Dans un monde qui va vite vite vite où l’anxiété est régulièrement présente dans plusieurs sphères de nos vies, il arrive que l’anxiété de performance se glisse malicieusement dans notre vie sexuelle.

Qu’est-ce que l’anxiété de performance sexuelle ? 

L’anxiété de performance est généralement définie comme une inquiétude excessive reliée à la performance et à la peur de l’échec. La personne devient nerveuse lorsqu’elle appréhende une relation sexuelle. L’attitude, les comportements et l’appréciation du moment sont considérablement affectés, dû à la nervosité et au stress à l’idée de contacts sexuels. 

Mais pourquoi ? 

Évidemment, le manque de confiance en soi est le principal contributeur de l’anxiété de performance. Elle est souvent causée par le fait de se sentir, à tort ou à raison, en décalage avec les attentes de la société. Lorsqu’on se compare, qu’on se juge et qu’on estime ne pas répondre à ces attentes, ça peut entraîner une angoisse de performance. 

Selon une étude, l’anxiété de performance sexuelle touche environ 9 à 25% des hommes et 6 à 16% des femmes (Pyke, 2020).

Généralement, chez les personnes ayant un pénis, cette anxiété est parfois liée à la pression de répondre aux attentes de la masculinité hégémonique*. Tandis que pour les personnes avec une vulve, l’estime de soi est souvent influencée par des préoccupations physiques/esthétiques liées aux standards de beauté imposés par la société. Évidemment, plusieurs autres facteurs peuvent provoquer de l’anxiété de performance : les expériences passées, des facteurs de stress externe et finalement les scripts sexuels diffusés dans les médias sociaux et particulièrement dans la pornographie — on y reviendra plus loin.

*La masculinité hégémonique est un concept sociologique qui constitue la forme dominante et valorisée de masculinité dans notre société. Elle impose des normes et des comportements considérés comme des idéaux masculins, souvent caractérisés par la force, l’autorité, l’indépendance, et la suppression des émotions. Malheureusement, des notions comme celle-ci maintiennent les structures de pouvoir patriarcales et marginalisent les autres formes de masculinité (tout en subordonnant les autres genres).

Les manifestations possibles 

L’anxiété de performance sexuelle se manifeste par des sentiments de stress, d’appréhension ou des inquiétudes concernant ses compétences dans « le domaine sexuel ». Par exemple, ça peut créer des préoccupations liées à sa capacité d’obtenir ou de maintenir une érection, d’atteindre l’orgasme, ou de satisfaire san ou ses partenaires. Ces obstacles reliés à la réponse sexuelle peuvent aussi susciter des sentiments d’impuissance, de frustration, de colère et de tristesse chez la personne qui les vit ou la fragiliser encore plus. C’est un cercle vicieux, car ces émotions peuvent devenir envahissantes et contribuer à maintenir la problématique en place.

Comment mon corps et mon esprit vivent l’anxiété de performance, mais sexuellement ?

Le système nerveux et la réponse sexuelle

Premièrement, il est important de comprendre comment l’anxiété peut affecter notre système nerveux et par le fait même, le fonctionnement de notre corps et esprit. On t’explique ça rapidement :

Le système nerveux autonome est un mécanisme involontaire, c’est-à-dire qu’on ne peut pas le contrôler. Il est composé de deux branches : le système nerveux parasympathique et le système nerveux sympathique. 

OK, mais pourquoi ça a rapport à ta sexualité ? Eh bien, le parasympathique nous détend et favorise l’excitation, c’est lui qui travaille fort quand on est turn on ! De son côté, le sympathique nous prépare à réagir aux situations stressantes, empêchant ainsi toute excitation sexuelle. Fonctionnant ainsi par opposition, ils créent un équilibre interne, la fameuse homéostasie. 

L’anxiété, la gâcheuse de party 

Si tu vis de l’anxiété au moment d’entrer dans les différentes étapes de ce processus, ma foi très agréable, le corps bascule malheureusement vers le système sympathique — merde ! Qu’est-ce qui se passe à ce moment pas trop sympathique ? Le corps décide d’envoyer plus de sang aux organes vitaux, genre le cœur et le cerveau, car il est en mode survie. Conséquemment, cet enchaînement freine les réflexes secondaires, comme l’érection, la lubrification, le durcissement des organes génitaux, etc. Malheureusement, malgré tous les efforts volontaires du monde, il est très difficile de revenir en arrière et de retrouver le niveau d’excitation initial tant que tu ne seras pas de nouveau détendu·e et sous l’influence du système parasympathique. Respire et relaxe…

Mais pourquoi ça m’arrive à moi !? 

