TW : Mention de fantasmes paraphiliques (pédophilie, nécrophilie, voyeurisme, exhibitionnisme), rape fantasy, mention et exemples de fantasmes et de pratiques BDSM.

T’es-tu déjà demandé : Suis-je lea seul.e à être sexuellement excité.e par telle ou telle chose ? Ben aujourd’hui, tu risques de te trouver pas mal plus normal.e ou ordinaire que tu le pensais !

Qu’est-ce qu’un fantasme sexuel ?

Les fantasmes sexuels sont des pensées ou images mentales d’ordre érotique ou sexuel pouvant entraîner du désir et/ou de l’excitation sexuelle. 97 % de la population (Lehmiller, 2018) et 60 % des personnes s’identifiant comme asexuelles (Yule, Brotto et Gorzalka, 2014) affirment en avoir eu. 

Le type de fantasmes qu’on entretient peut parfois nous renseigner sur certains éléments de notre personnalité, sur la culture dans laquelle on a grandi et même sur nos allégeances politiques ! Mais à part ça, ils ne veulent pas dire grand-chose ; il faut donc éviter de les suranalyser ou pire, de ressentir de la honte de les avoir ! 

Quels sont les plus communs ?

Il est difficile d’établir ce qui est « normal » ou commun en termes de fantasmes puisqu’il manque d’études provenant d’échantillons diversifiés et représentatifs de la population. Par contre, après avoir interviewé 4175 américain.e.s sur le contenu de leurs fantasmes, Justin Lehmiller, psychologue social et chercheur expert dans l’étude des fantasmes sexuels, a pu identifier sept catégories de fantasmes qui revenaient souvent. Bien qu’elles ne soient pas mutuellement exclusives, ces catégories sont utiles, car elles permettent d’en tirer certaines conclusions intéressantes. 

Curieux.se de découvrir les catégories de fantasmes qu’on retrouve le plus fréquemment ? Ça s’en vient !

1. Sexe à plusieurs


Sans aucun doute la catégorie la plus populaire, elle inclut les fantasmes de ménage à trois et d’orgies. Fait intéressant : ce type de fantasmes aurait tendance à augmenter avec l’âge. Peut-être qu’après plusieurs années en couple monogame les gens ont envie d’un peu de diversité ? ​​🤷🏻‍♀️ (Lehmiller, 2018)

Lehmiller souligne que, pour la plupart des gens, ce qu’iels font dans le scénario a plus d’importance que l’endroit précis où se déroule la relation sexuelle et d’avec qui iels sont. On retrouve aussi des éléments d’exhibitionnisme et de voyeurisme chez plusieurs personnes qui entretenaient des fantasmes d’orgies. Bref, cette catégorie de fantasmes semble plutôt liée au fait d’être le centre de l’attention et de se sentir désiré.e qu’au fait d’avoir une relation sexuelle avec plusieurs personnes.

2. Nouveauté, aventure et variété


En couple depuis plusieurs mois ou années avec la même personne ? Parfois, la routine embarque et notre vie sexuelle manque un peu de surprise ; en gros, ça prend un peu de variété pour te revigorer ! C’est complètement humain d’être de moins en moins excité.e par les mêmes stimuli. 

C’est pas d’ta faute : c’est la faute au phénomène d’habituation et au Coolidge effect ; le fait que l’appétit sexuel se voit renouvelé lorsqu’on a un.e nouveau.elle partenaire ou lorsqu’on ajoute un nouvel élément (en passant, ça s’applique aux individus de toutes identités de genre, pas seulement aux hommes cisgenres, comme les premières études tendaient à démontrer) (Joseph et al., 2015).

Les fantasmes en lien avec la nouveauté, l’aventure et la variété (Lehmiller, 2018) peuvent donc inclurent :

  • des pratiques sexuelles différentes (pratiques BDSM, jeux de rôle, le pegging ou de plusieurs partenaires) 
  • des relations sexuelles avec d’autres partenaires que san ou ses partenaires actuel.le.s
  • des relations sexuelles dans un lieu inhabituel
  • des rencontres sexuelles imprévues, surprenantes ou inespérées 
  • de nouveaux éléments ou de nouvelles sensations (jouets sexuels, outils technologiques, aliments, etc.)

