Dans un monde où l’information est à portée de main, mais souvent déformée ou incomplète, il devient crucial pour les parents d’aborder le sujet de la sexualité avec leur ado. Cette conversation, bien que potentiellement délicate, est essentielle pour assurer le bien-être et le développement de nos jeunes.

L’adolescence est une période de découverte et de questionnement, où les changements physiques et émotionnels peuvent amener de la curiosité et de la confusion. En tant que parent ou adulte de confiance, on est idéalement placé·e pour guider notre jeune à travers ces changements.

Aborder la sexualité avec son ado n’est pas seulement une question d’information ; c’est aussi une opportunité de renforcer la confiance et la complicité. Alors, prenons une grande inspiration et plongeons ensemble dans ce guide pour « en parler » avec sérénité et assurance.

Comment se lancer dans « la conversation » 

Lorsqu’on parle d’éducation à la sexualité en famille, on pense souvent à « la conversation ». Comme si tout ce qui touche à la sexualité humaine pouvait se résumer en UNE seule grande conversation entre un parent et son ado.

Rassurons-nous, on n’a pas besoin de se préparer pour LA conversation, mais plutôt de créer et d’engager des centaines de petites discussions tout au long de leur développement.

💡 Plutôt qu’une conversation de 100 minutes, essayons d’avoir 100 conversations d’une minute.

Préparer le terrain

Il sera beaucoup plus difficile d’initier ces conversations avec notre ado si la sexualité n’a jamais été abordée avant. Plus on commence tôt à initier des conversations en lien avec le consentement, la reproduction, ou ce qui se passe pendant la puberté, plus il sera facile de continuer ces conversations à l’adolescence.

Si le sujet n’a jamais vraiment été abordé durant l’enfance, pas de panique, l’honnêteté est un aspect essentiel d’une éducation à la sexualité positive et sans tabou. On peut expliquer à notre jeune que, c’est vrai qu’on n’a pas trop parlé de ça avant, peut-être parce qu’on ne savait pas vraiment comment s’y prendre ou parce que c’était un peu un tabou chez nous aussi. Mais maintenant, on veut changer les choses et commencer à en parler plus souvent en famille.

Astuces pour initier les conversations de manière naturelle et sans jugement.

Saisir les opportunités du quotidien

Parfois, une scène dans une série, une chanson, ou même une situation dans la vie réelle peut être un bon prétexte pour lancer le sujet. « T’as vu ce qui s’est passé dans cet épisode ? Qu’est-ce que t’en penses ? » 

Poser des questions ouvertes et indirectes

Au lieu de poser des questions directes qui peuvent sembler intrusives, opte pour des questions ouvertes qui invitent à la réflexion. Par exemple, au lieu de demander directement à l’ado ce qu’iel pense de la pornographie, tu pourrais dire : « J’ai lu que l’âge moyen de la première exposition à la pornographie est de 11 ans, ça me semble incroyable. Tu crois que c’est vrai ? ». Ça permet d’engager la conversation sans mettre de pression.

Privilégier les moments informels

Choisis des instants du quotidien pour parler de sexualité. Par exemple, une discussion décontractée dans la voiture ou pendant que vous cuisinez ensemble peut être moins intimidante que des conversations formelles, assis·es autour d’une table. Ces moments informels rendent l’échange plus naturel et moins sérieux.

Respecter son espace personnel tout en restant accessible

Fais savoir à ton ado que tu respectes son intimité et que tu es disponible pour discuter quand il, elle ou iel en ressent le besoin. Cela aide à établir un climat de confiance et de sécurité, propice à des conversations honnêtes et ouvertes.

Les points clés à aborder

L’importance du consentement

Explique les bases fondamentales du consentement :

  • On ne doit jamais se sentir forcé·e ou piégé·e dans une situation où on a l’impression de ne pas avoir le choix, que ce soit à cause de pression, d’influence, ou de chantage.
  • Donner son consentement pour un acte sexuel ne veut pas dire qu’on est d’accord pour tout. Le consentement, c’est quelque chose dont on discute à chaque étape d’une relation intime.
  • Si on a envie de dire stop, même en plein milieu, parce qu’on ne se sent plus à l’aise ou pour n’importe quelle autre raison, c’est notre droit. On peut changer d’avis à tout moment.
  • Et n’oublions pas, le consentement, ça va dans les deux sens : ça concerne autant nos propres choix que ceux de notre partenaire.

La diversité des orientations sexuelles et des identités de genre

À l’adolescence, les jeunes commencent souvent à ressentir des attirances romantiques et sexuelles. Dans nos discussions avec elleux, il est crucial d’adopter une approche inclusive. On va éviter de supposer automatiquement qu’iels sont attiré·e·s par des personnes d’un genre différent du leur.