Dysfonction sexuelle 

Parfois, il ne faut pas éliminer la possibilité de vivre de l’anxiété de performance simultanément à une dysfonction sexuelle. Selon le DSM-5, un manuel de référence utilisé par les professionnel·le·s de la santé mentale et les sexologues pour diagnostiquer et classer certains troubles de santé mentale, la dysfonction sexuelle désigne une difficulté rencontrée par une ou plusieurs personnes à un stade quelconque de l’activité sexuelle, qu’il s’agisse du désir, de l’excitation ou de l’orgasme. Les dysfonctions sexuelles sont différents troubles qui peuvent varier selon la personne. Elles peuvent être un obstacle à une relation sexuelle satisfaisante et donc alimenter le cercle vicieux qui constitue l’anxiété de performance sexuelle. Si tu veux en apprendre plus sur les types de dysfonctions sexuelles, on t’invite à consulter nos articles à ce sujet : 

S’il te plait, s’il te plait, n’oublie pas que vivre une dysfonction sexuelle, ça peut arriver à tout le monde, littéralement une personne sur trois. Si tu soupçonnes en vivre une et que ça t’inquiète, n’hésite pas à consulter un·e professionnel·le de la santé (sexologue, médecin ou psychologue) pour recevoir de l’aide et être accompagné·e adéquatement.

Source: https://natachagodbout.com/fr/blogue/recevoir-de-laide-pour-une-dysfonction-sexuelle-au-quebec

Santé mentale et pression sociale 

Aujourd’hui, on le sait de plus en plus, une santé mentale équilibrée est nécessaire à notre bien-être. Des conditions telles que l’anxiété, la dépression et d’autres troubles de santé mentale peuvent considérablement réduire l’estime et la confiance en soi. De plus, nos rythmes de vie effrénés, le stress du quotidien et la fatigue accumulée peuvent diminuer l’énergie et l’intérêt pour la sexualité. La cerise sur le sundae c’est bien sûr, l’anxiété : celle du quotidien, l’anxiété généralisée, l’anxiété de performance, name it ! Lorsqu’elle est accrue et liée à la performance, elle peut créer un cercle vicieux où la peur de ne pas être à la hauteur domine et conduit souvent à une performance insatisfaisante, ce qui renforce encore plus l’anxiété de performance vécue — comme on te le mentionnait déjà plus haut.

En plus de ces enjeux psychosociaux, on est plusieurs à ressentir une pression sociale constante à correspondre à certaines attentes normatives de la sexualité. Ces normes et stéréotypes irréalistes, surnommés affectueusement les scripts sexuels, nous influencent à voir la sexualité comme une performance et non une expérience. On se fait donc enfirouaper par des croyances erronées sur la sexualité, comme l’idée que tout doit être parfait à chaque coup… Mais c’est faux et ça vient générer une anxiété inutile en plus de nuire à l’expérience sexuelle.

Enjeux relationnels 

Sans aucun doute, ces difficultés peuvent atteindre directement l’estime de la personne les vivant. Elle peut croire que sa valeur est moindre et se sentir responsable de ces péripéties sexuelles face à san ou ses partenaires. Elle peut aussi ressentir de l’incompréhension et se sentir complètement impuissant·e. Un certain sentiment de culpabilité peut alors se développer, car la personne appréhende les attentes du/de la/des partenaires, ce qui peut faire grimper l’anxiété de performance comme une flèche. En plus des conséquences négatives directes sur la personne, cet état anxieux affecte également la dynamique entre les partenaires et peut entraîner une spirale relationnelle de tension et de malaise en maintenant le problème en place. Malheureusement, le mécanisme de coping de prédilection dans ces situations est souvent d’éviter tous les contacts sexuels avec soi-même ou autrui afin d’éviter de ressentir de la détresse.