3. Pouvoir, contrôle et sexe rough


Cette catégorie de fantasmes inclut tout ce qui a trait au BDSM, c’est-à-dire bondage/discipline, domination/soumission et sadomasochisme. Le range varie vraiment : alors que certaines de ces « pratiques » pourraient être considérées comme « vanille » par certain.e.s, d’autres seraient carrément illégales si elles étaient réalisées.

Parmi les fantasmes les plus communs de cette catégorie, on retrouve… 

  • Dominer ou être dominé.e
  • Forcer ou être forcé.e d’avoir une relation
  • Recevoir ou donner une fessée
  • Fouetter ou être fouetté.e
  • Ligoter ou être ligoté.e
  • Uriner sur san partenaire ou se faire uriner dessus

« Rape fantasy » : attention aux interprétations erronées !

Selon les résultats d’étude de Lehmiller (2018), plusieurs personnes entretiendraient des fantasmes liés à la coercition.

Est-ce que ça veut dire que toutes ces personnes désirent agresser ou être agressé.e.s sexuellement ?

Bin non ! Lehmiller précise que la majorité des participant.e.s prenaient la peine de spécifier qu’ils n’avaient pas l’intention d’agresser sexuellement leur partenaire. De plus, dans le fantasme où la personne est forcée d’avoir une relation sexuelle, c’est cette dernière qui définit les termes et qui est en contrôle des conditions. On s’éloigne donc d’une vraie agression sexuelle…

Alors quand est-ce que ça devient problématique ?

Tout est une question de fréquence et d’intensité ! Si ton fantasme de forcer quelqu’un à avoir un rapport sexuel revient de plus en plus souvent, qu’il devient envahissant ou souffrant et que tu songes au passage à l’acte… C’est le temps d’aller consulter un.e sexologue psychothérapeute !

Personnes ayant déjà fantasmé à l’idée d’être forcées à avoir une relation sexuelle

Personnes fantasmant régulièrement à l’idée d’être forcées à avoir une relation sexuelle

Personnes ayant déjà fantasmé à l’idée de forcer quelqu’un à avoir une relation sexuelle

Personnes fantasmant à l’idée de forcer quelqu’un à avoir une relation sexuelle régulièrement

4. Tabous et interdits


Cette catégorie de fantasmes relève de tout ce qui est considéré comme tabou, interdit, inusité, voire même parfois illégal (si réalisé, bien sûr) dans une société et une époque donnée. Plusieurs de ces fantasmes sont considérés comme des paraphilies (à ne pas confondre avec un trouble paraphilique). 

Attention les jugements ! Ces fantasmes sont plus populaires que les fantasmes reliés à l’intimité, la passion et la romance (qu’on verra bientôt).

Voici quelques exemples (Cossette et Joyal, 2012) :

  • Tous fantasmes fétichistes (age play, foot fetish, blood play, furry, etc.)
  • Avoir une relation sexuelle avec un animal
  • Regarder quelqu’un se dévêtir sans qu’iel ne le sache (voyeurisme)
  • S’exhiber nu.e dans un lieu public (exhibitionnisme)
  • Caresser un.e inconnu.e dans un lieu public (frotteurisme)
  • Photographier ou être photographié.e (ou filmé.e) pendant une relation sexuelle
  • Avoir une relation sexuelle avec un.e membre de sa famille
  • Avoir une relation sexuelle avec un enfant de moins de 12 ans 
  • Avoir une relation sexuelle avec un cadavre 

Paraphilie et légalité

On te rassure : aucun de ces fantasmes n’est problématique (surtout lorsqu’ils relèvent simplement de ton imaginaire érotique). Par contre, comme tu dois t’en douter, plusieurs d’entre eux ne devraient pas être mis en action, car ils sont illégaux et immoraux. Par exemple, la nécrophilie, la pédophilie, la bestialité (avoir une relation sexuelle avec un animal), l’exhibitionnisme (s’exhiber sans le consentement d’une ou des personnes), le voyeurisme (regarder, filmer, ou photographier quelqu’un à son insu) et le frotteurisme (toucher ou se frotter sur quelqu’un à son insu) sont punis par la loi au Canada. Les fantasmes fétichistes, quant à eux, ne sont pas du tout problématiques (tant qu’ils ne provoquent pas d’obsession compulsive engendrant une souffrance) !

