TW : mention d’image corporelle, de culture de la diète, de grossophobie, de pornographie, de pratiques sexuelles et de dysphorie de genre.

Avec la montée du mouvement de body positivity et de la dénonciation de la culture de la diète, on est plusieurs à travailler sur nous-mêmes pour apprendre à s’aimer tel.le qu’on est. Se trouver beau/belle, c’est sain et ça fait du bien à l’âme, mais savais-tu que ça peut aussi avoir un impact positif sur ta vie sexuelle ?

Plus de 50% des adolescent.e.s sont insatisfait.e.s de leur apparence physique. Chez les adultes, c’est 75% des femmes qui souhaitent maigrir, peu importe leur poids, et 20% des hommes qui sont déçus du chiffre sur leur balance.

C’est sûr qu’à se faire bombarder presque chaque minute de messages subtils nous portant à croire qu’on doit améliorer notre physique, on ne s’étonne pas d’être si nombreux.ses à vivre avec une image de soi plus ou moins positive. 

Ça fait du bien de voir des mannequins non-retouché.e.s sur les panneaux affiches, et d’entendre nos créateur.trice.s de contenu préféré.e.s parler d’alimentation intuitive. Et si on sait qu’apprendre à s’aimer a un impact positif sur la santé mentale et physique, savais-tu que ça peut aussi t’aider à mieux vivre ta sexualité ?

L’impact de ta relation avec ton corps sur ta sex life 

Ta perception de toi-même peut jouer un grand rôle sur ta satisfaction sexuelle. D’ailleurs, plusieurs études (réalisées surtout auprès des femmes) ont déterminé qu’« une piètre image corporelle peut entraîner de faibles niveaux de satisfaction sexuelle, caractérisés par une absence de sexualité, une absence d’orgasmes et un inconfort général envers les activités sexuelles. » Non seulement ça, mais l’idée que tu te fais de ton image corporelle influence aussi ton niveau de désir, et peut également avoir un impact sur ta prise de décisions sexuelles.

En gros, plus tu t’aimes physiquement, plus tu es susceptible d’initier un rapport sexuel, plus tu as de chance de le trouver plaisant, et plus tu es en mesure de faire des choix judicieux et d’avoir une sexualité saine.

C’est bien beau tout ça, mais on s’entend qu’on ne devient pas confiant.e en soi en un claquement de doigts. On te propose donc de travailler sur ta relation avec ton corps et son potentiel charnel en concentrant tes efforts sur ces petites choses sur lesquelles tu as du contrôle, question de t’aider tranquillement à t’aimer toi-même et par le fait même, à avoir une vie sexuelle plus épanouie !

Expose-toi à des modèles qui te ressemblent

Au quotidien

Ce n’est un secret pour personne : les algorithmes des réseaux sociaux nous montrent toujours plus de ce que l’on suit déjà. Ça peut faire en sorte qu’on se trouve plongé.e dans une petite bulle homogène peu représentative de la réalité. Mais, si on s’en sert pour n’être exposé.e qu’à des exemples qui nous font du bien, ça peut aussi jouer en notre faveur ! C’est comme utiliser la carte reverse au Unonice try, Instagram. Envoye, pige !

Notre suggestion → Choisis avec soin les personnes que tu décides de suivre et remplis ta bulle d’exemples positifs. En changeant les modèles auxquels tu t’exposes pour des personnes qui te ressemblent et que tu trouves inspirantes ou attirantes — ou simplement en ajoutant de la diversité corporelle à ton feed — sans t’en rendre compte tu redéfinis tes propres standards de beauté. 

Entre les fitness babes et les bodybuilders, il existe tout un univers de personnes qui prônent la diversité corporelle, l’amour de soi, qui n’ont pas peur de se révéler sous tous leurs angles et qui s’assument en tant qu’êtres sexuels, peu importe leur physique et sans rien devoir à personne — as they should. Mon coup de cœur personnel : la magnifique Tess Holliday, fondatrice du mouvement Eff your beauty standards 🔥 🥵. Mais plus proche de chez nous, on aime aussi beaucoup Jessica Prudencio, Gabrielle Lisa Collard, The Womanhood Project qui fait gloire à toutes sortes de corps, Karl Hardy, Naïla et Julie Artacho, entre autres !

