Les relations saines dès la petite enfance

Partout autour de nous, les histoires d’amour occupent une place centrale. Que ce soit dans les films, les dessins animés ou les livres pour enfants, les récits romantiques façonnent notre vision des relations. Et si on en profitait pour parler à nos enfants de ce qui fait une relation saine ?

Car oui, dès l’enfance, les enfants s’imprègnent aussi de ce qu’iels voient autour d’elleux. Iels imitent les relations amoureuses en jouant aux parents et en inventant des scénarios dignes des plus grands téléromans avec leurs poupées et dinosaures en plastique. Tout ce qu’iels observent — dans la famille, à l’école ou à travers les médias — façonne leur vision des relations. C’est donc important de leur parler de la différence entre des relations saines et malsaines, comment les reconnaître et quoi faire si quelque chose ne va pas. Et cela ne concerne pas seulement les relations amoureuses éventuelles, mais aussi leurs amitiés et relations familiales.

Poser les bases des relations saines

Apprendre en observant

La façon dont on agit, les histoires qu’on leur lit et les dessins animés qu’iels regardent influencent leur compréhension des relations. On peut leur poser des questions simples pour les aider à réfléchir sur des situations qu’iels pourraient vivre :

• « Tu penses que ce personnage a bien réagi ? Que ferais-tu à sa place ? »
• « Que ferais-tu si quelqu’un était méchant avec toi ? »
• « Si un·e ami·e te disait quelque chose qui te rend triste, que pourrais-tu répondre ? »
  

Utiliser les jeux de rôle

En plus d’en parler, on peut les entraîner à réagir grâce à des jeux de rôle. Par exemple, on peut simuler une situation où un·e ami·e insiste pour jouer à un jeu que l’enfant ne veut pas. Ensemble, on peut trouver les mots pour refuser avec assurance : « Non, je n’ai pas envie, mais on peut trouver autre chose à faire. » 

Créer une « checklist » de bon·ne·s ami·e·s

Pour renforcer leur compréhension de ce qu’iels méritent dans une relation. C’est aussi une bonne idée de créer ensemble une liste des qualités qui font un·e bon·ne ami·e. Par exemple :

• Quelqu’un qui respecte mes limites.
• Quelqu’un de gentil
• Quelqu’un avec qui je me sens bien.
  

Apprendre à exprimer leurs émotions

Parfois, les enfants ne savent pas comment mettre des mots sur ce qu’iels ressentent. On peut leur montrer des exemples : « Tu as le droit de dire que ça t’a rendu triste quand ton ami·e a crié. ».

Reconnaître les signes qui ne vont pas

En plus de poser des bases saines, on veut leur donner des outils pour reconnaître ce qui ne va pas. Les comportements blessants ou irrespectueux, même subtils, ne doivent pas être normalisés. On peut leur expliquer, par exemple, qu’un·e ami·e qui insiste trop, qui les fait culpabiliser ou qui ne respecte pas leurs décisions ne se comporte pas correctement. Ces discussions les aident à identifier ce qu’on appelle les « drapeaux rouges ». 

Identifier les drapeaux rouges

Pour rendre ça ludique, on peut jouer à un jeu où iels lèvent un carton rouge ou vert selon les situations qu’on décrit :

• Rouge : « Ton ami·e insiste pour que tu joues et te fait culpabiliser. »
• Vert : « Ton ami·e accepte quand tu dis non à un jeu. »

Parler du consentement et des limites

On peut aussi renforcer l’idée que dire non est un droit. Refuser un câlin, ne pas prêter un jouet ou simplement vouloir faire une pause sont des décisions qu’iels peuvent prendre sans qu’on les fasse culpabiliser. C’est aussi important de leur apprendre à accepter que leurs ami·e·s disent non. On peut leur dire : « Parfois, un·e ami·e n’a pas envie de jouer, et c’est OK. On peut être déçu·e, mais on ne lui en veut pas. »

Créer un espace de confiance

Rappeler qu’iels peuvent toujours nous en parler si quelque chose ne va pas. On peut leur expliquer que : « Si quelque chose te dérange, tu peux toujours me le dire. Je suis là pour t’aider. »

Faire le lien avec les relations futures

Ces conversations ne concernent pas seulement les amitiés. Tous ces apprentissages — poser ses limites, respecter celles des autres, accepter un non sans insister — sont aussi les futures bases du consentement sexuel. Plus ces notions sont intégrées tôt, plus ce sera naturel pour elleux dans leurs futures relations intimes.

