Il y a quelques mois, je me suis séparée. Une relation de près de 7 ans, qui s’est échelonnée durant la majeure partie de ma vingtaine. Pour te donner une idée, quand ma relation a commencé, Marie-Mai et Fred St-Gelais se séparaient et P.K. Subban quittait le Canadien de Montréal. On dirait que ça fait trois décennies et ça donne des frissons. Étant en couple pratiquement toute ma vingtaine, je ne savais pas du tout ce qu’était le monde du dating, surtout pas à 28 ans. Ça serait un euphémisme de dire que je suis tombée dans le néant. Après en avoir vécu des vertes et des pas mûres, je voulais prendre le temps de t’écrire un petit guide-témoignage de survie (de ma perspective de femme cis cherchant une relation monogame) pour toi qui vient de joindre les rangs des célibataires ou qui l’est depuis longtemps et qui a envie de trouver quelqu’un — mais qui se sent tout autant perdu·e que Bambi devant les phares d’un Ford escape sur une petite rue de Précieux Sang (oui, oui. Ça existe). En espérant que tu t’y retrouves un peu, ou que tu en tires au moins quelques gloussements.

Assieds-toi confortablement et reste avec moi pendant quelques minutes, le temps que je te raconte les étapes par lesquelles je suis passée. Mais avant toute chose, laisse-moi te définir certains concepts qui m’auraient été très bénéfiques de connaître avant de me lancer dans cette course contre la montre. 

Petit glossaire du dating

Ghosting

Un phénomène qui décrit que tu as plus de chance de rentrer en communication avec la personne d’intérêt durant une séance de Ouija que par téléphone, parce que cette dernière a cessé de répondre à tes textos, tes DMs, tes appels et fait semblant de ne pas te reconnaître dans la rue. Elle a tout simplement cessé d’exister. 

Talking stage

Tu as eu un meet cute avec une personne de ton goût ? Un match sur Tinder ? Bienvenue dans le talking stage : l’étape de la discussion. C’est durant ce moment que vous vous écrivez sans arrêt et que la Terre cesse de tourner quand la personne vient de répondre à ton DM ou a vu ta story sur Instagram. Vous apprenez à vous connaître, mais sans que ce soit exclusif. Tu peux donc te retrouver dans le talking stage avec plusieurs personnes en même temps. 

Situationship

Eh lala. On rentre maintenant dans le plus rough. T’sais la belle zone grise, durant laquelle vous vous datez, vous vous parlez tous les jours, vous couchez ensemble, mais sans avoir aucune discussion de futur ? Vous pouvez rencontrer vos ami·e·s mutuel·le·s et même faire des plans pour la fin de semaine qui s’en vient, mais tu ne sais pas si c’est une relation exclusive ou non. Durant ce stade, lorsque tu ne passes pas ta nuit avec cette personne, tu apprends à connaître d’autres ami·e·s : le doute, l’anxiété et l’insécurité. 

Certaines questions sont acceptées : qu’est-ce que tu fais samedi soir ? 

Certaines questions sont refusées : veux-tu rencontrer mon père dimanche pour le brunch ?

Maintenant que nous avons défini certains concepts, voici comment retomber dans le dating game en 6 étapes (pas tant) faciles ! 

1. Télécharger toutes les applications de dating. TOUTES. 

Sauf si tu habites sous une roche depuis 2011, tu connais les applications Tinder, Bumble, Fruitz, Hinge, Grinder et all of the above. Lorsqu’on tombe célibataire, la première étape est souvent d’en télécharger une (ou toutes). 

Avertissement : il y a de fortes chances que tu revoies Kevin aux lunettes Oakley blanches tenant un poisson dans sa chaloupe sur Tinder ET sur Bumble. 

Nouvellement célibataire, accompagné·e de tes meilleur·e·s chums et d’un rouge léger, tu complètes ton ou tes profils et tu swipes comme s’il n’y avait pas de lendemain. 

La lune de miel commence : tu as tes premiers matchs, tes premiers pick up lines boboches et ton ventre s’emplit de papillons. 

2. Premières dates boiteuses 

Maintenant que tu parles à Suzanne depuis quelques jours, vous convenez d’avoir une première date. Rien de trop engageant : une petite bière au pub du coin après le souper. Un endroit public, une soirée qui peut durer 15 minutes ou 6 heures : une recette gagnante. Après la soirée, tu as un petit crush. Vous avez parlé de butt plugs, de votre amour partagé des chats et de la finale d’Unité 9. Bref, une soirée parfaite. Trois jours plus tard, tu n’as toujours pas de nouvelles. Les DMs sont laissés on read. Une déception certainement, mais tu n’hésites pas à remonter sur ton cheval et à repartir au galop : une date avec Serge est prévue vendredi soir. 

Serge est cute sur ses photos, semble aimer le plein air et n’a aucun tattoo de barbelé sur ses biceps. La soirée commence d’un bon pied : vous aimez la même bière. Après quelques minutes et différentes conversations, tu t’aperçois que Serge a des opinions qui font que ton poil se hérisse. En effet, il réussit l’exploit d’utiliser le terme chatte, sans parler du félin, 3 fois en 2 minutes et nomme qu’il se situe dans le 15% de la population selon sa grandeur, son intelligence, son futur métier, sa situation financière et sa beauté. Son côté narcissique et sa misogynie n’étaient pas des éléments publicisés sur son profil et tu ne peux t’empêcher de regretter de ne pas avoir swipé à gauche. 

