Ressentir de l’attirance sexuelle et/ou amoureuse envers plus d’un genre, tu te reconnais un peu là-dedans ? Tu es peut-être bisexuel.le, pansexuel.le, polysexuel.le, omnisexuel.le ou même cétérosexuel.le ! Démêlons tout ça ensemble.

Tu trouves que l’acronyme de la diversité sexuelle et de genre (LGBTQIAP2S+) semble s’allonger d’année en année ? Tu as raison, c’est le cas ! Presque à chaque mois, on trouve de nouveaux termes pour décrire des réalités dont l’existence a été trop longtemps reniée ou ignorée. Chaque étiquette a sa raison d’être, car elle permet de mettre des mots sur le vécu de personnes qui se sentent trop souvent seules ou incomprises. Les étiquettes d’orientations sexuelles créent des communautés et brisent l’isolement.

Aujourd’hui, on t’invite à plonger plus en profondeur dans le vocabulaire LGBTQ+ pour découvrir cinq orientations sexuelles qui sont fréquemment confondues : bisexualité, pansexualité, polysexualité, omnisexualité et cétérosexualité.

Bisexualité

Le préfixe « bi » veut dire « double » ou « deux » en latin.

drapeau de la bisexualité

Si tu ne vis pas sous une roche, tu as forcément déjà entendu ce terme. Traditionnellement comprise comme l’attirance amoureuse et/ou sexuelle envers les hommes ou les femmes, la bisexualité est une orientation qui semble très simple à comprendre, mais qui est, en fait, une des plus complexes à saisir. 

Déjà, la bisexualité est loin d’être une affaire de 50/50. Si tu es bisexuel.le, il se peut que tu aies une plus grande attirance physique pour les hommes, mais que tu tombes plus facilement amoureux.se d’une femme, par exemple. Ou encore, il se peut qu’il t’arrive deux fois plus souvent d’avoir des crushes sur un genre que sur un autre. Ça ne fait pas de toi une personne « moins bisexuelle » qu’une autre. 

Attention ! Garde en tête que la bisexualité n’est PAS une phase. Une personne bisexuelle n’a pas de la difficulté « à se brancher » entre un genre ou un autre ! Tu as beau être une femme en couple avec un homme pendant 10 ans (ou même, toute ta vie), ton orientation sexuelle ne change pas de « bi » à « hétéro » pour autant sous prétexte que tu es en couple hétérosexuel.

Nouvelles définitions de la bisexualité ?

Récemment, le sujet de la bisexualité a semé controverse au sein de la communauté LGBTQ+. Plusieurs personnes accusaient les bisexuel.le.s de ne pas inclure les multiples formes d’identités de genre non binaires dans leur orientation sexuelle (personnes au genre fluide, agenre, etc.). Plusieurs définitions de la bisexualité, mettant l’accent sur l’attirance envers plus de deux genres, ont alors fait (ou refait) surface sur la toile. Par exemple, « l’attirance envers son propre genre et d’autres » ou encore « l’attirance envers deux genres ou plus », etc. D’autres considèrent même que la bisexualité est un terme parapluie qui englobe toutes les orientations sexuelles plurisexuelles (attirance envers plusieurs genres).

Bon, on t’entend déjà dire « mais là, bi, ça ne veut pas dire deux » ? En effet, ça veut bel et bien dire deux. Mais il ne faut pas oublier que la bisexualité, ça existait avant même que l’on comprenne socialement qu’il y a beaucoup plus que deux genres. À l’époque où la conception du genre était binaire, c’est normal que les personnes attirées envers plus d’un genre s’identifiaient comme bisexuel.le. Aujourd’hui, plusieurs personnes continuent d’utiliser ce terme, qu’iels voient la bisexualité comme un spectre d’attirances envers plusieurs genres, où qu’iels conçoivent le genre comme étant binaire. 

Dans le fond, il y a autant de formes de bisexualité qu’il y a de personnes bisexuelles : donc beaucoup ! La meilleure façon de comprendre l’attirance romantique ou sexuelle d’une personne bisexuelle, c’est de lui demander comment iel définit son orientation ! Et comme tu pourras le constater plus bas, de nos jours, il y a beaucoup de nouveaux termes pour définir l’attirance envers plus d’un genre.

