En ce mois de mai, qui marque l’événement MAIpoils, je te donne des conseils au cas où tu aimerais relever le défi — en laissant pousser ton poil tout le mois —, ou encore, si tu aimerais te débarrasser de ton rasoir de façon permanente.

Apprendre à aimer son poil, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il y a le regard des autres, puis le tien. Il y a les dates. L’été. Les soupers de famille. Les opinions d’ami.e.s. Bref, plein de triggers potentiels qui te rappelleront ton choix de le laisser pousser.

Pour que le processus d’acceptation se passe en douceur, je te donne les trucs qui m’ont aidé et ceux que j’aurais aimé avoir il y a 5 ans, lorsque j’ai commencé à laisser mon poil tranquille.

1. Identifie tes motivations

Trust me, quand on est convaincu.e de son choix, se laisser pousser les poils est bien plus facile qu’on le pense. Plus tu avanceras dans le processus, plus tu seras confiant.e, et plus tu seras persuadé.e de faire la bonne affaire. Mais c’est certain qu’au début, il se peut que ton cerveau tente de trouver des excuses pour tout abandonner. C’est pourquoi te rappeler constamment les raisons pour lesquelles tu le fais sera nécessaire pour te donner la force de continuer. Si tu résistes à l’envie de céder en reprenant ton rasoir, tu verras que ton cheminement sera aussi parsemé de très beaux moments. De moments euphoriques même. Pour t’inspirer, je te partage ma liste personnelle de motivations et d’avantages à se laisser pousser le poil, voir si tu peux relate.

  • Économiser du temps, de l’argent et de l’énergie
  • Éviter tous les désagréments du rasage et de l’épilation (poils incarnés, boutons, repousse de cactus, inconfort, picotements, démangeaisons, peau irritée, cicatrices, etc.)
  • Prendre une décision pour soi, sans tenir compte des pressions externes = self love
  • Sentir la brise sur son corps l’été (les poils sont des capteurs sensoriels)
  • Laisser ses poils remplir ses fonctions biologiques (diffusion des phéromones, thermorégulation, protection des agressions extérieures, etc.)
  • Se sentir fort.e, empowered d’être simplement soi-même
  • Envoyer chier le patriarcat et le double standard pilaire
  • Être en adéquation avec ses valeurs, ses convictions
  • Être original.e, à contre-courant de la mode
  • Se foutre des idéaux de beauté de la société, créer sa définition de la beauté
  • Réinventer sa propre version de la féminité. Ne pas laisser la société te dicter ce qu’une femme (ou tout autre genre) devrait être

2. Inspire-toi

Comme on a grandi en ne voyant QUE des corps féminins lisses, il peut être difficile de faire l’équation poil = beauté dans sa tête. Il est donc nécessaire de se trouver des role models poilu.e.s pour développer d’autres schémas de beauté dans son coco. Après tout, c’est un besoin humain de vouloir s’identifier à d’autres et de chercher à éviter de se sentir complètement seul.e.

Laisse-toi inspirer par des personnes que tu trouves cool, sexy et fearless qui arborent fièrement leurs poils. Fais-le même si tu n’es pas certain.e de vouloir tenter l’expérience. Depuis qu’on a rouvert la discussion sur le poil il y a quelques années, il y a de plus en plus de vedettes et créateur.trice.s de contenu qui affichent les leurs sur leurs plateformes.


Perso, le fait de voir des femmes ou personnes non binaires que je trouve attirant.e.s, cool, ou les deux, ça m’a beaucoup aidé à percevoir le poil (incluant le mien) d’une autre manière.

Que ce soit sur Instagram, Pinterest ou Tiktok, recherche des hashtags comme #januhairy, #maipoils, #bodyhairdontcare, etc. pour agrandir ton répertoire de représentations de la beauté.

Écouter des témoignages de personnes qui ont surmonté les premiers moments cringe du processus peut aussi être très aidant. Tu peux en trouver sur le site de maipoils, par exemple.

3. Apprends tout d’abord à l’apprivoiser

Pour moi, la première étape, ça a été de commencer par apprécier moi-même mon poil. 

Si tu n’es pas tout de suite prêt.e à show off ton poil ou que t’as encore besoin que l’idée fasse son chemin, tu peux peut-être attendre le janu-hairy pour initier le processus, par exemple ! L’avantage de commencer l’hiver, c’est que ton poil sera à l’abri des regards indiscrets. Ainsi, tu as le temps de t’habituer à sa vue avant de le montrer fièrement au mois de mai.

4. Ajuste-le à tes goûts

Le processus d’acceptation peut varier grandement en fonction de ta pilosité naturelle, de la couleur de ton poil, de la zone que tu laisses pousser et, évidemment, de ton degré de je-m’en-foutiste social. 

Par exemple, tu peux trouver qu’avoir du poil sous les aisselles ce n’est pas un big deal, mais que le poil de jambe est plus difficile à accepter, alors que pour d’autres, c’est le contraire. 

Si ton poil est dense et foncé, ça peut être plus difficile à accepter que si tu n’as que 4 petits poils blonds qui te poussent sous le bras. Mais encore là, tout est relatif.

La bonne nouvelle : le poil, c’est comme tout dans la vie, c’est customizable. Rien ne t’empêche de l’ajuster à tes goûts, ton humeur, tes outfits du jour ou encore, pour ton confort. Un peu comme une barbe dans le fond ; ce n’est pas nécessairement tout ou rien !

L’entretenir

Tu n’es pas obligé.e d’y aller full on touffe, en mode hippy moderne si ça ne fit pas avec ton swag du jour ou si tu n’es pas prêt.e à assumer la mode p’tit-nid-d’oiseau-en-d’sous-du-bras.

