TA : mention de culture du viol, de violence sexuelle et d’agression sexuelle. Exemples de revictimisation, de normalisation, de banalisation et de justification de violence sexuelle.

Tu mourrais d’envie d’une bonne douche froide? Tu es à la bonne place. Ici, on t’explique pourquoi et comment la culture du viol est omniprésente un peu partout à travers le globe. On te propose aussi des trucs pour te mettre dans l’action et démanteler la culture du viol dans ton quotidien. Prêts pas prêtes… j’y vais!

« La culture du viol est l’environnement social qui permet de normaliser et de justifier la violence sexuelle, alimentée par les inégalités persistantes entre les sexes et les attitudes à leur égard. » (UN WOMEN, 2019)

En théorie, tout le monde est contre le viol, et tout le monde est du bord des victimes. Mais notre cerveau rationnel veut continuer de croire que le viol, c’est un événement rare qui survient dans les rues mal famées à 4 h du matin. Dans la croyance populaire, l’agresseur est un inconnu complètement désaxé qui surgit de nulle part. Pourtant, 80 % des agresseurs sont connus de la victime et ne présentent aucun problème de santé mentale (RQCALACS).

S’imaginer que ça pourrait être plus « près » de nous, et que ça serait même ancré dans notre « culture », c’est très (voir trop) confrontant au plan humain. C’est plus facile et plus rassurant de trouver des explications « rationnelles » à des événements aussi « irrationnels ».

On aimerait te dire le contraire, mais la réalité, c’est que les agressions sexuelles sont fréquentes. Une femme sur trois et un homme sur six subirait au moins une agression sexuelle au cours de sa vie (RQCALACS). C’est énorme. Il faut d’abord reconnaître le problème pour mieux le comprendre. On va donc non seulement décortiquer c’est quoi ça, la culture du viol et ce qui y contribue, mais aussi pourquoi c’est étroitement lié à l’inégalité des genres.

1. La normalisation et la justification de la violence sexuelle

Ça, c’est quand tu entends des trucs du genre « un homme a des besoins », « c’était une erreur de jeunesse » ou encore, « on ne peut quand même pas détruire sa carrière pour ça ». Ce sont des répliques qui viennent justifier la présence de comportements problématiques et les excuser à la fois. Ça diminue la gravité des gestes posés et donc, les banalise. Ça sous-entend qu’il y a de bonnes raisons pour violer quelqu’un… alors qu’il n’y en a aucune. 

Faire référence à la carrière d’un agresseur invisibilise le vécu des victimes et envoie le message que sa profession est plus importante que la sécurité et l’intégrité de ces dernières. À mon sens, ce genre de réflexions hiérarchisent les besoins des individus et donc leur propre existence en situant les hommes au-dessus des femmes. Le message que ça renvoie est que la vie d’un homme prime sur celle d’une femme. 

Pourquoi je me permets de dire les hommes et les femmes alors qu’on parle d’agresseurs et de victimes ? Parce que les statistiques parlent d’elles-mêmes. En un clic, on trouve rapidement sur le site du regroupement québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel que 96,8 % des agresseurs sont des hommes et que 78,1 % des victimes sont des femmes (RQCALACS). Surprise : l’inégalité des genres n’est pas un mythe.

Quand on parle de « justification des violences sexuelles », c’est aussi lorsque les gens tentent de rejeter la faute sur la victime. Par exemple, en s’interrogeant sur son habillement, ses consommations, sa gestion de risque, son attitude, son manque de clarté, etc. Le fait de soulever ces questionnements insinue que la victime est responsable de sa propre agression. Ça sous-entend que si elle avait agi autrement, elle aurait pu éviter l’agression. Toute la responsabilité est rejetée sur la victime et non sur l’agresseur. Comme si ce n’était pas déjà suffisamment éprouvant de vivre avec ce traumatisme le restant de ses jours. La seule raison qui explique qu’une agression ait lieu, c’est la présence d’un agresseur. Le seul responsable de l’agression, c’est l’agresseur. 