Déconstruire les messages des médias

Les médias envoient souvent des messages compliqués sur l’amour. On retrouve des idées comme :

« L’amour c’est passionnel. »

« Si quelqu’un t’embête, c’est qu’iel t’aime bien. »

« Le véritable amour doit être inconditionnel. »

Ces représentations méritent d’être déconstruites. On peut expliquer aux enfants qu’un comportement méchant n’est jamais une preuve d’amour ou d’affection.

On peut aussi aborder l’idée de l’amour inconditionnel, qui est souvent idéalisé dans les médias. Dans la vraie vie, les relations reposent sur le respect mutuel. C’est normal que l’amour ait des limites. Si une personne est méchant·e ou irrespectueux·se, on n’a pas à tout pardonner ou à tout accepter.

Préparer les premières relations amoureuses

Durant la préadolescence, les enfants commencent à vivre des amitiés plus intenses, des liens qui semblent incassables. Et pour certain·e·s, c’est aussi l’âge des premiers petits papillons dans le ventre. Peut-être même qu’iels ont déjà vécu des déceptions parce que leurs sentiments n’étaient pas partagés.

Ne pas minimiser

Ces situations, même si elles nous paraissent minimes, sont tout sauf insignifiantes à leurs yeux. Pour elleux, c’est du sérieux. Alors, évitons les classiques « Ce n’est rien, t’inquiète » ou « T’es trop jeune pour penser à ça ».

Expliquer les premiers sentiments amoureux

Ces premiers sentiments peuvent être à la fois excitants et un peu gênants ! On peut leur expliquer que ressentir de l’attirance ou avoir envie de se rapprocher de quelqu’un est tout à fait normal. Mais c’est aussi l’occasion de leur parler de ce que ça signifie de le faire de manière respectueuse. Par exemple, si iel veut offrir une carte ou un petit cadeau à un·e camarade qui lui plaît, on peut l’encourager tout en gardant les pieds sur terre : « C’est super cute que tu veuilles exprimer ce que tu ressens. Ce qui compte, c’est d’être toi-même et gentil·le, même si la personne ne ressent pas la même chose. »

Normaliser les sentiments non réciproques

C’est aussi à cet âge que les enfants peuvent vivre leurs premières déceptions. Une attirance ou une amitié peut ne pas être réciproque, et c’est une expérience parfois difficile à gérer. On peut leur expliquer que ce genre de situation est très courant et que cela n’a rien à voir avec leur valeur ou qui iels sont. On ne choisit pas de qui on tombe amoureux·se, et ce n’est jamais une question de mérite ou de défaut personnel.

Et si le·a jeune est complètement paniqué·e par ces nouvelles émotions, on peut le·a rassurer : « Oui, c’est un peu étrange au début, mais ça fait partie de grandir. Et c’est OK de découvrir ça à ton rythme. »

Finalement, parler d’amour et de relations avec nos enfants, c’est leur donner des outils pour naviguer dans ce tourbillon d’émotions. On n’a pas besoin de faire de grands discours, juste de créer des moments où iels sentent qu’iels peuvent poser leurs questions et partager ce qu’iels vivent. Que ce soit pour comprendre les bases d’une relation saine, apprendre à poser leurs limites ou gérer les premières déceptions, chaque petite conversation compte.

Et entre nous, si on peut en profiter pour casser quelques clichés sur l’amour passionnel et les attentes irréalistes, c’est encore mieux. Parce qu’au final, les relations, ça devrait toujours être une source de bien-être et non de stress — et ça, à tous les âges !