Sous les draps

Qu’on le veuille ou non, la pornographie fait partie intégrante de notre culture, et les images qu’on y trouve contribuent à façonner notre société. Trop souvent, les corps mis de l’avant dans la porno populaire sont similaires à ceux de Barbie et Ken. Les autres ? Ils se retrouvent fréquemment classés par catégories toutes plus discriminatoires les unes que les autres et dans des scénarios remplis de stéréotypes malsains, voire carrément haineux, qui contribuent fortement au racisme, à la grossophobie, à l’âgisme, au sexisme et à la transphobie.

Te masturber devant ces images, c’est renforcer insidieusement des croyances par rapport à toi-même ou aux autres qui, dans n’importe quels autres médias, seraient bannies. Si la fille qui porte du XXL joue toujours le rôle de la personne prête à tout pour avoir un peu d’attention, c’est loin d’être empowering et ça ne renvoie certainement pas un modèle de décisions sexuelles sain à suivre.

Bref, fétichiser un groupe d’individus pour leurs caractéristiques physiques, quelles qu’elles soient, c’est non. On ne te dit pas d’abandonner complètement la porno : nous aussi, on en regarde — une petite scène de cunni accompagnée du Gourmet… 💦 que dire de plus ! Mais si tu sors des sentiers battus de la pornographie populaire, tu trouveras des gens qui te ressemblent et qui sont représentés de manière réelle et sans clichés. Et ça, c’est un turn on.

Notre suggestion → Aventure-toi dans le monde de la porno féministe, tu y trouveras toutes sortes de corps — féminins, masculins, trans, queer, tatoués, percés, poilus, avec des bourrelets, des personnes sous représentées… Bref des corps normaux ! Si tu ne sais pas par où commencer, on te propose 13 compagnies pour te guider dans ton immersion ici. On ne te garantit pas que ce soit parfait, mais c’est déjà nettement mieux.

Arrête de performer

Parlant de porno, pour plusieurs d’entre nous, elle a servi à faire notre « éducation sexuelle » et à établir de nombreux scripts desquels il est difficile de se défaire. De vidéo en vidéo, on s’est bâti un répertoire d’attentes par rapport à l’autre, mais surtout par rapport à soi-même, qui finit souvent par prendre beaucoup de place au lit. Cambrer le dos, rentrer le ventre, bomber la poitrine, contrôler ses expressions faciales, faire des bruits de satisfaction… 

« Est-ce que je suis chaud.e dans cette position-là ? »

« J’ai-tu l’air trop osseux.se sous cette lumière ? »

« J’espère qu’iel ne voit pas ma tâche de naissance. »

À force de penser à ce dont on a l’air, on oublie de se concentrer sur ce qui est vraiment important : avoir du fun.

Notre suggestion → Remets tes pendules à l’heure : le sexe, dans la vie de tous les jours, c’est devoir prendre une pause parce qu’on a une crampe au mollet, c’est avoir la face rouge à cause de l’effort, c’est être en sueur, c’est des fous rires quand la position #9 du livre de Kamasutra acheté au Jean Coutu ne marche pas (mais pas pantoute), c’est la marche de pingouin jusqu’aux toilettes après coup, c’est les fameux pets qui s’échappent par surprise, c’est tacher son lit, c’est interrompe du sexe oral pour enlever un poil sur le bout de la langue… Bref, c’est imprévisible, c’est maladroit, c’est humain. C’est parfaitement imparfait.

Maîtrise tes pensées

C’est facile de laisser le petit hamster prendre le contrôle de la roue de nos pensées et courir sans fin dans notre cerveau. Surtout en pleine partie de fesses, lorsqu’on est à notre plus vulnérable physiquement. 

Être tellement concentré.e sur son physique plutôt que sur les sensations qu’on est en train de vivre, c’est comme essayer de se gratter par-dessus un gros coton ouaté : tu feels de quoi, mais c’est jamais satisfaisant. Mettons que les chances que ta partie de jambes en l’air mène à l’extase sont plutôt minces. 

