Le premier plaisir que l’on découvre à la naissance est celui du toucher. La peau est le plus grand organe du corps humain et il envoie beaucoup d’informations à notre cerveau dépendamment du type de toucher (agréable, désagréable ou dangereux). Lorsqu’on reçoit un toucher agréable, notre cerveau libère de l’ocytocine, une hormone associée au bien-être et au plaisir.

Le plaisir du toucher fait partie de la vie de tous les êtres humains dès les premiers instants de leur vie. Alors, discutons de ce fameux plaisir et apprenons à en parler !

Comprendre pour pouvoir en parler : pourquoi ressentons-nous du plaisir lors de rapports sexuels ?

Il existe deux raisons principales pour lesquelles on peut ressentir du plaisir lors de touchers ou des rapports sexuels.

Premièrement, c’est biologique. Naturellement, notre corps veut nous pousser à la reproduction et certains types de rapports sexuels mènent à la reproduction de l’espèce humaine. Car si nous reproduire nous tentait autant que de faire la vaisselle, on ne serait pas aussi nombreux sur la planète !

Deuxièmement, c’est hormonal. Le cerveau libère de la dopamine et de l’ocytocine (cette fameuse « hormone de l’amour »), ce qui provoque un flot de sentiments heureux et agréables. L’ocytocine est libérée pendant les rapports sexuels et pendant l’orgasme, ce qui permet, en tant qu’humain, de créer un lien d’attachement et d’intimité avec san partenaire.

Recentrer l’éducation sexuelle autour du plaisir

Cette dernière décennie, l’éducation à la sexualité a évolué pour intégrer le consentement et la prévention des abus sexuels, mais la conversation autour du plaisir est encore très absente de ces enseignements. Beaucoup d’éducateur·rice·s et de parents, consciemment ou inconsciemment, craignent d’aborder la question du plaisir sexuel avec les enfants et les adolescent·e·s à cause de leur propre intériorisation de la culture sex negative, mais aussi par peur que cela les influence à commencer leur vie sexuelle plus tôt.

Savais-tu que c’est complètement faux ? C’est même l’inverse !

D’après un rapport de l’UNESCO de 2009 (et plein d’autres recherches sur le sujet), l’éducation sexuelle ne précipite pas l’activité sexuelle. Bien au contraire, elle a un impact positif sur les comportements sexuels sains et peut retarder les premières activités sexuelles.

Ce n’est pas étonnant. À partir du moment où l’on met de l’avant l’idée que « oui, le sexe est censé apporter du plaisir », plutôt que d’être « une course de qui commence sa vie sexuelle le plus tôt », ou « de la personne qui a le plus de partenaires possibles », on offre de nouveaux standards qui tendent à reculer l’âge des premiers rapports sexuels.

De plus, pour exister, le plaisir nécessite plusieurs choses : le consentement, la sécurité, l’autodétermination, l’intimité, la confiance et la capacité de communiquer et de négocier les relations sexuelles (𝘞𝘰𝘳𝘭𝘥 𝘈𝘴𝘴𝘰𝘤𝘪𝘢𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘍𝘰𝘳 𝘚𝘦𝘹𝘶𝘢𝘭 𝘏𝘦𝘢𝘭𝘵𝘩), le rendant ainsi indispensable à une sexualité saine. Raison de plus d’en faire un apprentissage essentiel dans l’éducation sexuelle.

Parler de plaisir avec les enfants ; par quoi commencer ?

OK, mais, comment peut-on aborder le sujet avec les enfants et les ados — c’est un peu gênant, non ?

Alors, je te rassure, pas besoin de faire une présentation PowerPoint à l’enfant sur « le plaisir ». Il existe une multitude de façons d’aborder les conversations autour du plaisir avec les enfants de façon appropriée à chaque tranche d’âge (ou dépendamment de leur niveau de maturité).

En voici quelques-unes :

De 4 à 6 ans

La masturbation et la découverte du plaisir associé au toucher des parties génitales sont des comportements tout à fait communs dès la petite enfance. Cependant, les enfants n’ont pas toujours la notion d’intimité associée à la masturbation. En tant qu’adulte, on peut expliquer à l’enfant que « oui, découvrir son corps et ses parties génitales peut amener du plaisir et que cela est tout à fait sain et naturel » tout en rappelant que « c’est une pratique que l’on fait en privé » (dans sa chambre, la salle de bain, etc.).

