Guidé·e·s par une vision stigmatisée du phénomène, plusieurs se demandent : « Qu’est-ce que le fétichisme sexuel ? », « Ça mange quoi en hiver, cette affaire-là ? » Eh bien, c’est le temps de s’ouvrir les yeux et le cœur sur ce concept qui, de son caractère socialement démonisé, suscite jugement et rigidité.
De façon abrégée, le fétichisme correspond à l’investissement érotique d’un objet inanimé ou d’une partie du corps autre que celles génitales, et ce, dans l’atteinte d’une excitation sexuelle. En d’autres termes, c’est l’attribution d’une charge sexuelle intense aux éléments précédemment cités, lesquels deviennent sources d’excitation ou de désir sexuel. Contrairement à ce que nous enseigne le regard collectif, le fétichisme n’est pas systématiquement un trouble. Il peut se manifester comme l’expression d’une préférence sexuelle saine et électriser nos expériences sensuelles sous la couette, ou ailleurs. De toute évidence, le rôle qu’il occupe dans l’univers charnel de chacun·e est varié et, bien qu’il puisse parfois être une composante centrale de cet univers, il peut aussi n’être qu’un simple amplificateur du désir.
AVERTISSEMENT, individus du grand public, le fétichisme sexuel ne s’arrête pas à la bonne vieille image stéréotypée de cette personne qui tripe sur les pieds, au contraire, c’est une notion beaucoup plus diversifiée que ce que la société laisse sous-entendre. Bien qu’il soit possible de fétichiser1 presque tout, certains fétiches2 sont plus courants, soit la lingerie, les chaussures, les gants, le cuir, le latex, les cheveux, les pieds, etc.
Sous une perspective plus nuancée que celle qui domine nos esprits, on pourrait donc affirmer que le fétichisme sexuel, lorsqu’il est pratiqué de manière consensuelle et dépourvue de préjudice pour soi ou pour autrui, représente une part active des variations « normales » de la sexualité humaine.
Démystifier les ambiguïtés
Le fétichisme comme trouble sexuel
Bien qu’il s’intègre à la diversité des pratiques sexuelles non-pathogènes3, le fétichisme sexuel peut s’exprimer de manière plus problématique et, quelquefois, se traduire en trouble. Dans certains cas, l’investissement des fétiches, quels qu’ils soient, peut être nécessaire dans l’atteinte d’une vie sexuelle satisfaisante, et ce, malgré son caractère préjudiciable. En d’autres mots, pour qu’il soit reconnu comme un trouble, le fétichisme sexuel doit être récurrent et durable, mais doit aussi impliquer une détresse personnelle cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres sphères importantes (DSM-5, 2013).
En cas de souffrance liée à tes érotismes, n’hésite pas à consulter un·e sexologue, les professionnel·le·s en sexologie sont d’une oreille précieuse.
Le fétichisme au sein des dynamiques oppressives
Sans forcément être un trouble, le fétichisme sexuel porte préjudice lorsqu’il se focalise sur des caractéristiques associées à l’appartenance d’une personne à une minorité, qu’elle soit ethnique, sexuelle ou autre. Évidemment, cela soulève diverses préoccupations qui, bien que logiques, sont fréquemment sous-considérées. De manière peu exhaustive, on pourrait dire que cette situation prend vie à travers l’objectification de l’individu, à des fins sexuelles, sur la base de stéréotypes dégradants en lien avec son origine ethnique, son identité de genre ou autres caractéristiques liées à son statut minoritaire.
Dans l’intention de mieux comprendre comment ça peut se manifester, tu peux t’imaginer la perception typique de l’homme blanc qui fantasme sur les femmes noires, sous prétexte qu’elles sont lascives et ont un appétit sexuel insatiable, un bin bel exemple de stéréotypes raciaux hypersexualisés… Ici, on est face à un processus selon lequel l’être n’est plus vu comme une personne à part entière, mais plutôt comme l’objet d’une excitation sexuelle déshumanisante qui, elle, réduit l’humain, en dépit de toute sa complexité, à un simple objet d’excitation.
La stigmatisation du fétichisme sexuel, à qui la faute ?
À l’évidence, de nombreux fétichismes sont mal perçus, souvent réduits à des stéréotypes qui leur confèrent un caractère déviant ou inquiétant. Cependant, comme le démontrent les paragraphes précédents, pour beaucoup, un fétiche est une simple source de plaisir, sans conséquence néfaste.