2. La banalisation de la violence sexuelle

Quand on parle de banalisation, on fait notamment référence aux blagues sur le viol ou toutes autres violences sexuelles. Se claquer une bonne rigolade sur le viol, ça n’a jamais et en aucun cas sa place. Si tu es témoin d’une de cesdites blagues et que tu ris ou que tu ne dis rien… tu contribues à la culture du viol. C’est plate, mais c’est ça. 

Si tu veux démanteler cette culture basée sur les inégalités et la prise de pouvoir, on doit sentir qu’en ta présence, ça ne passe pas et ne passera jamais. Même si c’est inconfortable de confronter tes proches, c’est quand même par là que ça doit commencer. 

La banalisation, ça se fait aussi par les commentaires que l’on passe en société par rapport aux violences à caractère sexuel. Par exemple, dire que « ce n’est pas si pire que ça, il ne t’a pas violée quand même… c’était juste des attouchements ». Premièrement, ce ne sont pas « juste » des attouchements. C’est un acte criminel. Deuxièmement, on ne peut pas associer la détresse psychologique que vivra une survivante en fonction du type d’agression vécue. Une personne peut vivre un choc post-traumatique après avoir vécu du harcèlement au travail, alors qu’une personne ayant eu des rapports sexuels contre son gré dans sa vie personnelle peut vivre des conséquences moindres sur son fonctionnement général. C’est davantage la perception de la situation traumatique vécue par l’individu qui influence les réactions physiologiques qu’il vivra. Toutes sortes de facteurs tant externes qu’internes entrent en interaction et nous empêchent de prévoir, hors de tout doute, la gravité de la détresse psychologique d’une victime. C’est donc totalement inapproprié de banaliser les violences sexuelles, en tout temps.

3. Le patriarcat

S’il y a quelque chose qu’on sait qu’on déteste, c’est ben ça. En résumé, le patriarcat est un système où ce sont les hommes qui ont le pouvoir. C’est une forme de domination masculine et par le fait même, d’oppression des femmes. La meilleure expression pour résumer ce grand concept est selon moi « it’s a man’s world », de James Brown. 

Le patriarcat est lié à l’inégalité des genres, car il instaure ou maintient une dynamique d’oppression dans laquelle les femmes sont plus vulnérables que les hommes. 

Les femmes sont victimes de multiples types de violence à travers le monde, depuis toujours. Ne prenons que l’élection passée de Donald Trump comme symbole criant de la violence faite aux femmes. L’homme qui était jadis le plus puissant au monde était la cible de nombreuses allégations d’agression sexuelle (loin d’être secrètes) et pourtant, le peuple l’a élu. C’est un bel (ou écœurant) exemple de l’omniprésence de la misogynie et de la banalisation des violences sexuelles faites aux femmes. Quand même le président des États-Unis peut agresser à plusieurs reprises sans perdre ses pouvoirs… on comprend que le viol n’est pas si grave que ça au final. Les femmes ne sont que des objets que les hommes peuvent briser sans remords… un monde d’hommes pensé pour et par des hommes !

4. La remise en question du vécu d’une victime

On jase là, mais ça te tente pas de remettre en question l’innocence de l’agresseur à la place ? OK, je sais que notre système judiciaire ne fonctionne pas comme ça, mais le discours populaire est tout de même dirigé vers « croire ou ne pas croire » la victime. La survivante doit prouver hors de tout doute raisonnable que oui, elle a bel et bien été agressée. On l’oblige à se repositionner constamment en victime. Ça s’appelle la revictimisation et malheureusement, le processus de porter plainte à la suite d’une agression sexuelle ne fait qu’accentuer cette revictimisation. Remettre en question la véracité d’un dévoilement d’agression sexuelle est excessivement violent. Surtout sachant que le taux de fausses plaintes en matière d’agression sexuelle n’est pas plus élevé que pour d’autres crimes, et oscille entre 2 % et 8 % (La Presse, 2017). C’est complètement insensible de sous-entendre qu’une victime puisse mentir… mais c’est pourtant très répandu. Encore une fois, on remet en doute la parole des femmes. On revient au galop à l’inégalité des genres. 

