La période de l’adolescence est remplie de changements et de questionnements, notamment par rapport à la sexualité. Les ados ont un tas de questions, mais iels sont souvent moins à l’aise de les poser à leur famille ou aux adultes qui les entourent. Iels ont davantage tendance à se tourner vers leurs ami·e·s, camarades de classe ou vers internet et les réseaux sociaux.

Lorsqu’on tente, en tant que parent ou adulte responsable, d’initier une conversation sur la sexualité, on risque très souvent de faire face à des roulements d’yeux, un air gêné et des « Beurk, pourquoi tu me parles de ça, c’est bizarre ! ».

En tant qu’éducatrice à la sexualité positive, je rencontre des centaines d’ados chaque année pour parler du corps, d’amour, de relations et de sexualité, et il y a certaines questions qui reviennent souvent. Voici les 5 plus communes et mes réponses à chacune d’entre elles.

1. C’est quoi la taille moyenne du pénis à 13 ans ?

De loin, la question la plus posée par les ados est une version de « C’est quoi la taille moyenne du pénis à notre âge ? »

Premièrement, il n’existe aucune donnée concernant la taille moyenne des pénis durant l’adolescence pour la simple et bonne raison que c’est un organe qui est en train de grandir durant ces années-là.

D’ailleurs, le pénis peut continuer à grandir jusqu’à ce qu’on ait 20 ans !

Pour répondre à cette question, on peut mentionner la taille moyenne chez les personnes à l’âge adulte. Mais il est important d’insister sur le fait que cela ne signifie rien, que la taille et la forme changent d’une personne à l’autre, et qu’il n’y a aucun besoin de se comparer.

Les expressions qui associent les gros pénis à quelqu’un avec une « bonne énergie » et les personnes avec un petit pénis à quelqu’un qui aurait une « mauvaise énergie » contribuent également au mythe de l’importance d’avoir un gros pénis plutôt qu’un petit, et peuvent avoir un impact sur l’image corporelle. Alors, soyons attentif·ve·s à l’utilisation de ces expressions devant nos jeunes, et prenons le temps de les questionner lorsqu’on les entend.

En conclusion, le plus important est de valoriser la diversité des corps et de déconstruire les mythes autour de la taille du pénis, en rappelant que la fonctionnalité et le confort sont les seules choses qui comptent.

2. La masturbation est-elle saine ? Peut-on se masturber « trop » ?

Les tabous autour de la masturbation persistent, bien que la parole se libère.

La masturbation est une pratique saine, mais également bonne pour la santé. Elle permet la production de sérotonine et aide à connaître son corps et ce qui lui procure du plaisir.

Bien que la masturbation soit un sujet plus souvent librement discuté par les garçons, celle des filles et des jeunes non binaires reste souvent taboue ou invisibilisée.

Il est important de souligner que toutes les personnes peuvent se masturber, et que cela est un comportement tout à fait normal.

Pour ce qui est de la fréquence, il n’y a pas de données précises sur « se masturber X fois par semaine ou par jour est de trop ». Comme pour toute chose, si cette pratique prend le dessus sur les autres activités de notre quotidien et semble nous contrôler plutôt que l’inverse, il peut être utile d’en parler à un·e adulte de confiance ou à un·e professionnel·le de santé.

3. Est-ce que ça fait mal, la première fois ?

Cette « peur » de la première fois est souvent exprimée par les personnes avec un vagin lors d’un premier rapport avec une personne à pénis. Cette angoisse est souvent alimentée par des mythes perpétués depuis des siècles véhiculant l’idée que la « première pénétration » est forcément douloureuse.

Alors, non, la première fois ne doit pas faire mal. Le mythe de « c’est normal que cela fasse mal la première fois » pousse beaucoup de personnes à continuer un rapport malgré la douleur, mais on n’est jamais obligé·e de continuer si on ressent de la douleur ou de l’inconfort : on peut s’arrêter.

Il faut savoir que la douleur vaginale peut avoir plusieurs causes, comme la tension musculaire autour du vagin due au stress ou à des conditions plus complexes comme les douleurs pelviennes ou le vaginisme. Quelle que soit la cause, la douleur n’est jamais « normale ». Pour en apprendre davantage, consulte l’article Les multiples visages de la dyspareunie.

Au-delà de la pénétration vaginale, il est important de souligner qu’aucune pratique sexuelle ne devrait faire mal (à moins qu’une certaine douleur soit activement recherchée par les participant·e·s). Le plus important, c’est d’écouter son corps et celui de san partenaire et de procéder à un rythme confortable pour les deux. Communiquer avec san partenaire et, si nécessaire, reporter l’expérience ou choisir de ne pas continuer si l’on ne se sent pas prêt·e, sont toutes des réponses saines et respectueuses. L’objectif est de s’assurer que cette expérience soit aussi positive et satisfaisante que possible pour soi, comme pour san partenaire.