Pansexualité

Le préfixe grec « pan » signifie « tout ».

drapeau de la pansexualité

Les personnes s’identifiant comme pansexuelles vont ressentir de l’attirance amoureuse et/ou sexuelle pour une ou des personnes… et ce, peu importe leur genre. Plusieurs pansexuel.le.s diront « ce qui me turn on d’une personne, c’est sa personnalité, ce n’est pas son genre » ou encore « tous les genres sont mon genre » !

Chez les pansexuel.le.s, on retrouve donc une forme de gender blindness, une invisibilité du genre de la personne aimée et/ou désirée. Pour elleux, ça n’a pas d’importance. Côté attirance sexuelle, le fameux slogan « heart, not parts » veut tout dire !

Omnisexualité

Le préfixe « omni » veut aussi dire « tout », mais cette fois-ci, en latin.

drapeau de l'omnisexualité

L’omnisexualité est la petite cousine de la pansexualité. Tout comme les personnes pansexuelles, les personnes omnisexuelles ont le potentiel de tomber amoureuses et/ou d’être attirées sexuellement par les individus de tous les genres. Sauf que, contrairement à la pansexualité, elles ne sont pas gender blind. Au contraire, l’identité de genre a plutôt un impact sur l’attirance éprouvée pour quelqu’un.e. Ainsi, certaines personnes omnisexuelles peuvent avoir une préférence pour un genre alors que d’autres, non.

D’autres omnisexuel.le.s diront que le genre influencera la façon dont iels seront attiré.e.s par la personne. Par exemple, une personne omnisexuelle pourrait dire : « je ressens de l’attirance pour tous les genres, mais je ne recherche pas la même relation avec une femme qu’avec un homme ». Ou encore : « je préfère largement sortir avec des femmes ou des personnes non binaires, mais il m’arrive parfois de fréquenter des hommes cisgenres ».

Au cas où tu ne te souviendrais plus, « cisgenre » signifie qu’une personne s’identifie au sexe qu’on lui a assigné à la naissance. Donc dans l’exemple ci-haut, on parle d’une personne qui est née avec un pénis et qui s’identifie au concept de la masculinité que la société lui propose.

Polysexualité

Issu du grec ancien, le préfixe « poly » signifie «  plusieurs ».

drapeau de la polysexualité

Quoique similaire au terme « polyamour », la polysexualité n’a aucun lien (autre que le préfixe) avec les relations polyamoureuses. La polysexualité est bien une orientation sexuelle (et non une configuration relationnelle, comme le polyamour), au même titre que la pansexualité ou l’omnisexualité. 

Contrairement aux personnes pansexuelles et omnisexuelles, les personnes polysexuelles ne sont pas attirées par tous les genres, mais par plusieurs genres. Par exemple, une personne polysexuelle pourrait dire : « Moi, les femmes, les personnes non binaires ou de genre fluide, ça me branche, mais les hommes cis ou hommes trans plutôt binaires, c’est pas trop mon thing ». 

Il est important de noter que la polysexualité n’est pas un manque d’inclusivité quant à certaines identités de genre. On choisit peut-être l’étiquette d’orientation sexuelle qui nous correspond le mieux (ou le fait de ne pas s’en attribuer une), mais on ne choisit pas envers qui on est attiré.e et celleux qui font battre notre cœur !

Cétérosexualité

Le préfixe « cetera » signifie « autre » en latin.

Drapeau de la cétérosexualité

Autrement connue sous le nom de skoliosexualité ou allopotrosexualité, la cétérosexualité s’inscrit dans une vision du genre 100 % non binaire ! Parfois simplement décrite comme l’attirance envers les personnes non cisgenres (donc une variété d’identités de genre non binaires et queer), d’autres considèrent que cette orientation sexuelle concerne strictement les personnes non binaires attirées par des personnes queers, non binaires ou autres. Les personnes cétérosexuelles n’auraient pas d’attirance spécifique envers des organes génitaux en particulier.