De plus, les jeunes sont de plus en plus informé·e·s quant à la diversité sexuelle et de genre, souvent plus que les adultes qui les entourent. C’est l’occasion parfaite pour apprendre d’elleux. On peut leur poser des questions et entamer des discussions sur les différentes identités de genre ou orientations, comprendre certains termes, ou parler des stéréotypes de genre qu’on retrouve parfois dans des lieux comme la cour de récréation. C’est un échange qui peut être vraiment enrichissant.

La contraception et la prévention des Infections Transmissibles Sexuellement et par le Sang (ITSS)

On prend le temps de se renseigner et d’aborder le sujet des ITSS. Le premier vaccin contre le VPH — qui est disponible en 4e année du primaire ou 3e année du secondaire au Québec — peut être le moment parfait pour en parler. On peut discuter de comment elles se transmettent, pourquoi certaines ont un vaccin et d’autres non. C’est aussi l’occasion de discuter des différentes méthodes de protection et de contraception, que ce soit pour éviter les ITSS ou les grossesses non désirées.

Ressources et protections à portée de main

Au-delà de la théorie, il est essentiel de fournir à nos jeunes les ressources concrètes dont iels pourraient avoir besoin. Lorsqu’on aborde le sujet des différents types de condoms, on peut proposer à notre ado (peu importe son genre) d’aller en acheter ensemble ou de lui permettre de le faire seul·e. L’important est de les garder dans un endroit accessible, mais discret de la maison, comme dans sa chambre. L’objectif est de s’assurer que notre jeune se sente libre d’accéder à ce dont iel a besoin, sans aucune barrière physique ou mentale.

De plus, si cela est pertinent pour notre ado, on peut envisager de consulter ensemble un·e professionnel·le de santé pour discuter des options de contraceptifs hormonaux. Cette démarche montre notre soutien et notre volonté d’accompagner notre jeune dans ses choix de santé sexuelle.

Enfin, offrir à nos ados des ressources éducatives fiables est crucial. Ça peut être des sites web recommandés, des livres ou des brochures qui fournissent des informations claires et précises sur la sexualité. C’est une manière de les aider à s’informer et à comprendre les différents aspects de la sexualité, de la santé sexuelle, et des relations.

En voici quelques-unes :

  • Sexfluent.ca → Un guide interactif et informatif pour les jeunes sur la santé sexuelle, couvrant des sujets allant de l’orientation sexuelle à la prévention des ITSS.
  • Sexplique.org → Une ressource complète offrant des articles et des outils éducatifs sur la sexualité, dans un cadre inclusif et respectueux.
  • Tout nu ! Le dictionnaire bienveillant de la sexualité par Myriam Daguzan Bernier → Un dictionnaire illustré et accessible pour les jeunes, abordant de manière claire et respectueuse une variété de sujets liés à la sexualité.
  • #adosexo : le guide d’éducation sexuelle de référence ! par Camille Aumont Carnel → Un guide complet et engageant pour les adolescent·e·s, traitant de tous les aspects de l’éducation sexuelle, de la santé sexuelle aux relations amoureuses.

Être à l’écoute

Aborder la sexualité avec nos ados est bien plus qu’une simple conversation ; c’est un parcours continu d’éducation, de soutien et de confiance. En tant que parents, notre rôle est de guider, d’informer et de soutenir nos jeunes dans cette étape cruciale de leur vie. En leur fournissant les ressources nécessaires, en discutant ouvertement des options de protection et de contraception, et en créant un environnement où iels se sentent en sécurité pour poser des questions et exprimer leurs besoins, on les aide à faire des choix éclairés et responsables.

Rappelons-nous que chaque jeune est unique, et que nos approches doivent être adaptées à leurs besoins individuels. En restant accessibles, empathiques et informé·e·s, on peut aider nos ados à naviguer dans le monde complexe de la sexualité avec assurance et sérénité.

Pour aller plus loin 

On SEXplique ça par Annabelle Gauthier, Isabelle Arcoite et Laurence Desjardins → Guide parental inclusif sur la sexualité adolescente, offrant conseils pratiques et approche ouverte.

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À propos de Tessy Vanderhaeghe

Rédactrice pigiste | Pronoms : elle/la | Mordue d’escalade, j’ai déménagé de ma Belgique natale pour m’installer à Squamish en Colombie-Britannique. Quand je ne suis pas accrochée aux murs, on me trouvera à brandir des pénis et vulves en peluche dans les salles de classe avec humour et bienveillance. Certifiée en tant qu’éducatrice en santé sexuelle, je crois en une éducation à la sexualité qui commence dès la petite enfance, et je suis là pour accompagner les éducateur·rices, les parents et les familles à lancer ces conversations sans tabou !

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