3. La date de trop

Tes premières expériences de dates te découragent un peu et ton galop est au ralenti. Cependant, un ami d’enfance que tu as perdu de vue te contacte et te propose une soirée qui promet d’être divertissante : un souper chez des ami·e·s avec un repas alléchant. Tu enfiles donc une petite robe passe-partout et tu te motives dans le miroir en te remémorant le fait que tu le trouvais pas mal cute. Arrivé·e sur place, le nombre de personnes prévues a doublé et tout le monde est saoul sur du Dry Vermouth. Certaines personnes sont habillées et d’autres ont clairement perdu leur chandail entre le 6e et le 7e shooter. Il est 18h15. Tu n’abandonnes pas (tu aurais dû) et tu bois ton rosé sucré avec un entonnoir. Il est 19h30 et tu t’aperçois que la plupart des invité·e·s ont quitté le premier plancher : ils sont dans une chambre au deuxième. Sur le lit de ladite chambre, il n’y a qu’un tas d’humains nus qui s’embrassent, se lèchent et se touchent, dont ta date qui s’en donne à cœur joie. Tu entends un participant de l’orgie qui t’encourage à venir en te promettant que tu vas avoir du fun.

Tu prends tes jambes à ton cou — parce qu’il n’y a rien de mal à avoir des orgies, mais que ce n’est vraiment pas pour toi. En arrivant chez toi, tu prends une douche, tu enfiles ton pyjama et tu t’installes pour écouter Grey’s Anatomy avec tes deux chats. Il est 20h45. Des sentiments de découragement et de dégoût apparaissent en même temps que tu supprimes Tinder de ton téléphone.

4. L’empowerment d’une femme célibataire et indépendante

Tu n’as pas besoin d’applications ni d’être en couple. Bien que ta tante Céline te dise que « tu n’es plus tout·e jeune » et que ta mère te nomme qu’elle aimerait bien avoir des petits enfants, tu choisis de t’inscrire dans de nouvelles activités, de passer du temps avec tes ami·e·s et tu adoptes un (autre) chat. Tu trouves des points positifs à la vie de célibataire : tu peux travailler le nombre d’heures que tu veux, tu peux faire ce que tu veux de ta fin de semaine et tu n’as de comptes à rendre à personne. Cette passe dure 5 minutes. 

5. Télécharger à nouveau les applications 

Bien vite, tu t’ennuies d’avoir l’attention de personnes potentiellement intéressantes et tu aimerais pouvoir raconter ta journée à quelqu’un, sauf Clarins et Jakarta, les deux seuls qui dépendent de toi pour manger et nettoyer la litière. Cependant, le téléchargement des applications ne t’apporte pas autant de plaisir que la première fois. Bien que les histoires vécues font rire tes ami·e·s et sont divertissantes, tu as peut-être le goût de rencontrer quelqu’un qui rend tes joues rouges de plaisir et pas juste au lit. Tu sélectionnes davantage les swipes et tu te crées même des profils dans les applications plus sérieuses, comme Facebook Rencontres. Bien que les pick up lines cheapettes et les discussions trop rapidement cochonnes te dégoûtent, ça te permet de mettre plus facilement tes limites. Chacun des matchs que tu as te donne cependant de l’espoir et fait du bien à ton égo. Tu es décidé·e à rencontrer quelqu’un. 

6. L’empowerment (le vrai) d’une femme célibataire et indépendante 

Je vais voler le punch de la section tout de suite : on est tous·tes une personne à part entière qui n’a pas besoin d’être en couple pour être heureuse. Cependant, se retrouver seul·e après une longue relation peut être difficile. Malgré les croyances populaires, ce n’est pas une question de dépendance affective, mais plutôt que la solitude peut être lourde. 

Être célibataire, ou seul·e, que ce soit subi ou par choix, n’est pas toujours facile. On peut trouver cocasses, voire divertissantes, les premières semaines de ce nouveau statut. Cumuler les premières dates, les coups d’un soir, les sorties entre ami·e·s, mais au fil des semaines ou des mois, une certaine introspection peut faire son arrivée : est-ce que c’est de ma faute ? Ai-je raté ma personne ? Le meilleur remède à ce moment : réécouter Gilmore Girls et aspirer à être Lorelai, une mère de 32 ans, belle, célibataire et indépendante. 

Avertissement : la prochaine section contient des clichés. Ils sont vrais, mais ce sont tout de même des clichés. 

Selon moi, l’empowerment (le vrai) vient du fait d’être capable de prendre sur soi-même, de savoir ce qu’on veut et ce qu’on ne veut surtout pas, sans culpabiliser ni se dénigrer. Être en mesure de mettre les mots sur ce qu’on cherche : est-ce une relation significative ou plutôt quelques relations éphémères (ce qui est tout aussi légitime peu importe le genre, il est important de se le rappeler) ?

Pour moi, c’était d’être dans une relation, sans me perdre ni me renier. Le but ne devrait pas être de chercher quelqu’un pour se reconnaître dans ses yeux, ou encore, de trouver une partie de soi qui manque, ça devrait plutôt être quelqu’un qui ajoute un bonus agréable au quotidien d’une personne complète et épanouie. Je te laisse sur ces doux rappels à se rappeler en te brossant les dents ce soir :

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À propos de Sophie Bouchard

Travailleuse sociale en formation et rédactrice pigiste | Pronoms : elle/la | 2 vérités, 1 mensonge : fan de blagues trop poussées, snake lover et sportive quelques heures par semaine. J’étudie à la maîtrise en travail social après un bac en psychologie, je suis travailleuse de rue et enseignante de psycho au Cégep (et oui, un peu essoufflée !) Je découvre depuis quelques années le féminisme intersectionnel dans mon domaine et la beauté d’une sexualité sans tabous. Comme dirait ma mère : quand il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir ! J’aimerais discuter avec toi, au fil des articles, de sujets sociaux quelque peu oubliés, mais ô combien importants. Enchantée !

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