Les enfants de cette tranche d’âge ont également beaucoup de questions sur la reproduction et la sexualité. Si l’enfant à des questions sur le sujet, on peut lui expliquer que « oui, certain·e·s adultes font parfois l’amour pour faire des bébés, mais aussi parce que ça leur fait du bien et que cela leur donne du plaisir ». Sans oublier d’insister sur le fait que le sexe est une pratique seulement entre adultes, et jamais une pratique entre enfants ou entre un·e adulte et un·e enfant.

De 7 à 8 ans

Les enfants de ces âges se posent de plus en plus de questions sur les relations, le corps et la sexualité. On peut leur expliquer que le sexe n’est pas une pratique uniquement entre un homme et une femme, et que ce n’est pas forcément entre un pénis et un vagin.

On peut commencer à parler du fait que « faire l’amour est un choix et qu’on n’est jamais obligé de faire quoi que ce soit » et que « tu décides pour toi-même quand tu seras assez grand·e pour choisir ».

De 9 à 11 ans

La période de la puberté vient avec un gros paquet d’hormones, ce qui peut amener à la découverte de nouveaux sentiments amoureux et sexuels. C’est un bon moment pour expliquer à notre jeune l’impact des hormones sur le corps et sur le cerveau.

C’est également l’occasion d’expliquer que le pénis et le clitoris sont des organes du corps avec une tonne de terminaisons nerveuses qui les rendent sensibles au toucher et que ce sont des parties du corps qui ont la capacité de procurer du plaisir.

À partir de 12 ans

Les hormones sont en feu et les attirances et désirs sexuels peuvent devenir de plus en plus présents. On va continuer la communication positive sur le plaisir solitaire en ajoutant également que la masturbation est la façon la plus sécuritaire de ressentir du plaisir sexuel.

C’est un bon moment pour commencer à avoir des conversations plus précises sur le sexe entre partenaires. On va s’assurer de faire passer les messages suivants :

  • Il y a plein de façons permettant à des personnes de ressentir du plaisir ensemble. Ce n’est pas obligé d’être un rapport pénétratif.
  • Parler de l’orgasme et expliquer que c’est le relâchement d’une sensation de plaisir intense par la stimulation des organes génitaux (seul·e ou avec un·e partenaire).
  • Insister sur le fait que le sexe ne doit pas faire mal (même si c’est la première fois).
  • Expliquer que le consentement est indispensable.

On peut également poser des questions à nos adolescent·e·s, par exemple :

  • Comment est-ce qu’une personne sait qu’elle se sent prête à commencer à avoir des relations sexuelles ? Et qu’est-ce qui peut contribuer à ce que ces rapports soient fun et sécuritaires ?

À ce sujet, on peut expliquer à notre jeune qu’un rapport fun et sécuritaire est possible quand :  

  • Les personnes sont consentantes et informées.
  • Les personnes savent comment se protéger des risques des Infections Transmissibles Sexuellement (ITS) et de grossesses éventuelles (comme où trouver des préservatifs, etc.)
  • Les personnes connaissent leur corps et ce qui leur apporte du plaisir.
  • Les personnes savent communiquer librement et ouvertement avec leur partenaire au sujet de ce qu’elles aiment et de ce qui leur donne du plaisir.
  • Les personnes s’assurent que le plaisir est partagé et que « oui, communiquer pendant un rapport ça n’a rien de gênant, au contraire, ça permet de s’assurer que tout le monde en profite ».

Ces conversations n’ont pas besoin d’être des conversations formelles où toute la famille est assise autour de la table en mode « on va parler de sexualité et plaisir » (malaise assuré 🫠). Profitons plutôt des occasions du quotidien, telles qu’une question de l’enfant, un article de magazine, une scène dans un film ou une série. Si les conversations avec les adolescent·e·s sur la sexualité sont parfois plus compliquées à commencer, on peut leur poser des questions en leur demandant leur avis « j’ai lu que l’âge moyen des premiers rapports sexuels était de 16 au Québec, penses-tu que c’est vrai ? ».

Alors, c’est parti, ramenons le plaisir au centre des conversations sur la sexualité !

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À propos de Tessy Vanderhaeghe

Rédactrice pigiste | Pronoms : elle/la | Mordue d’escalade, j’ai déménagé de ma Belgique natale pour m’installer à Squamish en Colombie-Britannique. Quand je ne suis pas accrochée aux murs, on me trouvera à brandir des pénis et vulves en peluche dans les salles de classe avec humour et bienveillance. Certifiée en tant qu’éducatrice en santé sexuelle, je crois en une éducation à la sexualité qui commence dès la petite enfance, et je suis là pour accompagner les éducateur·rices, les parents et les familles à lancer ces conversations sans tabou !

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