Savais-tu qu’il est possible de gérer sa contraception de manière complètement naturelle ? Que ton corps te parle tout le temps et que si on s’y intéresse, on peut comprendre son langage pour déterminer ses périodes d’ovulation ? On te jase des bases de la contraception, de son histoire et surtout de comment fonctionne la symptothermie, de façon à être en mesure de faire des choix contraceptifs les plus éclairés possibles.

Les bases d’une contraception, qu’est-ce que c’est ?

Avant d’essayer d’expliquer ce que c’est la symptothermie, il faut revoir les bases de ce qu’est la contraception.

C’est une méthode qui permet d’éviter une fécondation lors d’un rapport sexuel hétéro. Une fécondation, c’est ce qui se passe lorsque deux gamètes se rencontrent : ovule + spermatozoïdes. Et il existe plein de types de contraceptions différentes.

Les contraceptions mécaniques, les plus connues

Tu te souviens probablement de tes premiers cours d’éducation sexuelle au lycée (si tu en as eu, c’est pas automatique partout), on a dû te parler des contraceptions mécaniques, dont du fameux préservatif. Ce sont des méthodes « barrière », elles n’affectent pas les gamètes reproductifs, mais elles permettent de leur éviter de rentrer en contact.

Le préservatif externe

C’est le préservatif dit masculin qui se met sur un pénis en érection. C’est souvent la contraception la plus utilisée parce qu’elle permet aussi de se protéger contre les ITSS (toi qui lis ces lignes, fais tes dépistages ITSS. Vraiment. Il y a des trucs qui traînent sans symptômes pendant des mois et c’est pas drôle du tout de s’en apercevoir tard. Fais. Tes. Dépistages. C’est pas le sujet donc je ferme cette parenthèse, mais j’espère qu’on la réouvrira dans un autre article)

Le préservatif interne

C’est le préservatif dit féminin qui se déroule à l’intérieur du vagin. Il coûte souvent plus cher que le préservatif externe et comme on a moins l’habitude de l’utiliser, il y a un plus gros risque de mal le mettre et que ça fonctionne moins bien.

Le diaphragme

C’est un petit capuchon qui se met à l’intérieur du vagin, un peu comme une cup en plus petit, et qui bloque l’accès au col de l’utérus. Il faut souvent le combiner avec des spermicides pour être efficace. Perso, je trouve qu’on n’en parle jamais assez et que c’est quand même dommage. En France, tu as besoin qu’il soit prescrit par un·e professionnel·le de santé et c’est réutilisable longtemps.

Le DIU

C’est l’acronyme pour Dispositif Intra Utérin (stérilet). Un morceau de cuivre qu’on va mettre à l’intérieur de l’utérus et qui crée un environnement hostile à la fécondation. Pour certaines personnes ça passe comme une lettre à la poste, pour d’autres ça fait très mal. Ça dépend. Tu peux écouter mon podcast Chut sur la pose de stérilet.

Les contraceptions hormonales, les plus utilisées

Grosso modo, ce sont toutes les contraceptions qui vont avoir un impact sur la production de tes gamètes en bouleversant l’équilibre hormonal naturel de ton corps.

Il y a la pilule, le patch, l’implant, le stérilet hormonal et bien d’autres. Si la plupart des contraceptions hormonales connues concernent les meufs et associées, il existe aussi des contraceptions hormonales pour mecs qui vont venir avoir un impact sur la production de spermatozoïdes.

C’est juste moins connu parce que le patriarcat est pénible en matière de charge contraceptive. Mais je t’encourage vivement à te renseigner sur ces sujets si ça t’intéresse (maybe dans un autre article, mais là encore, si je m’égards, ça va devenir bien trop long par ici).

Les contraceptions naturelles

C’est ce qui nous intéresse particulièrement puisque dans les contraceptions naturelles, il y a la symptothermie.

Ce sont tous les types de contraceptions qui reposent sur la connaissance de la physiologie pour savoir quand le corps est fertile ou quand il ne l’est pas et pouvoir prendre des dispositions en connaissance de cause.