4. Comment fonctionne le sexe queer

Cette interrogation se manifeste sous diverses formes, telles que : « Comment se déroule le sexe entre deux femmes ? », « Comment se protéger des ITSS dans le cadre de la sexualité queer ? », ou encore « Existe-t-il d’autres pratiques que le “scissoring” ? »

Face à une représentation majoritairement centrée sur la sexualité hétérosexuelle, depuis les réseaux sociaux jusqu’à la pornographie, il est parfois compliqué pour les jeunes de comprendre à quoi ressemble le sexe en dehors des interactions entre une personne avec un pénis et une personne avec un vagin, et comment le pratiquer de manière sécuritaire.

Le sexe queer inclut, sans s’y limiter :

  • Le sexe vaginal, qui ne nécessite pas obligatoirement la présence d’un pénis et peut impliquer l’utilisation de doigts, de jouets sexuels, ou d’autres formes de stimulation.
  • Le sexe oral, une forme d’intimité partagée qui peut être pratiquée par toustes, indépendamment de l’identité de genre ou de l’orientation sexuelle.
  • Le sexe anal, qui, tout comme le sexe vaginal, ne requiert pas la présence d’un pénis et peut concerner les personnes de tous genres et toutes orientations. 
  • La masturbation mutuelle, permettant aux partenaires d’explorer le plaisir de manière partagée en se touchant soi-même avec l’autre ou en se touchant l’un·e et l’autre. 
  • Le humping, ou le frottement des corps et des zones génitales l’unes contre l’autre, avec ou sans vêtements.

La prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) est fondamentale dans toutes les pratiques sexuelles, y compris au sein de la sexualité queer. Il est important de comprendre que les ITSS peuvent se transmettre à travers les fluides corporels, tels que le sang, le sperme, les fluides vaginaux, et les sécrétions anales. Utiliser des protections comme les préservatifs et les digues dentaires, se faire dépister régulièrement, et communiquer ouvertement avec ses partenaires sont des étapes clés pour une sexualité sécuritaire et épanouissante.

En discutant de sexe queer avec les jeunes, l’objectif est de dépasser les tabous et de fournir des informations claires et inclusives, en soulignant l’importance du consentement, de la communication, et de la sécurité dans toutes les formes d’expression sexuelle.

5. Comment dire à quelqu’un que tu l’aimes ?

La question qui fait fondre mon cœur chaque fois.

Car beaucoup d’entre nous peuvent s’identifier à cette question et à ce sentiment, surtout durant l’adolescence, une période empreinte d’émotions et de découvertes.

J’aime particulièrement cette question, car elle permet d’aborder les sujets de la vulnérabilité, du consentement et de la manière de gérer le rejet.

L’importance de mettre des mots sur nos sentiments est cruciale. Garder pour soi ce que l’on ressent est souvent plus douloureux que de partager ces émotions, malgré la peur qui peut accompagner ce partage. Mais c’est essentiel de comprendre que révéler ses sentiments ne doit jamais être vu comme une charge pour l’autre. Cela implique de laisser à la personne concernée la liberté d’accueillir ou de ne pas accueillir ces sentiments.

Parler de ses sentiments, c’est s’ouvrir à l’autre, mais aussi s’exposer à la possibilité d’un refus. Et ça arrive à tout le monde. Vivre un amour non réciproque fait partie des expériences de la vie, sans que cela ne soit la faute de personne. On ne choisit pas de qui on tombe amoureux·se.

Une peine de cœur, c’est souvent douloureux, et il y a plein de choses que l’on peut faire pour gérer un chagrin d’amour, mais se venger contre la personne qui n’a pas les mêmes sentiments n’en fait pas partie.

Ouvrir le dialogue

Il est très probable que ton ado se pose au moins une de ces questions, mais n’oserait jamais la poser à un·e adulte. Les adolescent·e·s sont souvent submergé·e·s par un flot de questions et peuvent penser qu’iels sont les seul·e·s au monde à se les poser. Même si iel ne te pose peut-être pas directement ces questions, il est essentiel de prendre l’habitude de créer un espace ouvert et sécurisant pour ces conversations.

Si tu ne sais pas par où commencer, n’hésite pas à te référer au guide Comment parler de sexualité aux ados.

En ouvrant le dialogue sur ces questions importantes, on contribue à construire un environnement où les jeunes se sentiront soutenu·e·s et moins isolé·e·s dans leurs expériences et interrogations.

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À propos de Tessy Vanderhaeghe

Rédactrice pigiste | Pronoms : elle/la | Mordue d’escalade, j’ai déménagé de ma Belgique natale pour m’installer à Squamish en Colombie-Britannique. Quand je ne suis pas accrochée aux murs, on me trouvera à brandir des pénis et vulves en peluche dans les salles de classe avec humour et bienveillance. Certifiée en tant qu’éducatrice en santé sexuelle, je crois en une éducation à la sexualité qui commence dès la petite enfance, et je suis là pour accompagner les éducateur·rices, les parents et les familles à lancer ces conversations sans tabou !

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