5. La dénaturation du viol

Quand on remet en question comment la victime est habillée, ce qu’elle a fait, ce qu’elle a dit, etc., on remet non seulement sur la victime la responsabilité de changer ses comportements pour veiller à sa « sécurité », mais c’est aussi de mal comprendre la nature du viol. 

« On dénature le viol en présupposant qu’il résulte d’une attraction sexuelle. Le viol ne résulte pas du désir sexuel, mais du désir de contrôle. […] Les agressions sexuelles n’ont rien à voir avec le physique de la victime. Saviez-vous que des hommes gais agressent aussi des femmes ? Ne pas être attirés sexuellement par celles-ci ne les empêche pas d’user de leurs privilèges masculins et de commettre des violences misogynes. Le viol n’est pas le crime de ceux qui aiment les femmes. C’est le crime de ceux qui n’aiment pas les femmes. » (La fabrique du viol, Suzanne Zaccour, 2019). 

Ce n’est donc pas une question d’attirance, mais de pouvoir et de prise de contrôle. C’est un acte de violence et non de passion. C’est pas pour rien que tout au long de l’histoire, le viol a toujours représenté une arme de guerre et d’oppression.

Comment démanteler la culture du viol

On te laisse sur quelques actions à prendre pour faire ta part, mieux comprendre le consentement et aider à démanteler la culture du viol dans ton quotidien. Swipe !

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À propos de Anne

Collaboratrice | Pronoms : elle/la | Avec 8 ans d’étude dans le domaine de la psychologie à mon actif et une maîtrise en psychoéducation en voie d’obtention, tu comprendras que je suis passionnée par les relations interpersonnelles. Mon autre passe-temps : chialer sur le patriarcat. La féministe intersectionnelle qui sommeille en moi n’est jamais bien loin (OK, la vérité c’est qu’elle ne sommeille pas pantoute). Depuis que je suis devenue maman, mon militantisme féministe a pris tout son sens. Ici, j’espère arriver à vulgariser des concepts, à ouvrir la discussion sur différents enjeux, à te faire rire et idéalement, à te faire réfléchir. Il y a de fortes probabilités qu’à travers ça, je me gâte avec 2-3 petites craques passives agressives… question d’avoir just a little fun 😉  !

2 thoughts on “5 faits qui contribuent à la culture du viol

  1. Nini dit :

    … Un monde d’hommes conçu pour et par les hommes – Eh bien, madame, les vrais hommes (je veux écrire hommes, parce que les autres sont des hommes) ne font pas une chose pareille ; qu’ils soient présidents ou non. Les hommes séduisent, persuadent, .., mais ne se tordent pas les mains dans le dos et ne portent pas temporairement la position dominante qu’ils ont. Pour la force et la consommation d’énergie, les hommes jouent au rugby (pas au football). Un homme doit apporter la paix, la tranquillité et la sécurité ; et généralement en présence de quelques femmes.
    Le viol est un acte sexuel commis avec violence et sans le consentement du ou des autres partenaires. J’ajouterais aussi 6) le silence ou la passivité de la société, qui encourage à la fois les victimes et les juges à ne pas punir, ni libérer les agresseurs. Le passage à la société moderne, à partir de la société médiévale, a imposé de nouvelles règles sociétales et une structure différente (avec des variations, d’un pays à l’autre). Ils ont tous dans leur habitude le silence, l’agitation… qui conduisent à l’encouragement.

  2. Marielle dit :

    Merci! Bien construit, clair. Vraiment informatif. Un article tellement important.

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