Parmi les contraceptions naturelles, on retrouve donc la symptothermie qui permet de déterminer les périodes fertiles et infertiles du cycle dit féminin. Mais aussi la contraception thermique testiculaire qui permet de rendre temporairement infertile un cycle dit masculin. Ou la MAMA qui repose sur l’aménorrhée naturelle pendant l’allaitement.

L’histoire des contraceptions naturelles

Wow, wow, wow. Mais du coup, c’est quoi les contraceptions naturelles ? Ça vient d’où ? Pourquoi ?

Pour la faire courte, la contraception est née du constat que faire des enfants quand on n’en veut pas à la suite d’un rapport sexuel, c’est pénible. Alors on a très tôt essayé de comprendre comment éviter ça. Au début avec des méthodes mécaniques. Ensuite, avec des méthodes naturelles et hormonales.

Elles se sont développées à peu près en parallèle, mais les méthodes hormonales ramènent plus de sous 💰 et demandent un temps d’apprentissage moins long. Si elles permettent une émancipation des corps, elles s’inscrivent aussi dans une gestion patriarcale de la fertilité et une forme d’infantilisation des corps.

Les méthodes naturelles se sont développées selon plusieurs écoles :

Ogino

Ou la méthode du calendrier. Elle part du principe que les gens ovulent à J14 et font le calcul. Sauf que ça marche pas très bien, parce que le cycle est plus complexe que ça et qu’en fonction de ton rythme de vie, l’ovulation se décale.

La méthode des températures

Elle part du principe qu’il y a un léger décalage de température entre la période fertile et la période infertile. Sauf que pareil, ça marche pas bien parce qu’il y a mille autres choses dans la vie qui peuvent impacter la température (le sommeil, l’alcool, la maladie, juste pour en citer quelques-unes vite fait)

La méthode Billings

Elle repose sur l’analyse de la glaire cervicale dont la texture change à l’approche de l’ovulation. Qui fonctionne bien, mais qui propose des temps d’abstinence parfois contraignants.

Les méthodes symptothermiques

Elles mélangent l’analyse de la glaire + l’analyse de la température. C’est le double contrôle qui permet d’assurer la fiabilité de la méthode.

Parmi les méthodes symptothermiques, plusieurs écoles se sont démarquées en Europe, dont Sensiplan en Belgique, Rötzer en Allemagne, Symptotherm en Suisse, Eden Fertilité en Suisse. Elles reposent toutes sur le même principe du double contrôle, mais elles ont des pédagogies, des éthiques et des règles d’interprétation parfois différentes.

Est-ce que c’est fiable ? Comprendre l’indice de Pearl

Pour comprendre la fiabilité d’une contraception, il faut comprendre son indice de Pearl.

L’indice de Pearl se calcule en analysant le nombre de grossesses non planifiées qui a lieu sur un an pour 100 femmes sous une méthode de contraception donnée.

Il permet de déterminer la fiabilité d’une méthode contraceptive. En effet, plus les personnes tombent enceintes alors qu’elles utilisent un contraceptif, moins ce dernier est considéré comme fiable.

Les conditions d’observation en laboratoire ne sont pas exactement celles qu’on retrouve dans la vraie vie ! C’est pourquoi il y a deux mesures à l’indice de Pearl.

Indice de Pearl emploi idéal — on enlève toutes les grossesses qui sont dues à des erreurs d’utilisation de la méthode contraceptive. Par exemple : une personne qui vomit sa pilule, ou qui prend un médicament qui efface l’efficacité du contraceptif.

Indice de Pearl emploi réel — on garde toutes les situations même celles qui ne sont pas optimales.

Côté symptothermie, on a un indice de Pearl emploi réel de 2%, le même que celui de la pilule. En comparaison, l’indice de Pearl emploi réel du préservatif est de 13%. Ce qui est énorme. Tu as plus de risque de tomber enceint·e avec un préservatif qu’en utilisant la symptothermie.

Comment ça fonctionne la symptothermie ?

La symptothermie repose sur l’analyse des biomarqueurs de fertilité. Globalement, ce sont les signes que t’envoie ton corps à certains moments du cycle pour te dire si tu es fertile ou non fertile.

