Pendant des siècles, la masturbation a été vue comme une pratique honteuse. Cette vision négative ne venait pas seulement des institutions religieuses, mais aussi des milieux médicaux et de la recherche, où elle était parfois considérée comme une pathologie ou une anomalie médicale.
Cette stigmatisation persiste encore aujourd’hui. La gêne autour de la masturbation vient beaucoup de notre perception adulte, qui associe la masturbation à l’excitation sexuelle. En réalité, pour les jeunes enfants, la masturbation est différente de celle des adultes et semble être principalement une technique d’apaisement, semblable à sucer son pouce, selon une publication de la National Library of Medicine. Elle les aide à se calmer et à s’endormir.
Notre génération de parents et d’adultes de confiance a le pouvoir de transformer ces perceptions négatives autour de la masturbation. En reconnaissant cette pratique comme un aspect normal du développement humain, on peut offrir des informations fiables et créer un environnement sécuritaire où les enfants peuvent poser des questions et découvrir leur propre corps sans tabou.
La masturbation à travers les âges
De 0 à 2 ans
Autour de 15 mois, on peut commencer à remarquer que les enfants explorent davantage leurs parties génitales, un comportement que l’on appelle parfois la masturbation infantile ou l’autostimulation. Ces comportements peuvent inclure de toucher ou de frotter ses parties génitales pour se détendre ou ressentir du plaisir (non sexuel).
C’est important de normaliser cette exploration en évitant de réagir de façon excessive. On va simplement rediriger le comportement en offrant une alternative qui peut continuer à fournir un geste tactile, comme une tétine, un hochet ou une peluche.
De 3 à 7 ans
À partir de cet âge, les enfants commencent à comprendre le concept d’intimité.
Comment réagir lorsqu’un·e jeune enfant est en train de toucher ses parties génitales ?
Normalisation : Lorsqu’un·e jeune enfant touche ses parties génitales, on réagit avec ouverture et sans jugement. On va normaliser la masturbation en utilisant les vrais termes pour nommer les parties du corps et en nommant les sensations de façon positive.
Explication du privé : On explique à l’enfant que, bien que ce soit naturel de découvrir son corps, ça doit se faire en privé. Par exemple, on peut dire : « Tu as remarqué que ça peut être agréable de toucher ton pénis. C’est normal de découvrir ton corps, mais tu peux le faire en privé dans ta chambre ou la salle de bain. »
Réorientation : Si l’enfant est en train de toucher ses parties génitales dans un lieu inapproprié, comme le salon alors que la famille est réunie, on redirige simplement l’attention de l’enfant vers une autre activité, comme jouer avec un jouet ou une peluche.
Cette approche permet de cadrer le comportement tout en construisant une compréhension saine et positive de son propre corps.
De 8 ans et plus
À l’approche de la puberté, généralement entre 8 et 14 ans, l’autostimulation évolue en une activité sexuelle plus consciente. Ce changement est dû à l’augmentation des hormones sexuelles, comme la testostérone et les œstrogènes, qui peuvent provoquer des pulsions sexuelles et des pensées érotiques. À ce stade, la masturbation devient un moyen pour les jeunes de découvrir leur sexualité et de comprendre ce qui leur procure du plaisir.
Les jeunes apprennent généralement que ces comportements doivent se faire dans un endroit privé, comme leur chambre ou la salle de bain. S’iels se masturbent dans un endroit non privé, on rappelle les règles autour des comportements sexuels, sans honte. On peut dire que c’est un comportement sain et normal, mais qu’il doit être pratiqué en privé pour respecter leur intimité et celle des autres.
Si on surprend le·a jeune alors qu’iel était isolé·e et qu’on est entré sans frapper, on referme la porte immédiatement. Une fois qu’iel ressort, on ouvre la conversation pour s’excuser d’avoir enfreint les règles d’intimité du foyer. On souligne aussi ici que c’est un comportement sain et que c’est notre responsabilité d’adultes de frapper avant d’entrer.
Parler du corps et normaliser le plaisir
Le tabou autour de la masturbation s’étend aussi aux tabous autour du corps, des parties génitales, et surtout, du plaisir ! L’accompagnement du développement des enfants doit comprendre des conversations autour du corps et de son fonctionnement. À travers nos discussions avec les enfants, on va prendre le temps de normaliser les réactions physiques telles que les érections, et reconnaître que les parties génitales sont sensibles et agréables au toucher (et que c’est normal, et ok !).
Normaliser les érections
On explique que les érections sont une réaction normale et automatique du corps. Elles peuvent se produire sans raison apparente et on n'en a pas toujours contrôle. On va aussi reconnaître que c’est frustrant quand notre corps fait quelque chose qu’on ne comprend pas ou qu’on n’a pas demandé, et que lorsque ça fruste l'enfant, iel peut prendre une grande respiration et attendre que ça passe.
Mettre le clitoris sur la carte
Lorsqu’on parle d’anatomie, le clitoris est souvent ignoré, alors que c’est un centre de terminaisons nerveuses unique dans le corps. On explique que toucher la vulve peut être agréable en raison des milliers de capteurs de plaisir du clitoris, tant internes qu’externes. On insiste à nouveau que c’est tout à fait normal que cela peut être agréable de toucher cette partie du corps, mais que cela se fait en privé.
Parler du reste du corps
D’ailleurs, il n’y a pas que les parties génitales qui sont sensibles aux touchers, l’entièreté de notre peau a des terminaisons nerveuses, et chaque personne apprécie certains touchers plus que d’autres. Par exemple, certaines personnes adorent les massages et d’autres pas, certaines veulent faire des câlins sans cesse et d’autres préfèrent leur espace.
C’est une bonne occasion pour parler de consentement et de limites, car si chaque personne est différente, c’est important de toujours demander la permission avant de toucher ou câliner une autre personne (même si ce sont nos ami·e·s ou un·e membre de notre famille).
La masturbation, c’est bon pour la santé !
C’est aussi bon de rappeler que la masturbation est non seulement saine, mais bonne pour la santé. La masturbation libère plein d’hormones agréables telles que l’endorphine, la dopamine et la sérotonine. Elle permet aussi de :
Réduire le stress : la masturbation peut aider à réduire le stress et à se détendre. C’est une manière pour les enfants de s’apaiser.
Explorer sa sexualité : à partir de la puberté, la masturbation est un moyen d’explorer sa sexualité et de découvrir ce qui procure du plaisir.
Comprendre son corps : la masturbation permet de mieux comprendre son propre corps, et aide à développer une image corporelle positive.
Répondre aux pulsions sexuelles : lors de la puberté, les pulsions sexuelles peuvent augmenter. La masturbation permet de gérer ces nouvelles sensations de manière saine et sécuritaire.
Pour les parents et adultes de confiance, c’est important de comprendre et d’aborder ces comportements avec empathie, sans jugement ni tabou. La curiosité et la découverte du corps font partie intégrante du développement de l’enfant. En réagissant de façon bienveillante, on leur offre un environnement sain où iels peuvent explorer leur corps tout en apprenant les limites.
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