C’est le temps des fêtes, et surtout, les premiers congés de fin d’années sans restriction COVID. Les familles vont enfin pouvoir se retrouver (presque) sans risque.
Les jeunes enfants vont rencontrer ou revoir certain·e·s membres de leurs familles qu’iels n’ont jamais (ou très peu) vu. Et puis, soudainement, ces (nouvelles) personnes demandent beaucoup d’attention et de gestes d’affection physiques tels que des câlins ou des bisous.
On remarque souvent que les enfants se cachent derrière leurs parents ou montrent des signes d’inconfort, car iels n’ont simplement pas envie de dire bonjour de cette façon. Malheureusement, beaucoup d’adultes insistent et font sentir coupable l’enfant qui refuse de venir faire un câlin ou un bisou.
Pourtant, je ne sais pas toi, mais quand je vais à une soirée où je ne connais pas tout le monde, ça ne me tente pas de recevoir un gros bec d’une personne que je n’ai presque jamais vue.
Donc, je propose qu’on fasse de ce temps de fêtes de fin d’année une célébration du consentement pour les petit·e·s et pour les grand·e·s !
Pourquoi est-ce important de parler du consentement et de le faire respecter dès la petite enfance ?
Les statistiques canadiennes démontrent qu’une personne sur 10 déclare avoir été victime de violence sexuelle avant l’âge de 16 ans.
À travers l’enseignement du consentement et en respectant les limites personnelles des enfants, les adultes les aident à comprendre comment iels méritent d’être traité·e·s.
Plus l’enfant est conscient·e que son corps lui appartient et que ses limites personnelles doivent être respectées tôt, plus iel pourra identifier des abus éventuels et les dénoncer à ses adultes de confiance rapidement.
Enseigner le consentement aux enfants
La pratique du consentement peut facilement être enseignée de façon saine et respectueuse à la maison. Voici plusieurs approches pour l’aborder dès le plus jeune âge :
Expliquer que son corps lui appartient
Commence par lui expliquer que son corps lui appartient et qu’il y a certaines parties que personne n’a le droit de toucher à part ellui. Enseigne également à l’enfant à utiliser les vrais termes pour parler des parties privées du corps, telles que les fesses et parties génitales.
Moments d’hygiène
Les moments du bain, du brossage de dents, d’habillement ou du changement de couche sont des moments idéaux pour parler des limites personnelles et des parties privées du corps. Lors des moments d’hygiène, prends l’habitude de décrire ce que tu fais et pourquoi. Par exemple :
« Maintenant, je vais enlever la couche et je vais passer un peu d’eau sur ta vulve/ton pénis/tes fesses, OK ? »
Si l’enfant est assez grand·e pour comprendre et donner son consentement, tu peux lui proposer de laver certaines parties de son corps seul·e (ex. : les fesses, les parties génitales, etc.), en expliquant que tu peux l’aider si iel le souhaite.
Moments de jeux
Utilise le jeu pour parler et enseigner les bases du consentement et être un·e modèle de consentement pour les enfants.
Par exemple, à travers le jeu des chatouilles avec de nouvelles règles :
« Je te chatouille jusqu’à ce que tu me dises STOP, et quand tu dis stop, j’arrête et je dis “tu m’as dit stop, alors j’arrête”, et puis on inverse les rôles (eh oui, l’apprentissage du consentement va dans les deux sens !). »
Moments d’affections
Si l’enfant ne veut pas être touché·e ou câliné·e, respecte son choix et affirme le respect de ses limites à voix haute : « OK, merci de m’avoir dit que tu ne voulais pas un câlin ».
Exprime également tes propres limites et besoins, en expliquant gentiment à l’enfant quand tu veux qu’iel arrête de jouer avec tes cheveux ou de tirer ta jambe. Et oui, il faudra certainement l’expliquer plusieurs fois…
Assurer le contentement des enfants pendant les fêtes
Malheureusement, malgré tous nos efforts de parents pour enseigner le consentement à nos enfants et s’assurer qu’iels aient tous les outils nécessaires pour faire respecter leurs limites personnelles, certain·e·s adultes ne l’entendent pas toujours de la même oreille. Les idées traditionnelles de la « politesse » prennent vite le dessus, et les enfants se retrouvent souvent à se faire sentir coupable lorsqu’iels refusent un câlin ou un bisou pour dire bonjour ou merci.
Voici quelques astuces pour expliquer clairement et simplement l’importance de l’éducation au consentement au sein de la famille (même quand le « gros bec » est une « tradition »).
Expliquer les règles à l’avance
La réunion familiale ou entre ami·e·s pour les fêtes approche ? Contacte les invité·e·s avant la soirée et explique-leur les règles mises en place avec tes enfants. Par exemple :
« On a enseigné à nos enfants qu’iels sont encouragé·e·s à saluer les adultes (et les enfants) comme iels le souhaitent. Merci de demander à nos enfants comment iels veulent dire bonjour (un câlin, un bisou, une tape dans la main, ou un simple signe de la main). »
Tu peux aussi leur envoyer cette lettre que j’ai créée et qui explique tout ce qu’il y a à savoir sur le consentement.
Présenter les faits et les chiffres
Pour les adultes qui pensent que « on va trop loin avec le respect de l’enfant », explique que l’éducation au consentement et aux limites personnelles est un outil essentiel pour prévenir les abus sexuels sur les enfants, et que oui, malheureusement, les abus viennent souvent de l’intérieur du cercle proche — on n’est jamais trop prudent·e.
Par exemple, si un membre de la famille nous dit :
« Mais enfin, on est de la famille, c’est correct ! »
On peut répondre :
« Justement tonton Marco, c’est d’autant plus important considérant qu’on sait que, malheureusement, dans la majorité des cas, les agressions sont perpétrées par des membres de la famille ou par des proches. En enseignant à [nom de l’enfant] le consentement et le respect de ses limites personnelles (et de celles des autres), on s’assure qu’iel ait les outils nécessaires pour les faire respecter et demander de l’aide en cas d’abus sexuels. »
Encourage les adultes à recevoir de l’affection de l’enfant par le respect plutôt que par le chantage affectif.
Renforcer la voix de l’enfant
Malgré nos explications et nos demandes très simples, certain·e·s adultes semblent avoir « oublié » nos requêtes. Heureusement, notre enfant a ses allié·e·s de son côté ! Encourage l’enfant à dire non ou à refuser si un·e adulte l’approche sans permission. Par exemple :
« Est-ce que Tata Marie a demandé avant de te faire un câlin ? Et bin donc Tata Marie, il faut demander avant 😉. »
Offrir des alternatives
Ne pas faire de bisous ou de câlins pour dire « bonjour » ou « merci » n’est pas synonyme de manque de politesse. Il y a plein de façons de saluer et d’exprimer sa gratitude, comme une tape dans la main, une petite danse, un signe de la main ou simplement dire « bonjour » ou « merci ».
Imposer les limites
De la même façon qu’on ne laisse pas un·e proche prendre le volant avec notre enfant sans lui faire porter la ceinture de sécurité, on a le droit de refuser que des adultes l’approchent avant d’avoir accepté les règles élémentaires du consentement envers ellui.
Enfin, l’éducation au consentement ne passe pas que par les gestes physiques. Soulignons l’importance du consentement lorsqu’on veut prendre des milliers de photos des enfants qui n’ont rien demandé, ou encore lorsqu’on les force à rester à table (surtout pendant les fêtes). Pour ces fêtes de fin d’années, offre aux enfants le pouvoir sur leur propre corps !