Nos suggestions → Si tu sens que les idées envahissantes viennent à toi, ramène-toi à des affirmations positives — comme le fait que tan partenaire a choisi d’être avec toi (aucun doute que tu lui plaises !). Concentre-toi sur les sensations qui t’habitent, comme la caresse du souffle de tan partenaire dans ton cou, le resserrement de tes muscles pelviens, ou ta propre respiration. Tu peux aussi fermer les yeux pour canaliser ton énergie sur ce que tu ressens plutôt que sur ce dont tu as l’air, ou encore, regarder tan partenaire droit dans les yeux pour te ramener dans le moment présent. You are safe in your body. 

Tu ne peux pas faire disparaître tes bourrelets ou toute autre insécurité. Concentre-toi donc plutôt sur les choses sur lesquelles tu as le contrôle : ton plaisir. Au-delà de l’enveloppe corporelle, vois ton corps comme un médium pour te faire vivre des sensations incroyables. Remercie-le pour tout ce qu’il te permet de ressentir. 

(Re)découvre tes parties intimes

Être bien dans son corps ça ne s’arrête pas à aimer ses poignées d’amour, sa cellulite et ses vergetures. C’est aussi apprendre à aimer ses parties les plus intimes dans toute leur délicatesse, unicité et replis de peau.

Difficile de se laisser aller et de prendre plaisir à un cunnilingus, par exemple, quand les petites voix dans notre tête se questionnent par rapport au look de notre vulve. Ou d’apprécier une fellation quand on se fait marteler du fait que le pénis idéal fait 12 pouces de long et doit être circoncis. 

Notre suggestion → Profite d’un moment pour toi pour redécouvrir tes bijoux de famille, quels qu’ils soient, et leur donner un peu d’amour. Familiarise-toi avec leurs moindres recoins, et concentre-toi sur les sensations de plaisir et de détente que leur stimulation te procure, plutôt que sur leur shape.

On te propose aussi d’aller jeter un coup d’œil aux œuvres de l’artiste Hilde Atalanta. Sur son compte Instagram The Vulva Gallery, ainsi que sur sa boutique Etsy, tu trouveras ses illustrations d’organes génitaux de tous genres et certains qui ressemblent probablement à ton anatomie — va voir ça, ça fait du bien autant de diversité !

Si ta relation avec ton corps inclut de la dysphorie

Vivre avec des complexes c’est une chose, mais vivre avec de la dysphorie de genre, c’est une tout autre histoire. Et si nos suggestions ci-haut peuvent peut-être t’épauler, elles ne sont certainement pas suffisantes pour t’aider à avancer dans ta situation. Ce qu’on te propose : aller chercher du soutien auprès d’expert.e.s, comme un.e sexologue, des organismes dédiés à la communauté 2SLGBTQIA+, et te tourner vers des personnes trans qui, elles aussi, ont vécu cette souffrance.

D’ailleurs, Henri/June Pilote a fait des vidéos avec d’excellentes suggestions pour naviguer la dysphorie du genre en tant qu’homme trans. Il suggère entre autres d’avoir recours aux jouets sexuels de manière à créer une certaine distance entre soi et l’organe génital pouvant être source de dysphorie.

Ton bien-être > tout

Apprendre à s’aimer, ça prend du temps. Souvent, on doit y travailler toute sa vie à petites doses quotidiennes. Sois indulgent.e avec toi-même et célèbre les moments ou tu te trouves à ton meilleur 🔥. Si porter de la lingerie, garder ton t-shirt, fermer les lumières, rester glissé.e sous les draps, t’en tenir au missionnaire ou mettre la musique dans le tapis te permet d’être assez à l’aise pour profiter du moment et te concentrer sur ton plaisir, fait ce qui est bon pour toi ! 😘

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À propos de Laurence Gribling

Rédactrice | Pronoms : elle/la | Fan de café, féministe intersectionnelle, cat lady, et nomade à mes heures, j’ai porté plusieurs chapeaux avant de prendre celui de rédactrice en chef pour JUST A LITTLE FUN. Entre deux jeux de mots et une référence de culture pop, j’espère aider à changer les normes, à éclaircir les tabous, bref, à shaker un peu la sexualité pour la débarrasser de ses chaînes, un article à la fois.

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