Outre l’apparence, l’entretien des poils peut être simplement une question de confort personnel. 

Perso, les poils que je dompte le plus, ce sont les pubiens. Quand c’est en mode free for all, je trouve ça vraiment inconfortable (ça se met à me piquer ou à me chatouiller quand les poils sont longs) et peu pratique sexuellement parlant. Mais c’est une question de goût aussi, car plusieurs aiment les bienfaits que leur procure le poil au lit. 

Pour ce qui est de mes poils d’aisselles, j’ai aussi remarqué que, l’été, en pleine canicule, je n’apprécie pas particulièrement la sensation mouillée quand mes poils sont trop longs parce j’ai oublié de faire ma trim mensuelle.

Pour l’entretien, je te conseille fortement d’utiliser un clipper plutôt qu’un rasoir. En plus de pouvoir personnaliser ton entretien pilaire, l’usage du clipper t’évitera la sensation ô combien désagréable de repousse après rasage. Trust me, de toute façon, tu seras bien heureux.euse d’avoir laisser ce feeling « pique pique » derrière toi une fois que tes poils auront atteint une certaine longueur. La plupart du temps, there’s no way back.

Le teindre

Te souviens-tu de la tendance des aisselles colorées, vers 2015 ? 

Dans mon cas, rendre mes poils d’aisselles « plus sympathiques » en les teignant de couleurs funky a été la première étape pour me les réapproprier tout en douceur.

Peu à peu, j’ai appris à les aimer tels qu’ils sont, sans les teindre (on se tanne vite de bleaché nos aisselles, puis de les teindre aux deux semaines, c’est quand même beaucoup d’étapes et de temps passé les bras dans les airs 🤣 ). Quoique je les bleach quand même à l’occasion pour un événement spécial ou avec un look où je n’ai pas envie que mes aisselles parsemées de poils bruns foncés volent la vedette. Comme tu vois, c’est une question de goût et de mood.

5. Gérer les regards et commentaires

Il peut y avoir un décalage entre ta propre acception de ton poil et l’acceptation d’autrui. 

Il ne faut pas oublier que laisser son poil pousser quand on est une femme (ou encore une personne non binaire avec une présentation perçue comme féminine), c’est challenger les standards de beauté que la société tente tant bien que mal de nous imposer depuis toujours. C’est un statement politique fort, qu’on le veuille ou non. Il faut donc t’attendre à recevoir des commentaires non sollicités de gens qui tiennent absolument à te faire savoir ce qu’ils pensent de ta gestion (ou non-gestion) pilaire. 

Mais tu verras que plus le temps filera, plus tu accepteras ton poil, et moins les commentaires t’atteindront. De toute façon, ça arrive beaucoup moins souvent qu’on le pense. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, tu ne recevras pas que des commentaires négatifs ; des gens vont aussi te féliciter, t’admirer. 

Pour ma part, le regard et l’opinion des autres étaient la partie qui me stressait le plus au début. Maintenant que je suis bien dans ma peau et plus que jamais convaincue de mon choix, j’attends juste ça, qu’on me fasse des commentaires, voir ! Y répondre, c’est devenu mes p’tits moments de bonheur personnel (même si je suis quelqu’un qui déteste la confrontation) !

Les dates

Pour ce qui est des dates, iels n’ont rien à dire. Garder ses poils, c’est un choix qui TE concerne. Au pire, affiche-les direct sur tes photos Tinder, ça mettra en garde les idiot.e.s qui pourraient t’insulter ou te rejeter en personne juste à cause de ta pilosité. 

Qui sait, peut-être qu’un jour, quand tu porteras tes poils avec fierté et confiance, tu modifieras même la définition qu’à une de tes dates de la beauté. 😏 😉

Un choix qui t’appartient

Même si j’ai l’air de faire la promotion d’une vie poilue, sache que le fait de garder ou non tes poils est un choix qui t’appartient à 100 %. Personne ne devrait te mettre de pression pour l’enlever ni pour le garder. Mon message ici, c’est plutôt d’accepter le choix de chacun.e en ce qui concerne leur gestion pilaire.

Mais maintenant que tu connais les pours et les contres (mais surtout les pours), avant de dire que, le poil, ce n’est pas pour toi, qu’est-ce qui t’empêche d’essayer, ne serait-ce qu’une fois dans ta vie, de le laisser tranquille ? 

Si tu ne l’expérimentes jamais, comment vas-tu savoir que tu te débarrasses de ton poil réellement pour toi plutôt que par défaut, par peur du ridicule ou pour correspondre aux attentes sociales ?

Ressources

Pour continuer ta réflexion sur le poil, voici quelques vidéos intéressantes :

Sexplora – Le poil

Sans filtre (Urbania) – Est-ce que toutes les femmes peuvent se laisser pousser le poil ?

L’histoire nous le dira – L’histoire de l’épilation

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À propos de Anne-Claudel Parr

Sexologue, Rédactrice | Pronoms: elle/la | Passionnée de plage, de voyage et de salsa, j’ai étudié en science politique, en psychologie, fait un certificat en psychoéducation et en espagnol avant d’atterrir en sexologie et de trouver ma voie (ben oui, c’est long se trouver parfois) ! Féministe intersectionnelle de cœur et de raison et membre de la communauté LGBTQIAP2S+, je pose un regard assez scientifique et théorique sur la sexualité, mais en essayant d’être moins plate que ton prof de socio au cégep. J’espère pouvoir élargir ta conception de la sexualité, dire ce qui n’est pas dit et jaser de l’éléphant rose. Ensemble, on va faire la deuxième Révolution sexuelle ! Embarques-tu ?

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