Au cœur de notre société contemporaine, le fétichisme sexuel est souvent stigmatisé et incompris, victime de constructions sociales qui condamnent les pratiques qui échappent à la compréhension collective. Cette marginalisation des comportements sexuels non conventionnels prend racine dans des préjugés culturels et religieux selon lesquels seule une partie de jambes en l’air en mode missionnaire, se faisant dans le respect des pratiques sexuelles normatives et dans le but ultime de procréer, devrait être valorisée. Outre ses implications nocives dans l’élaboration des conceptions de toustes, la société est à la base d’une forte honte et culpabilité chez celleux dont les pratiques sexuelles impliquent un fétiche. Tout cela, sans compter la participation nocive des médias qui dépeignent les fétiches comme excentriques, voire dangereux, renforçant ainsi les fausses idées et les jugements.
Malheureusement, ces composantes tendent à inciter les individus ayant des fétiches à se sentir honteux, inadaptés ou anormaux. La véritable faute ne réside donc pas dans le fétichisme en soi, mais dans une société qui limite et juge ce qu’elle ne comprend pas. Dans un souci de déstigmatisation, il est donc essentiel de cultiver un espace collectif dans lequel règnent respect et ouverture, là où chaque personne est libre d’explorer sa sexualité comme elle le veut.
Découvrir ses safes spaces
Si tu souhaites explorer tes fétichismes dans le confort d’un espace inclusif et l’ouverture d’une vision progressiste, plusieurs ressources, forums et communautés sont à ta disposition, en voici quelques-un·e·s :
- JALF : Une plateforme sociale de rencontre dédiée au plaisir et à l’exploration de l’érotisme sous toutes ses formes, cela, dans un espace sans jugement ni tabou.
- FetLife : Un réseau social particulièrement populaire pour la communauté BDSM, Fetish & Kinky.
- Kink Academy : Une plateforme éducative et sécuritaire qui propose des vidéos et des articles sur divers aspects des fétiches, du BDSM et des relations intimes.
- Reddit : Des sous-forums comme r/BDSM ou r/Fetish qui offrent un espace pour discuter de fétiches et d’intérêts variés, avec une communauté souvent ouverte et accueillante.
- Ateliers et groupes locaux : De nombreuses villes ont des groupes de rencontre ou des ateliers sur les fétiches, souvent animés par des personnes expérimentées.
- Blogues et podcasts : Des articles (comme les nôtres) et des podcasts sur la sexualité et les fétiches offrant des perspectives précieuses et des conseils sur l’exploration en toute sécurité.
Les éléments clés dans l’atteinte d’une vie sexuelle curieuse et douillette
Bref, il est important de retenir que ce qui compte vraiment, ce n’est pas la perspective réduite qu’entretient la société sur le fétichisme sexuel, ni la désinformation massive véhiculée dans les médias, mais bien ce qui nous relie, comme êtres humains, à une sexualité exploratrice, celle-ci empreinte d’ouverture et de considération. En somme, pour l’atteinte d’une vie sexuelle épanouie, il est fondamental d’accorder une importance particulière à nos limites, tout en s’ouvrant avec bienveillance et connexion à celles de san partenaire.
Sur ces mots, je t’invite à réfléchir à ce qui fait de toi un être en connexion ou, encore, en déconnexion avec ces frontières qui ornent ta vie érotique, et ce, dans le but d’en constater les impacts actuels sur la richesse de ton répertoire sexuel.
————————
1 Dans le contexte de la sexualité, cela consiste à développer une fixation intense ou une attirance spécifique pour un objet, une matière ou une partie du corps qui devient une source de stimulation ou de désir sexuel.
2 Dans le contexte de la sexualité, le fétiche correspond à l’élément (objet non-vivant ou partie du corps non-génitale) investi érotiquement.
3 Qui ne provoquent pas de maladies.
————————
Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit. Suspendisse varius enim in eros elementum tristique. Duis cursus, mi quis viverra ornare, eros dolor interdum nulla, ut commodo diam libero vitae erat. Aenean faucibus nibh et justo cursus id rutrum lorem imperdiet. Nunc ut sem vitae risus tristique posuere.