En tant qu’adultes, on a tendance à concevoir la sexualité principalement sous l’angle du sexe, mais celle-ci comprend bien plus que les rapports sexuels. La sexualité inclut l’identité, l’intimité, la santé sexuelle, la reproduction, les parties génitales et bien d’autres choses encore. Dès la petite enfance, l’enfant découvre et explore ses parties génitales ainsi que le plaisir associé au toucher. La sexualité fait partie de chaque être humain depuis sa naissance et elle évolue tout au long de sa vie.

Pourquoi parler de sexualité aux enfants ?

Voici quelques raisons pour lesquelles il est essentiel de commencer les conversations au sujet de la sexualité avec les enfants dès le plus jeune âge :

Droits de l’enfant

Les enfants ont le droit d’avoir accès à tous les outils nécessaires pour savoir comment fonctionne leur corps, comment en prendre soin et comment le protéger contre toutes les formes de violence. Ça inclut un accès aux connaissances sur leur système sexuel et reproducteur, ainsi que de savoir reconnaître les différences entre les touchers appropriés et inappropriés.

Prévention des abus

Un élément important de l’éducation sexuelle dès la petite enfance repose sur la prévention des abus sexuels des enfants. Par exemple, en leur enseignant les vrais mots pour désigner leurs parties génitales ainsi que la notion que leurs « parties privées » n’appartiennent qu’à eux, les enfants pourront, plus facilement, demander de l’aide à un·e adulte de confiance et signaler des douleurs ou des abus s’iels en sont victimes.⁠

En parler avant que les autres (et internet) ne s’en chargent

Les enfants sont des êtres curieux et veulent comprendre comment fonctionnent leur corps et le monde qui les entoure. En introduisant les premières conversations à la maison, on garde le contrôle sur la qualité des informations qu’iels reçoivent. Ça permet également de les outiller afin de garder un esprit critique sur les informations auxquelles iels seront exposé·e·s.

Devenir l’adulte de référence de son enfant

Un·e enfant qui grandit dans un foyer dans lequel les conversations sur la sexualité sont normalisées comprend que la maison est un espace bienveillant et sécuritaire pour poser ses questions sur le sujet. De plus, ça permet de devenir une source d’information en laquelle l’enfant peut avoir confiance pour répondre à ses questionnements sur la sexualité tout au long de sa vie (youpi !).

L’éducation sexuelle positive à la maison, par où on commence ?

Ok Tess, je suis d’accord que l’éducation sexuelle est un pilier important de l’éducation, mais personne ne m’en a jamais parlé en grandissant, alors, je commence où ?!

Je comprends, une grande partie d’entre nous a grandi sans exemple de conversations saines et positives autour de la sexualité, et il est souvent difficile de savoir comment aborder ces conversations avec les enfants. Quand on a l’impression de partir de zéro, par où peut-on commencer pour construire une éducation sexuelle positive et bienveillante avec nos enfants sans éprouver un sentiment de gêne extrême ?

Commencer tôt, si possible

Il est tout à fait normal d’être mal à l’aise au début et de ne pas savoir par où commencer, mais plus les conversations sur la sexualité avec les enfants sont normalisées tôt, plus il sera facile de bâtir sur les connaissances développées au fur et à mesure. De plus, lorsque la sexualité est abordée dès la petite enfance, on commence par les sujets et les questions les plus faciles !

Utiliser les vrais mots

Même s’ils peuvent sembler étranges dans notre bouche au début, prendre l’habitude d’utiliser les vrais termes pour parler de toutes les parties du corps dès le début est important ! Les mots tels que pénis, vulve, vagin, anus, testicules, ou seins ne sont pas uniquement réservés aux adultes et n’ont rien de sexuel ; ils décrivent simplement des organes du corps. Par exemple, le moment du bain, du changement de couche ou de l’habillement sont des occasions parfaites pour identifier les parties génitales avec les bons termes. Plus ces mots seront répétés régulièrement, plus il sera naturel de les prononcer et plus ils seront facilement intégrés dans le vocabulaire de l’enfant.

