L’éducation à la sexualité suscite à nouveau beaucoup de discussions au Canada, y compris au Québec. Bien que la province soit souvent considérée comme progressiste dans ce domaine, elle n’est pas à l’abri des débats et des controverses. Dans cet article, nous allons explorer l’objectif fondamental de l’éducation à la sexualité et souligner pourquoi il est crucial qu’elle soit complète et bienveillante.
Quel est le but de l’éducation à la sexualité ?
L’éducation à la sexualité est définie par l’UNESCO comme « un processus d’enseignement et d’apprentissage intégré au programme d’enseignement et portant sur les aspects cognitifs, émotionnels, physiques et sociaux de la sexualité. »
Au Québec, ces cours sont intégrés dans les établissements scolaires depuis plus de 40 ans, mais n’ont été rendus obligatoires que depuis 2018. L’approche canadienne et québécoise repose sur ces principes définis par l’UNESCO, qui a pour but principal d’offrir aux enfants et aux jeunes « des connaissances, des compétences, des attitudes et des valeurs qui leur permettent de vivre en bonne santé, dans le bien-être et la dignité. »
Ce que ça veut dire, c’est qu’en pratique, l’éducation à la sexualité ne se limite pas à la biologie ou à la prévention des infections sexuellement transmissibles. Cette approche plus large est importante, car la sexualité ne se réduit pas simplement au sexe. Elle englobe un tas d’aspects, allant des relations à l’identité de genre, en passant par le rapport à son propre corps et les sentiments. C’est pour ça que l’éducation à la sexualité englobe aussi des sujets comme le consentement, les relations saines, l’égalité des genres et la diversité sexuelle et de genre.
Le Programme québécois
Le programme d’éducation à la sexualité du Québec est très complet, fondé sur des données probantes et conçu pour respecter le développement psychosexuel des enfants à chaque tranche d’âge. Ce programme est aussi divisé en plusieurs thèmes :
- Croissance sexuelle humaine et image corporelle
- Identité, rôles, stéréotypes sexuels et normes sociales
- Vie affective et amoureuse
- Agression sexuelle
- Grossesse et naissance
- Globalité de la sexualité
- Agir sexuel
- Violence sexuelle
- Infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) et grossesse
Éducation préscolaire (5 ans)
À 5 ans, on commence doucement. Les petit·e·s sont curieux·ses de tout, y compris de leur propre corps et des différences entre les corps. Iels se demandent aussi d’où viennent les bébés et commencent à prendre conscience de leur propre genre. Bien que non obligatoire à cet âge-là, le programme est là pour répondre à ces questions. On leur apprend les bases, comme les noms des différentes parties du corps, y compris les parties intimes, et on leur explique simplement comment les bébés arrivent dans le monde. C’est une première étape pour les préparer à comprendre des sujets plus complexes plus tard.
Primaire
Au primaire, c’est un peu la suite logique. Les enfants commencent à vraiment comprendre leur corps et à se sentir bien dans leur identité. Iels font face aux rôles de genre et développent des amitiés qui sont de plus en plus fortes et importantes. Et puis, en 5e et 6e, la puberté débarque avec plein de changements, autant physiques qu’émotionnels. Le programme est là pour les guider à travers tout ça. Les cours d’éducation à la sexualité permettent de leur apporter les outils pour se connaître elleux-mêmes, de réfléchir aux stéréotypes de genre, et d’être moins vulnérables face aux agressions et à la discrimination. Ces cours permettent aussi de les aider à développer un œil critique sur ce qu’iels voient dans les médias et sur Internet.
Secondaire
À l’adolescence, ça bouge pas mal dans le domaine de la sexualité. Les ados consolident leur identité, découvrent leur orientation sexuelle, vivent parfois leurs premières histoires d’amour et certain·e·s commencent à expérimenter. En plus, iels sont bombardé·e·s d’infos sur la sexualité de partout. Le programme est là pour les accompagner dans ce tourbillon. On leur donne des outils pour comprendre des enjeux comme le consentement, la protection et les relations égalitaires. On les aide aussi à se protéger contre les agressions et la discrimination liées à la diversité sexuelle et de genre. Et bien sûr, on les informe sur les comportements sexuels sécuritaires pour éviter les ITSS et les grossesses non planifiées.
