À noter que ce texte est rédigé du point de vue d’une femme cis. Pleinement consciente du fait que les personnes de tout genre peuvent également vivre de la pression par rapport à avoir des enfants.

Les idées préconçues abondent lorsqu’on parle de la femme cis et de son épanouissement. La société a collé une image standard à ce qu’est une femme épanouie et dans presque tous les cas, ça doit rimer avec le désir de procréer.

Être une femme.

On se fait parler depuis toute jeune du jour où nous aurons un enfant. Le jour où on emménagera avec notre partenaire ; celui où l’horloge biologique sonnera ; celui où l’on ressentira dans tout notre corps que c’est le temps, qu’on est prête à franchir une étape un peu nébuleuse, mais nécessaire. On parle de ces jours comme si c’était le but ultime de notre existence, comme s’il n’y avait pas d’autre tournure possible. 

C’est un beau projet d’éduquer, d’aimer, d’élever.

D’aider à construire doucement l’ego d’un être. 

Ces femmes qui se lancent corps et âme dans cette aventure sont fortes et admirables. 

J’aimerais tout de même qu’on s’attarde à celles qui ne veulent pas d’enfant. À celles qui peuvent, mais qui n’en ont pas envie.

Certaines sont complètes même sans l’ajout de compléments et ce n’est pas parce qu’elles ne désirent pas enfanter qu’elles passeront à côté de quelque chose. Elles ne regretteront pas forcément, ne sont pas nécessairement faites pour ça et ne changeront peut-être jamais d’avis.

C’est un sujet qui prend beaucoup de place dans notre tête de femme lorsqu’on franchit le cap de la vingtaine. On commence à recevoir plus de questions qui résonnent en urgence. 

Il n’y a pas d’urgence. Notre rythme est le bon rythme assurément.

J’ai eu la chance de discuter de tout ça avec une amie dernièrement. Nous nous sommes mises à déblatérer sur les attentes qu’a la société face à nous en tant que femme. Moi, étant une femme cis et elle, étant une femme trans.

Loin de moi l’idée de vouloir comparer nos histoires ou encore nos pressions sociales respectives et gardant en tête que je reste une personne privilégiée. J’ai tout de même trouvé notre conversation fort intéressante, intense et un peu triste à la fois.

Pendant que je lui partageais le fait que je trouvais tannant qu’on me pose un peu trop souvent la fameuse question : « C’est pour quand les enfants ? ». Elle me disait que c’était un peu la même chose pour elle et la vaginoplastie. Le « As-tu eu l’opération » sonne comme une question d’examen de fin d’année avec comme sujet de thèse « Comment être une femme complète ? »

Si on répond que « Non, ce n’est pas quelque chose que je désire. » c’est perdu. Dans tous les cas.    

Un peu comme si on avait échoué à l’examen et à la possibilité de se faire prendre au sérieux par la même occasion.

C’est dommage de devoir constamment se justifier sur le pourquoi du comment. Tout ce qui se passe dans nos « shorts », dans nos corps ou au fin fond de nos utérus, ne devrait jamais être questionné. 

Ne pas vouloir d’enfants

… Ne fais pas de toi une personne égoïste.

… Ne fais pas de toi une personne incomplète.

C’est possible d’être simplement satisfait.e de sa situation actuelle, de souhaiter s’épanouir dans sa carrière, de donner un maximum d’amour aux gens qui t’entourent, de t’en donner à toi-même. 

Le bonheur et l’épanouissement n’ont pas besoin de rimer avec la maternité.

S’aimer suffisamment de tous les côtés peut s’avérer être le travail d’une vie et c’est correct de choisir de mettre toute ton énergie là-dessus.

On ne devrait jamais avoir à se comparer et se mettre autant de pression pour atteindre un idéal suffisamment reconnu par la société. Le succès est relatif à chacun.e.

À éviter

Comme dans plusieurs sujets, il y a des questions à éviter. Comme par exemple, les fameux :

  • C’est pour quand les enfants ?
  • Pourquoi tu n’as pas / ne veut pas d’enfants ?
  • C’est pour quand la cohabitation avec tan partenaire ?   
  • As-tu eu l’opération ?

Sans même être sous forme de questions, le simple fait de remettre en doute les décisions peut être irritant.

Comme si quelqu’un d’autre que la principale concernée pouvait avoir l’heure plus juste sur ce qui est le mieux pour elle.

Par respect aussi pour celles qui ne peuvent simplement pas avoir d’enfants et qui se brisent le cœur un peu plus chaque fois à devoir le mentionner.

Par respect pour celles qui n’en veulent pas et qui sont tannées de devoir se justifier et d’enchaîner les discours argumentatifs afin de se faire prendre au sérieux.

Par respect général pour toutes les personnes tannées de se justifier sur comment iels ont décidé.es de cultiver leur réussite.  

Vous êtes tous.tes valides

Voici donc un dernier petit rappel sur le fait que : personne ne devrait se permettre de remettre en question ta recette du bonheur. De juger ton épanouissement personnel en fonction de toutes les images standards qui nous bombardent.

C’est correct de vouloir des enfants.

C’est correct de ne pas en vouloir.

C’est correct de ne pas avoir recours à la vaginoplastie. 

C’est correct de l’avoir.  

C’est correct d’habiter avec tan partenaire. (Sans te mettre de pression en lien avec une grossesse future) 

C’est correct si ce n’est pas quelque chose que tu désires.

Nos décisions n’ont pas à être sujettes à discussion et être heureux.se devrait être ça, l’ultime réussite. L’accomplissement en soi.

Validons-nous et soutenons-nous afin de briser tous ces préjugés entourant l’image de la femme complète.

Je recommande aussi fortement la saison 3 de « Fourchette » disponible sur ici tou.tv. Elle aborde avec douceur et intensité à la fois le fait d’être une femme et de ne pas vouloir d’enfant. Être une femme épanouie, c’est aussi explorer le bonheur et l’indépendance dans toute sa splendeur.

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À propos de Joannie Guimond

Rédactrice pigiste | Pronoms: elle/la | Grande amoureuse de vin rouge, de marguerite et de jasette. C’est tout en douceur que j’aborde mon sujet préféré au monde : la sexualité positive. J’ai passé d’un pré universitaire en littérature à barista, à barmaid, à coordonnatrice, tout en accueillant la femme que je devenais et en validant celle que je voulais devenir. J’espère réussir à toustes vous faire sentir compris.es et briser les tabous entourant la sexualité et le féminisme de façon générale. Mes ami.es disent de moi que je trouve du beau dans à peu près tout le monde et que c’est doux. J’espère que cet aspect de ma personnalité ressortira de mes articles et que chaque ligne résonnera comme un p’tit clin d’œil plein de compréhension à ce que tu vis.

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