Astuce : Si ces mots restent difficiles à utiliser, entraîne-toi devant le miroir ou en voiture. C’est un petit peu comme ton nouveau mantra du matin « pénis, vulve, clitoris, vagin, anus » !

Offrir des réponses à toutes les questions

Parce que certaines questions peuvent nous surprendre, ou qu’elles n’arrivent pas toujours au meilleur moment (ex. : « Maman ? C’est quoi un condom ? » quand on est à la caisse du supermarché…), on n’a pas toujours la réponse appropriée pour répondre à la curiosité des enfants. ⁠⁠Si la réponse nous échappe, on peut prendre le temps d’y réfléchir en disant à l’enfant :⁠

« C’est une très bonne question, est-ce qu’on peut en discuter plus tard ? », ou bien :

« Laisse-moi y réfléchir, c’est une très bonne question. Je t’en reparlerai, d’accord ? ». Une fois que l’on a eu le temps d’y réfléchir, on retourne vers l’enfant pour répondre à sa question et en discuter.

Lorsqu’on répond à la question de l’enfant, il est préférable de garder un ton neutre et calme, comme on le ferait pour n’importe quelles autres interrogations. On peut également s’orienter en demandant à l’enfant ce qu’iel connaît déjà à propos du sujet — ça permet d’offrir une réponse qui correspond le mieux au développement psychosexuel de l’enfant.

Profiter des opportunités du quotidien

Une scène à la télé, des paroles suggestives d’une chanson, une publicité sexiste, un comportement inapproprié ? Plutôt que d’ignorer ces situations par gêne ou malaise, on peut voir ces moments comme des occasions parfaites pour parler de prévention, de sexualité et de relations. 

Par exemple, si l’on surprend des enfants à « jouer au docteur » ou à comparer leurs parties génitales, on peut en profiter pour parler de consentement et de parties privées (ex. : « ton corps est à toi et tu es la seule personne qui a le droit de toucher ces parties privées, c’est normal d’être curieux·se, veux-tu qu’on regarde un livre ensemble pour comprendre comment fonctionnent les différents corps ? »). Ou encore, lorsqu’une scène « chaude » apparaît dans un film ou à la télévision, plutôt que de regarder ailleurs, on peut expliquer à l’enfant (selon son âge et les conversations qu’on a eues précédemment) ce qui se passe à l’écran. Par exemple : « quand les personnes sont adultes, beaucoup d’entre eux aiment découvrir le corps d’une autre personne, car ça leur donne du plaisir. C’est seulement pour les personnes adultes, entre personnes adultes, et les deux personnes doivent être d’accord. »

Privilégier l’honnêteté

Enfin, pas de panique, il n’est jamais trop tard pour commencer l’éducation sexuelle à la maison. Si on souhaite commencer à discuter de sexualité en famille alors qu’on ne l’a jamais vraiment abordé auparavant, l’honnêteté est notre alliée. Par exemple, on peut expliquer à l’enfant que « J’aurai dû commencer à te parler de ça plus tôt, car je pense que c’est important, mais c’est difficile pour moi, étant donné que ces sujets n’étaient pas abordés par ma famille quand j’étais petit·e. J’aimerais que les choses soient différentes entre nous. Voici ce que je pense que tu devrais savoir… »

La sexualité est un sujet complexe, qui est plus ou moins difficile à aborder selon notre histoire, nos expériences et le milieu dans lequel nous avons grandi. Donne-toi de l’amour et de la compassion, et n’hésite pas à utiliser les outils et les ressources disponibles pour t’accompagner et te soutenir dans ce voyage !

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À propos de Tessy Vanderhaeghe

Rédactrice pigiste | Pronoms : elle/la | Mordue d’escalade, j’ai déménagé de ma Belgique natale pour m’installer à Squamish en Colombie-Britannique. Quand je ne suis pas accrochée aux murs, on me trouvera à brandir des pénis et vulves en peluche dans les salles de classe avec humour et bienveillance. Certifiée en tant qu’éducatrice en santé sexuelle, je crois en une éducation à la sexualité qui commence dès la petite enfance, et je suis là pour accompagner les éducateur·rices, les parents et les familles à lancer ces conversations sans tabou !

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