Les bénéfices d’une éducation à la sexualité complète et bienveillante
L’éducation à la sexualité, c’est bien plus qu’un « bonus » dans le cursus scolaire. C’est vraiment vital.
Les études le montrent : cette éducation retarde l’âge du premier rapport sexuel, réduit les comportements à risque et augmente l’utilisation de contraceptifs (UNESCO). Mais ce n’est pas tout. Selon l’Action Canada pour la santé et les droits sexuels, elle contribue aussi à une meilleure connaissance de la sexualité, à une communication plus ouverte avec les parents et à la construction de relations plus saines. Elle donne les outils pour gérer les situations à risque et connaître ses droits dans les relations sexuelles.
Dès la petite enfance, ça a un impact sur la santé à long terme. Ça enseigne aux petit·e·s l’autonomie corporelle, les touchers appropriés et inappropriés, et ça leur donne les mots pour s’exprimer quand iels ont besoin d’aide. Ça instaure le langage du consentement et ça aide à construire des relations solides et respectueuses. En gros, ça contribue à créer des milieux d’apprentissage sécuritaires pour tout le monde et à promouvoir une culture d’égalité.
Enfin, il ne faut pas oublier que pour certain·e·s, c’est une question de vie ou de mort. Utiliser correctement le nom et le pronom de jeunes trans peut réduire considérablement les risques de suicide. Cette éducation peut aussi contribuer à réduire la violence homophobe et transphobe, la violence sexuelle et la discrimination fondée sur le genre.
Assurer l’éducation à la sexualité dans toutes les écoles
Au Québec, comme on le mentionnait plus tôt, l’éducation à la sexualité est obligatoire depuis 2018, et chaque élève doit recevoir entre 5 et 15 heures de cours par an. Depuis cette rentrée scolaire 2023-2024, ces cours sont intégrés dans le nouveau programme « Culture et citoyenneté québécoise », qui remplace le cours d’Éthique et culture religieuse.
La planification de ces cours doit être gérée par la direction de chaque école. En tant que parent ou tuteur·rice, on peut directement contacter l’école pour en savoir plus sur cette planification et pour être informé·e des interventions en éducation à la sexualité.
Les enseignant·e·s qui ne sont pas à l’aise d’aborder tous ces sujets en classe peuvent avoir accès à des formations, mais peuvent aussi faire appel à des professionel·le·s de l’éducation à la sexualité. Donc, si tu connais des personnes qualifiées qui offrent ces cours, tu peux faire passer les informations et contacts à la direction de l’école.
Avec le retour des manifestations anti-éducation sexuelle et les débats qui entourent le sujet, il est plus crucial que jamais de se positionner pour renforcer et protéger cette éducation essentielle dans les écoles. Ne restons pas silencieux·ses. Faisons entendre nos voix auprès des établissements scolaires de notre région. Plaidons collectivement en faveur d’une éducation à la sexualité complète et bienveillante dès le début de la scolarité. C’est non seulement un droit pour les enfants, mais aussi une nécessité pour une société plus égalitaire et respectueuse.
Pas juste à l’école
Pour finir, n’oublions pas que l’éducation à la sexualité, c’est l’affaire de tout le monde, pas seulement de l’école. En tant que parents ou adultes de confiance, on a aussi notre rôle à jouer. Parler ouvertement de sexualité à la maison peut enrichir et solidifier ce qui est enseigné en classe. Pour des idées et des outils à propos de comment engager ces conversations, jette un œil à notre section Outils Parentaux. En unissant les efforts de l’école et de la maison, on crée un cadre d’apprentissage plus complet et bienveillant pour nos jeunes !