On te donne un exemple pour mieux comprendre : Maxim est une personne intersexe et agenre. Iel se dit attiré.e envers les personnes agenres, genderqueer et de genre fluide. « Moi, j’aime tous les genres… sauf que les personnes cisgenres ne m’attirent pas vraiment ! »

En gros…

La fluidité sexuelle

L’important, c’est de se rappeler que l’orientation sexuelle (et la sexualité en général !) est quelque chose de fluide qui évolue au fil des expériences de vie. Les personnes que tu rencontres, les expériences sexuelles et/ou amoureuses que tu as, ou même les lectures que tu fais peuvent t’aider à mieux te découvrir, te définir et à prendre conscience de nouvelles réalités dont autrement, tu n’aurais jamais entendu parler. Il suffit de tomber sur un personnage LGBTQ+ d’une série Netflix et « paf ! », tu entends pour la première fois un terme qui met enfin le doigt sur ce que tu ressens depuis si longtemps. 

Mais t’sais, il n’y a pas de stress. Tu peux également te dire « en questionnement » par rapport à ton orientation sexuelle pour une période plus ou moins prolongée, et c’est ben correct aussi (en plus de vouloir dire « queer », le « Q » dans l’acronyme de la diversité sexuelle signifie aussi « en questionnement »). Tu peux aussi changer d’idée en cours de route et choisir une autre étiquette qui te reflète mieux plus tard dans ta vie. C’est long, apprendre à se connaître !

Ne pas sauter trop vite aux conclusions

N’oublie pas que les étiquettes, ce n’est pas pour tout le monde ! Même si pour toi ça peut être révélateur de trouver un terme (ou même deux ou trois !) pour mieux définir ta sexualité, on a pas toustes envie de mettre un mot sur ce qu’on ressent. Aussi, comme l’orientation sexuelle est quelque chose d’intime et de personnel, c’est à toi de définir la tienne… mais pas celle des autres ! Donc de dire « mon ami est bi parce qu’il couche avec des hommes et des femmes », it’s a big no no! En cas de doute, demande (juste si c’est tan best buddy mettons, parce que c’est vraiment indiscret de demander à quelqu’un son orientation sexuelle).

En terminant, on souhaite te rappeler que ce n’est pas parce qu’une personne trip sur plusieurs genres qu’elle a envie de coucher avec tout le monde ! Va pas assumer non plus que ta blonde veut faire un trip à trois avec une autre fille sous prétexte qu’elle est bisexuelle. Et oui, il se peut qu’une personne change d’étiquette au cours d’une vie, mais ça ne veut pas pour autant dire que la bisexualité est une « phase de transition » vers l’homosexualité ! Les préjugés envers les personnes attirées envers plus d’un genre sont tenaces (autant au sein des communautés lesbiennes, gaies ou hétérosexuelles) et ont de graves conséquences sur les membres de ces communautés.

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À propos de Anne-Claudel Parr

Sexologue, Rédactrice | Pronoms: elle/la | Passionnée de plage, de voyage et de salsa, j’ai étudié en science politique, en psychologie, fait un certificat en psychoéducation et en espagnol avant d’atterrir en sexologie et de trouver ma voie (ben oui, c’est long se trouver parfois) ! Féministe intersectionnelle de cœur et de raison et membre de la communauté LGBTQIAP2S+, je pose un regard assez scientifique et théorique sur la sexualité, mais en essayant d’être moins plate que ton prof de socio au cégep. J’espère pouvoir élargir ta conception de la sexualité, dire ce qui n’est pas dit et jaser de l’éléphant rose. Ensemble, on va faire la deuxième Révolution sexuelle ! Embarques-tu ?

Une réflexion sur “5 orientations sexuelles à démêler

  1. Ça me fait super plaisir que quelqu’un explique (enfin) la différence entre la pansexualité, l’omnisexualité et la bisexualité ! Merci beaucoup !

  2. Ève dit :

    Ça fait du bien de lire ça ! La section « ne pas sauter sauter trop vite aux conclusions » : OUI.

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