N.B. : Le présent article risque de prendre une tournure assez cishétéro, pour la simple et bonne raison que c’est scientifiquement prouvé que queer people are more fun in bed. 😚

Lors d’un délicieux jour de printemps de 2018, l’Internet au complet a explosé au visionnement d’une entrevue (datant de 2015) mettant en vedette DJ Khaled qui affirmait alors : « Nah. Never. I don’t do that… It’s different rules for men. You gotta understand, we the king… I just can’t do what you want me to do. I just can’t. » Cette pratique à laquelle DJ Khaled refuse de s’abaisser, c’est le cunnilingus. 🤡

Le producteur américain n’est manifestement pas le seul à bouder le sexe oral : dans le cadre d’une étude datant de 2016, plus du quart des femmes cishets interrogées rapportaient NE JAMAIS avoir connu les plaisirs d’un cunnilingus.

Sans grande surprise, une autre étude avançait que la majorité des femmes hétérosexuelles pratiquaient la fellation sur une base régulière.

Going down the pussy hole

Dans un monde où la pornographie « traditionnelle » consiste en des heures et des heures de blowjobs acharnés et sans répit, rien de trop surprenant à ce que les hommes cishétéros, a.k.a. les ultimes champions du bare minimum, aient tendance à ghoster en tout confort le sexe oral. Tout ceci fait partie de l’insidieux scheme sexu nous laissant collectivement croire que le plaisir masculin serait central à une relation, alors que le plaisir féminin serait plutôt un bénéfice collatéral, un genre de bonus : ben le fun, mais facultatif.

Selon Shannon Chavez, sexologue pratiquante de Beverly Hills, certains hommes estiment que de pratiquer le cunnilingus serait synonyme de se soumettre à sa partenaire, et c’est ce qui leur déplairait. Grosso modo, ces hommes se sentiraient émasculés.

Un autre truc farfelu que l’on doit en grande partie au folklore de la porn traditionnelle, c’est l’idée selon laquelle une femme cis n’aurait besoin que de 7-8 secondes de sexe par pénétration pour atteindre un orgasme à tout casser (alors que, notons-le, seulement 18% des femmes cis sont capables d’orgasmer uniquement grâce à un rapport pénétratif). No wonder que l’écart orgasmique soit si drastique !

Ensuite, il y a les hommes qui ont peur de ne « pas être bon ». Si c’est ton cas, voici mon conseil : communique. Demande à ta partenaire comment elle aime se faire toucher, formule tes angoisses. Tu n’es vraiment pas le seul à ressentir une pression de performance, prends ta carte de membre et confie-toi, de grâce.

Certains hommes peuvent vivre avec des traumatismes sexuels, on ne peut pas écarter cette option. Si c’est ton cas, je t’offre ici quelques ressources pertinentes. Sauf qu’on ne peut pas non plus assumer que tous les hommes shy du cunni sont des survivants, ce n’est juste pas représentatif de la réalité (heureusement).

Deux genres, deux mesures

En lisant des témoignages sur le sujet, je suis tombée sur un article qui résume bien les doubles standards entourant le sexe oral. En voici un extrait : 

Every girl I’ve spoken to about sex has the desire to be good at it and to make it an enjoyable experience for their partner. Whether that be wearing an incredibly sexy and expensive lingerie set for a man who is wearing ancient and holey Fruit of the Loom briefs, or by hopping in the shower to shave their legs before a booty call (cause God forbid their bodies look and feel how they’re naturally meant to). And there is a consensus that men enjoy getting their dick sucked, so girls try to suck it well. I remember giggling with my friends as we all “practiced” on a banana and watching “instructional” videos on Pornhub. Can you imagine a world where a man practices his cunnilingus skills on a grapefruit because he wants to do a good job? I can only dream.

When I’ve come across men who don’t eat pussy, the primary reason they give for this habit is that they don’t enjoy it. But, quite frankly, a lot of girls don’t enjoy sucking dick. It can be work, it can leave your throat feeling sore and there are some nasty dicks out there. […] I will acknowledge that men probably get the brunt of genital shaming, which isn’t okay either (yes, making fun of someone for having a small dick is just as bad as making fun of a girl for being flat-chested), but a lot of girls are insecure about their pussy.

Difficile de ne pas être « insécure » quand ce qui se trouve entre tes jambes se fait incessamment comparer à un mollusque, un fruit de mer ou à une tranche du smoked meat. Rien de trop surprenant non plus à ce que plusieurs femmes prétendent de ne pas aimer le sexe oral en faisant face à autant de stéréotypes peu ragoûtants et à toutes les insécurités que ceux-ci peuvent engendrer.

(Psst ! Pour un splendide éloge de la vulve et un recensement des cruels stigmas y étant rattachés, c’est juste ici.)

Ce que femme veut

Bref, si tu fais partie des femmes connaissant les cruelles injustices de ce monde énumérées dans cet article, sache que tu n’es pas la seule. C’est normal que tu sois déçue ou insatisfaite, et, non, tu n’es pas trop demandante. C’est ben plate d’en venir à calculer les actes sexuels dans un couple, mais à un moment donné, il faut ce qu’il faut.

Comprends-moi bien : il ne s’agit pas ici de forcer qui que ce soit à se mettre au cunnilingus si l’envie n’y est pas. C’est juste que, at the end of the day, si t’es pas willing de « manger » ta partenaire, tu ne devrais pas t’attendre à ce qu’elle le soit plus que toi. Autrement dit, c’est une affaire de ne pas vouloir performer de sexe oral. C’en est une autre de ne pas vouloir performer de sexe oral et de s’attendre à ce que celleux qui partagent ton lit le fassent. 

À bas le patriarcat & longue vie aux cunnis !

*Si tu as le goût de te mettre à l’art du cunni, mais que tu manques d’idées, ou que tu ne sais simplement pas trop par où commencer, voici un petit guide qui pourrait t’être utile :

Margot Chénier

À propos de Margot Chénier

Rédactrice et spécialiste des réseaux sociaux | Pronoms : elle/la | Diplômée en Études Féministes, je poursuis présentement mon parcours universitaire en Film Studies. Je suis une grande fan de tout ce qui vibre, qui brille ou qui pétille. J’ai Bye bye mon cowboy de pognée dans la tête 24/7. Je prends plaisir à mettre feu aux normes sociales pernicieuses et désuètes. On me qualifie parfois de «radicale», mais je ne vois pas ce qu’il y a de radical à vouloir anéantir la réputation de Woody Allen et la culture du viol. J’ai horreur qu’on utilise le terme vagin pour parler de vulve. Je passe le plus clair de mon temps à faire des rants contre la culture des diètes et le film Never been kissed. If you need me, I’ll be eating 5lbs of asparagus in the corner.

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