que la société essaie de te faire croire
  • Tu n’as pas besoin d’être accompagné.e pour sortir le grand jeu : sois ta propre date, mets-toi sur ton 36, achète ta bouteille de vino préférée et réserve une table dans le meilleur restaurant en ville. Tu le mérites.
  • Sois fier.ère de qui tu es et ne te gêne pas pour le dire haut et fort !
  • Ne te sens pas obligé.e de répondre aux questions des curieux.ses qui t’entourent. Mets tes limites et respecte-les le plus possible.
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À propos de Anne

Collaboratrice | Pronoms : elle/la | Avec 8 ans d’étude dans le domaine de la psychologie à mon actif et une maîtrise en psychoéducation en voie d’obtention, tu comprendras que je suis passionnée par les relations interpersonnelles. Mon autre passe-temps : chialer sur le patriarcat. La féministe intersectionnelle qui sommeille en moi n’est jamais bien loin (OK, la vérité c’est qu’elle ne sommeille pas pantoute). Depuis que je suis devenue maman, mon militantisme féministe a pris tout son sens. Ici, j’espère arriver à vulgariser des concepts, à ouvrir la discussion sur différents enjeux, à te faire rire et idéalement, à te faire réfléchir. Il y a de fortes probabilités qu’à travers ça, je me gâte avec 2-3 petites craques passives agressives… question d’avoir just a little fun 😉  !

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