Dans le monde vibrant et coloré de la performance, le drag est bien plus qu’un simple spectacle. C’est un art qui mêle créativité, audace, humour et militantisme. Même s’il devient de plus en plus courant sur la scène populaire et dans les médias, les préjugés sont tenaces — et tu nous connais, on aime remettre les pendules à l’heure et élargir les horizons !
Notre collaborateur·rice Adam a eu la chance d’échanger avec Sisi Superstar, drag queen, DJ et hôte de soirées festives queer à Montréal. Tu la connais peut-être grâce à ses soirées Unikorn, tu l’as peut-être vue dans la saison 4 de Canada’s Drag Race ou tu t’apprêtes à la découvrir. À travers cette entrevue, elle nous ouvre les portes de son univers, partageant son parcours, ses luttes, et l’évolution de la scène drag à Montréal. On te raconte tout.
La naissance d’une Queen
Ça fait maintenant 10 ans que Sisi performe en tant que drag queen sur les scènes montréalaises, mais ça aura pris un certain temps avant d’avoir la version peaufinée de la reine comme on la connaît aujourd’hui.
Petit retour en arrière. Sisi est dans la mi-vingtaine. Elle fréquente la scène nocturne de Montréal et les clubs depuis déjà quelques années et éprouve le besoin de donner un sens à toutes ses nuits passées à faire la fête. « J’avais un peu besoin de trouver une vocation dans ce chaos de tout le temps sortir. »
Elle passe quelques années à perfectionner son maquillage, à réfléchir à l’identité de Sisi, aux chansons qu’elle souhaite interpréter. « Je voulais vraiment travailler sur mon personnage, sur mon character, avant de me [lancer] sur scène », explique-t-elle. « Je trouve que c’est important de laisser mariner ces idées-là un peu. »
Avec le temps, elle apprend à surmonter son anxiété jusqu’alors écrasante, à se redécouvrir à travers ses transformations, à monter sur scène, et à embrasser pleinement son identité.
« Ça m’a vraiment ouvert les yeux sur beaucoup de trucs. J’étais déjà très ouvert, même avant de faire du drag. J’étais quelqu’un qui aimait ça miss-match et ne pas nécessairement suivre les codes de la société en général. Mais je pense que le drag a encore plus poussé ça. J’allais magasiner pour Sisi et Simon en même temps et je me rendais compte que c’était la même personne. Je me rendais compte que tu peux avoir des goûts féminins, masculins qui [s’entremêlent] et [le drag] a un peu brisé cette barrière-là. »
La scène drag à Montréal
Mais à Montréal, les espaces pour performer étaient limités. « Si tu es nouvelle, tu prends un peu le bord, ou il faut vraiment que tu montes les échelons et c’est très long », raconte-t-elle.
C’est d’ailleurs ce qui l’a inspirée à créer ses propres événements, les partys Unikorn, des soirées alternatives offrant une plateforme à des artistes émergent·e·s.
« Je trouve que c’est important dans la communauté queer d’essayer des trucs. C’est pour ça que j’ai commencé à faire Unikorn. C’était pour me donner une place à la table, mais c’était aussi pour donner le spotlight à d’autres personnes. […] Je voulais vraiment faire un party où les gens peuvent expérimenter avec leur fashion, leur genre, leur sexualité… Je voulais vraiment que ce soit un espace libre et safe. »
Bien que la scène soit devenue plus mainstream, avec plus de personnes essayant le drag, Sisi rappelle que la persévérance et le travail acharné sont essentiels pour réussir. « C’est beaucoup de travail, c’est beaucoup de persévérance, c’est beaucoup d’argent, donc il y a beaucoup de monde qui essaye, mais il n’y a pas tant plus de monde qui a des carrières en drag. »
Elle note aussi que si la représentation des drag queens s’améliore dans les médias, il reste encore beaucoup de chemin à faire : « j’ai déjà entendu du monde qui dise, “ah, faut tout le temps qu’il y en ait une, faut tout le temps qu’ils mettent une drag queen [à la télé].” Mais ça fait quoi, même s’il y en avait deux drags à la télé ? »
Combattre les préjugés
Certaines idées fausses persistent autour du drag. Pour Sisi, il est crucial de déconstruire ces stéréotypes et de défendre cet art comme un espace inclusif et bienveillant pour tous·tes. Parce qu’au final, comme elle le dit si bien, le drag, « c’est du théâtre, tout simplement. C’est du théâtre fierce, c’est du théâtre extrême, c’est du théâtre de l’amour, c’est du théâtre pour tous les âges. »
Parce que oui, à l’image des films avec leurs différents niveaux de censure (PG, PG 13, etc.), le drag s’adapte à tous les publics et trouve sa place aussi bien dans les bars que dans les festivals, à la télé ou dans les bibliothèques.
Pourtant, un des aspects les moins bien compris de cet art est la stigmatisation selon laquelle il serait inapproprié pour les enfants. On pense notamment à L’heure du conte avec Barbada qui a soulevé une polémique au Québec alors que dans les faits, on proposait aux enfants de venir accompagné·e·s de leurs parents pour qu’une personne costumée leur lise une histoire. (On te suggère d’ailleurs de visionner le très pertinent reportage de Rad sur cet enjeu précis.)
Un art politique
À travers les costumes flamboyants et les performances extravagantes, le drag est un outil puissant pour défier les normes et promouvoir l’inclusivité et l’expression de soi. « Quand t’es drag, t’as un message aussi. C’est très politique, c’est très chargé », rappelle Sisi.
Le drag nous montre qu’on peut rêver plus grand que nature, qu’on peut oser défier les normes et avoir l’audace de se définir soi-même, d’être libre d’être qui on veut. (Ne veut-on pas que nos enfants grandissent avec l’espoir que tout est possible ?)
Bref, le drag, c’est bien plus qu’un simple spectacle, c’est une invitation à embrasser pleinement qui on est, sans compromis. Grâce à des artistes comme Sisi Superstar, cet art continue de surprendre, d’éveiller les consciences et de repousser les limites du possible. On termine sur un sage conseil de la queen : « vivre et laisser vivre. »
Pour plus de contenu avec Sisi, c’est par ici !
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