Expérience, et non, performance

Ça semble un peu évident et simpliste, et c’est même un peu chiant à se faire dire, mais la solution c’est qu’il faut apprendre à gérer son anxiété. Beaucoup de gens souffrant d’anxiété de performance finissent par penser qu’ils souffrent de dysfonction/trouble sexuel. Cependant, en investiguant, on comprend que leur sexualité fonctionne en l’absence de cette anxiété. Il faut donc garder en tête que l’objectif n’est pas d’améliorer la sexualité, mais de gérer son anxiété pour tenter de se libérer de toutes ces énergies négatives.

Mais par où commencer !? 

Ça peut paraître vraiment gros à surmonter et c’est normal. Donne-toi l’espace pour vivre ces émotions même si elles sont désagréables. On va donc y aller une étape à la fois. Voici quelques pistes : 

Avant 

  • Demande-toi pourquoi tu veux partager un moment intime.
  • Lors d’un moment non sexuel, discute avec tan/tes partenaires de vos désirs et de vos attentes.
  • Communique tes désirs dès le début de la relation sexuelle.

Pendant 

  • Rappelle-toi que chaque relation sexuelle est unique.
  • Ralentis le rythme pour mieux apprécier le moment, bâtir l’intimité et nourrir la chimie sexuelle.
  • Écoute ton corps et tes désirs du moment présent. Carpe Diem !
  • Dis-toi que ce n’est pas nécessaire que ce soit la meiiiiiiiiilleure relation sexuelle de ta vie.
  • Respire ! Concentre-toi sur ta respiration pour diminuer l’anxiété et ressentir le plaisir. Un outil génial pour reprendre le dessus quand on sent qu’on étouffe : la cohérence cardiaque ! 
  • Utilise la pleine conscience lors de tes relations sexuelles afin d’aligner ton esprit et ton corps et de profiter du moment.

Après

  • Avec tan ou tes partenaires, discutez de ce que vous avez aimé et partagez de nouveaux besoins ou désirs.
  • Parle de tes craintes et de la pression que tu ressens avec un·e professionnel·le comme un sexologue.
  • Identifie tes triggers pour mieux les déconstruire et les remplacer par des expériences positives et valorisantes.

Prends ton temps

L’anxiété de performance est directement liée à la croyance que la sexualité est une performance, mais c’est faux ! Il n’y a pas de note ni d’applaudissements à la fin… Ce n’est que toi et tan ou tes partenaires. Garde en tête que l’objectif est d’avoir du plaisir, de connecter, de découvrir des sensations, d’être intime et de se sentir aimé. Dernier petit rappel, contrairement à nos croyances, personne n’est parfait·e ! S’ouvrir et se montrer vulnérable peut créer des moments d’échanges précieux et t’aider à développer une connexion authentique et sincère avec autrui.

Quelques applications à essayer pour se détendre

Cohérence cardiaque : 

RespiRelax+ sur App Store et Google Play

Méditation et pleine conscience : 

Headspace sur App Store et Google Play

MindShift sur App store et Google Play 

Rootd sur App store et Google Play Sam sur App store et Google Play


​​Pyke, R. E. (2020). Sexual Performance Anxiety. Sexual medicine reviews, 8(2), 183-190. Rowland, D. L., Heiman, J. R., Gladue, B. A., Hatch, J. P., Doering, C. H., and Weiler, S. J. (1987). Endocrine, psychological and genital response to sexual arousal in men. Psychoneuroendocrinology 12, 149-158.

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À propos de Geneviève Bélanger-Nantel

Rédactrice pigiste | Pronoms : elle/la | Bienveillante, curieuse, parfois crédule, divertissante, attachante et anxieuse, j’essaie de vivre ma vie simplement, mais comiquement. J’ai œuvré dans le milieu de la culture pour atterrir en sexologie. J’ai fait un certificat en études critiques des sexualités avant de compléter mon baccalauréat et je poursuis mes études à la maîtrise en recherche ! Je n’ai pas peur du jugement et des malaises. J’ai donc un intérêt particulier à aborder les sujets délaissés et à donner de la visibilité aux populations marginalisées. Je vise à valoriser l’apprentissage, le non-jugement et l’affirmation de soi à travers mes rédactions. La recherche d’un bien-être personnel épanouissant, c’est la mission d’une vie quoi !

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