Ces absences qui résonnent : apprivoiser le deuil périnatal

Le deuil périnatal, c’est quoi exactement ?

Parfois, la vie décide de s’arrêter avant même d’avoir vraiment commencé. Une fausse couche, une mort in utero, ou un bébé qui ne survit pas longtemps après la naissance… c’est ce qu’on appelle un deuil périnatal. 

On parle souvent peu de cette réalité. Pourtant, c’est bien plus fréquent qu’on ne l’imagine. Environ une grossesse sur quatre se termine par une fausse couche précoce. Et si on regarde les décès en fin de grossesse ou juste après la naissance, ça concerne environ 1 à 2 bébés sur 1000. 

Bien que ces événements soient relativement fréquents, cela ne les rend pas moins significatifs. Pour les familles qui les vivent, ces pertes peuvent être profondément douloureuses et marquantes, rappelant que leur fréquence n’en diminue pas l’impact émotionnel. 

Les causes ? Elles sont parfois liées à des anomalies génétiques ou des complications médicales. D’autres fois, on ne trouve aucune raison, et ça peut être encore plus difficile à accepter.

Au cœur de la tempête intérieure : les émotions qu’on traverse

Un jour, tu imagines déjà le prénom, la chambre, les premiers pas. Le lendemain, tout s’écroule. La tristesse est là, bien sûr. Mais elle vient souvent accompagnée de :

• La colère, qui crie : pourquoi ça m’arrive ? Ce n’est pas juste !
• La culpabilité, qui chuchote : qu’est-ce que j’ai fait de mal ?
• La peur, qui s’installe doucement et se demande : et si ça se reproduit ?
• Le vide, un silence qui hurle dans ton quotidien.

Chaque émotion a sa place, et elles ne suivent pas un ordre précis. Tu peux aller mieux un jour, puis replonger le lendemain. C’est ça, le deuil : une route sinueuse qu’on traverse à son rythme. Et tu n’es pas seul·e dans cette traversée.

Ton corps, entre doutes et guérison

La perte d’une grossesse chamboule la relation avec ton corps. Tu peux te sentir trahie, comme si ton corps n’avait pas tenu sa promesse. Peut-être que tu te demandes si tu peux encore lui faire confiance.

Ton corps traverse, lui aussi, une période difficile. Ce que tu vis peut affecter profondément ton équilibre, et il te faut peut-être du temps pour te réapproprier tes sensations et retrouver confiance en toi. Prendre soin de toi, physiquement et émotionnellement, est un premier pas pour renouer avec lui. La patience est essentielle : pas de pression, pas de jugements.

Sexualité transformée : réinventer l’intimité progressivement

La sexualité après un deuil périnatal peut devenir un terrain sensible. Tu peux te sentir déconnecté·e de ton corps, ou redouter l’intimité. Peut-être que tu n’as tout simplement pas envie. Tout ça est normal. Mais il y a des façons d’avancer, doucement, à ton rythme, vers une sexualité positive et épanouie.

Voici quelques pistes pour retrouver ton équilibre :

• Commence par le dialogue. Parle avec tan partenaire. Exprime tes craintes, tes besoins. Peut-être qu’ellui aussi traverse des émotions qu’iel n’ose pas partager.
• Reconnecte-toi à ton corps. Pas besoin de te précipiter dans une relation sexuelle. Des massages, des caresses, ou simplement prendre un moment pour apprécier ton corps peuvent aider.
• Consulte au besoin. Un·e sexologue ou un·e thérapeute spécialisé·e peut t’aider à débloquer les peurs ou les tensions.
• Autorise-toi à ressentir. Le plaisir n’efface pas le deuil. Ressentir du plaisir peut devenir une étape précieuse dans ton processus de guérison, en te reconnectant à toi-même et à des émotions positives.

Si tu envisages une nouvelle grossesse, c’est normal de ressentir des craintes devant l’inconnu et ce que tu as déjà vécu. Mais chaque grossesse est différente. Avec un suivi attentif et un soutien émotionnel, tu peux transformer cette peur en espoir.

Honorer la mémoire de ton bébé : des rituels pour avancer

Dire au revoir à cet être cher n’efface en rien l’importance qu’il aura toujours dans ta vie. Trouver des façons de garder sa mémoire vivante peut être apaisant. Voici quelques idées :

• Créer un objet-souvenir. Une boîte où tu rassembles des échographies, un petit vêtement, ou une lettre que tu écris à ton bébé.
• Planter un arbre. Un symbole de vie et de résilience qui grandira avec toi.
• Allumer une bougie. À des dates importantes ou simplement quand tu ressens le besoin de te connecter à lui.
• Participer à des événements communautaires. Certains organismes organisent des marches ou des cérémonies pour honorer les bébés partis trop tôt.
• Faire un don ou soutenir une cause. Offrir en son nom, c’est une manière de transformer ta douleur en quelque chose de positif.