Ce ne sont pas des signes subtils qui demandent énormément de connaissance personnelle et une connexion très forte à ses émotions, son corps, la lune, que sais-je. Au contraire, c’est plutôt clair et droit au but.

Ton corps te parle tout le temps : tu sais que tu as faim quand ton ventre gargouille, tu sais que tu as sommeil quand tu bâilles. Tu sais que tu es fertile quand 3 trucs évoluent dans ton corps : la texture de ta glaire cervicale, la profondeur de ton col de l’utérus et l’évolution de ta température basale.

En symptothermie, on se concentre donc sur l’analyse de ces 3 signes.

La texture de la glaire cervicale 

Elle peut être pâteuse comme du yaourt ou élastique comme du blanc d’œuf ou au contraire ne pas être là du tout. Ces « pertes blanches », comme on les appelle communément, offrent en fait énormément d’indications sur ta fertilité ! Elles deviennent plus présentes au moment de l’ovulation, allant du crémeux au filant.

La profondeur de ton col de l’utérus

En fonction de la période du cycle, le col bouge. Il est parfois super accessible quand on met des doigts dans le vagin, ou au contraire beaucoup plus loin quand on est proche de l’ovulation.

La température basale

C’est la température que tu as le matin au réveil. Elle évolue de quelques dixièmes de degré sous l’influence de la progestérone. Si tu prends ta température tous les matins et que tu la notes sur une courbe, tu verras le décalage entre un plateau haut et un plateau bas au moment du passage de ton ovulation.

Comprendre les signes

Pris individuellement, ces signes ne sont peut-être pas très clairs. Pourtant, quand on les combine, on peut savoir avec précision dans quelle phase de ton cycle tu te trouves.

Apprendre à analyser son cycle, ça prend du temps. C’est un peu comme apprendre à conduire. Au début, on a l’impression qu’on ne va jamais y arriver, et puis au fil de l’eau et en étant bien accompagné·e, on finit par acquérir des réflexes. Les chiffres de l’OMS disent qu’il faut au moins 6 mois d’apprentissage pour pouvoir utiliser la méthode de façon fiable.

En symptothermie, une fois qu’on sait observer ses signes de fertilité, il faut apprendre à les interpréter. Pour ça, il faut avoir un suivi avec un·e prof de symptothermie — comme moi, par exemple ! 

Sinon, au Québec, tu peux consulter les ressources offertes par Seréna Québec, un organisme spécialisé en gestion naturelle de la fertilité, ou même participer à un de leur atelier d’apprentissage sur les méthodes de contraception naturelle.

Quelques applications pour t’aider à suivre ton cycle sont aussi disponibles, comme Moonly ou Read Your Body, mais rappelle-toi qu’il est important de ne pas dépendre d’une app pour faire le calcul à ta place. Pour garantir la sécurité contraceptive, il faut savoir être autonome sur la méthode et bien comprendre comment celle-ci fonctionne.

Est-ce que c’est pour tout le monde ?

Ça dépend. Personnellement, je ne pense pas qu’il y ait une contraception magique qui convienne à absolument tout le monde.

Par exemple, si tu as de l’endométriose et que la pilule t’aide à moins souffrir c’est archi cool et la symptothermie ne pourra pas du tout t’apporter la même chose. Si tu n’as pas envie de réfléchir à ton cycle au quotidien peut être que tu seras très heureux·se avec un stérilet.

Il y a autant de contraceptions que de personnes et je pense que l’essentiel c’est de les connaître pour pouvoir faire un choix qui te convient.

author-avatar

À propos de Clée

Rédacteur·rice pigiste | Pronom: iel | Clée est doula, hypnothérapeute et œuvre à l’éducation à la sexualité, à l’accouchement et la fertilité. Sa passion pour la connaissance des corps dits féminins l’a poussé·e à devenir moniteur·rice en symptothermie et à faciliter des ateliers d’auto-gynécologie. Investi·e au sein des communautés sex-positive parisienne et bruxelloise depuis 2020, iel facilite des ateliers d’exploration à la sensualité et la sexualité. Son approche est trauma-informed et inclusive. Iel tient un compte militant sur Instagram (@Ratonreveur).

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié Les champs obligatoires sont indiqués avec *