Ces rituels ne sont pas obligatoires, mais ils peuvent t’aider à donner un sens à l’insensé.

Besoins personnels et entourage : comment être aidé·e

Ce dont tu as besoin, c’est de soutien. Et c’est souvent là que ça coince : ton entourage peut avoir peur de mal faire, ou ne pas savoir comment t’aider.

Alors, dis-leur ce que tu attends. Par exemple :

• Écoute-moi. Parfois, tu as juste besoin de parler. Pas de solutions, pas de conseils. Juste quelqu’un qui écoute.
• Respecte mon rythme. Si tu n’as pas envie de voir du monde, c’est OK. Si tu as envie de pleurer en regardant des photos, c’est aussi OK.
• Aide-moi dans le concret. Proposer de faire les courses, cuisiner, ou s’occuper d’autres enfants, ça enlève une charge mentale énorme.

Et toi, si tu te sens seul·e ou perdu·e, sache qu’il y a des ressources : des groupes de soutien, des psychologues spécialisé·e·s en périnatalité, des associations comme Les Perséides. Tu n’es pas seul·e.

Tes droits : ce que la loi prévoit

En cas de deuil périnatal, tu peux prendre un congé du travail. Au Québec, la loi reconnaît ton droit à un congé parental payé en cas de perte après 20 semaines de grossesse. Avant ça, tu peux prendre trois semaines de congé à tes frais. Renseigne-toi aussi auprès de ton employeur : certains offrent des congés plus souples ou des mesures d’accompagnement. Et surtout, n’aie pas peur de demander. Tu as le droit de prendre soin de toi.

Un dernier mot pour avancer

Parler du deuil périnatal, ce n’est pas facile. Mais c’est essentiel. C’est une façon de dire à toustes celles et ceux qui le vivent : « Vous n’êtes pas seul·e·s. » Alors, prends le temps qu’il te faut. Pleure si tu en as besoin, crie si ça te soulage. Et rappelle-toi : même si la vie n’est plus tout à fait la même, elle peut retrouver un nouvel équilibre.

Pour aller plus loin : ressources et numéros utiles

Voici quelques ressources pour t’aider à traverser le deuil périnatal :

Les Perséides

Soutenir et accompagner les personnes touchées par le deuil périnatal

Tél. : 418 948-1615

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Parents Orphelins‍

Association québécoise des parents vivant un deuil périnatal.

Liste des ressources disponibles par région.

Tél. : 514 686-4880, ou sans frais : 1 844 DEUILBB (1 844 338-4522)

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Nos Petits Anges au Paradis‍

Groupe de soutien virtuel pour les parents qui vivent un deuil périnatal.

Liste des ressources disponibles par région.

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BedonZen‍

Site web conçu pour accompagner les parents en deuil périnatal en leur offrant des outils pour traverser leur deuil, réduire leurs craintes pour l’avenir et accueillir un nouvel enfant avec sérénité.

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Grossesse-Secours‍

Service d’écoute téléphonique disponible en lien avec la grossesse et l’avortement.

Tél. : 514 271-0554 ou sans frais : 1 877 271-0555

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SOS Grossesse‍

Service d’écoute téléphonique disponible en lien avec la grossesse et l’avortement.

Tél. : 1 877 662-9666

‍

Fondation Portraits d’étincelles‍

Organisme regroupant des photographes professionnels, qui offrent gratuitement de se rendre à l’hôpital afin de prendre des photos de l’enfant décédé.

Tél. : 1 877 346-9940

Ces ressources peuvent t’offrir un soutien précieux.

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Références

• Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. (n.d.). Décès et deuil périnatal. Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). 
• Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal. (2018). Deuil périnatal : Fiche informative. Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
• CHU Sainte-Justine. (n.d.). Deuil périnatal — Retour à la maison et ressources disponibles.
• Éducaloi. (2024). Le congé de maternité en cas d’avortement ou de fausse-couche. Éducaloi. Consulté le 6 décembre 2024.
• Les Perséides. (n.d.). Soutien pour le deuil périnatal.
• Ressources Naissances. (n.d.). Deuil périnatal.