Si ces fantasmes sont récurrents (au point de causer une souffrance), deviennent obsessionnels ou se transforment en pulsion, il est important de consulter ; il pourrait s’agir d’un trouble paraphilique. Mais ne t’inquiète pas, en général, la majorité des gens qui ont des paraphilies ne développent pas de trouble paraphilique ! 😉

Différence entre paraphilies et troubles paraphiliques 

Les paraphilies sont des intérêts sexuels considérés, en quelque sorte, comme inusuels ou atypiques dans une société et une époque donnée. Pour qu’une paraphilie se transforme en trouble paraphilique, il faut qu’il y ait eu passage à l’acte, que l’intérêt soit présent depuis au moins 6 mois et que celui-ci engendre une souffrance ou encore, cause du tort à d’autres personnes. Il est très important de distinguer les deux pour éviter de stigmatiser les pratiques BDSM et fétichistes.

5. Intimité, passion et romance


Cette catégorie englobe tous fantasmes permettant un rapprochement intime et un épanouissement émotionnel, que ce soit par le fait de se sentir connecté.e à l’autre ou de se sentir désiré.e et validé.e. C’est l’exemple parfait du sexe vanille, tout en mettant l’emphase sur la connexion émotionnelle. Selon Lehmiller, 70 % des gens admettent qu’il y a souvent une composante émotionnelle dans le contenu de leurs fantasmes. 

6. Relation non monogame et échange de partenaires


Les fantasmes de relation non monogame incluent tous scénarios de couple ouvert, de relation polyamoureuse ou d’échange de partenaires sexuel.le.s. Contrairement à la catégorie de fantasmes de sexe à plusieurs, l’idée ici, c’est d’avoir la liberté de butiner… non pas d’avoir une relation sexuelle avec plusieurs partenaires à la fois.

Fait intéressant (mais pas tellement surprenant !), la plupart des personnes qui entretiennent ces fantasmes sont en couple. Mais rassure-toi ! Selon Lehmiller, les fantasmes de non-monogamie consensuelle seraient beaucoup plus communs que les fantasmes d’infidélité. De toute façon… ça reste des fantasmes ! 😉

Voici à quoi peut ressembler ce genre de fantasmes :

  • Avoir une relation sexuelle avec quelqu’un qu’on connait qui n’est pas san conjoint.e 
  • Pratiquer l’échangisme avec un autre couple
  • Cuckolding (voir san partenaire avoir une relation sexuelle avec quelqu’un d’autre) 

7. Gender bending et homoérotisme (flexibilité érotique)


Cette catégorie de fantasmes consiste à repousser les limites de son genre ou de son orientation sexuelle. Il peut s’agir, par exemple, d’avoir une relation sexuelle avec quelqu’un de son propre genre (pour une personne hétérosexuelle) ou encore, de porter des vêtements qui sont typiquement associés à un autre genre. On pourrait aussi classer certains de ces fantasmes dans la catégorie « tabou » ou « nouveauté », car ils sont à contre-courant des normes cishétérosexuelles de notre société.

Quelques faits intéressants de l’étude de Lehmiller :

  • 59 % des femmes hétérosexuelles et 26 % des hommes hétérosexuels avaient eu un fantasme homoérotique
  • Le quart des participant.e.s avaient eu un fantasme de se cross-dress (s’habiller avec les vêtements typiques d’un autre sexe)
  • Le tiers des participant.e.s avaient eu un fantasme où iel s’imaginait dans un corps d’autre sexe
  • Un tiers des hommes et un quart des femmes avaient déjà fantasmé à l’idée d’avoir une relation sexuelle avec une personne trans

Avoir ce type de fantasmes de temps à autre ne veut pas nécessairement dire que tu dois remettre en question toute ton identité (ton orientation sexuelle ou ton identité de genre, par exemple). Par contre, s’ils sont vraiment récurrents et que tu commences à te torturer incessamment avec des questionnements existentiels, peut-être qu’un.e sexologue pourra t’aider à y voir plus clair ? Si ça presse, fais donc un tour ici !

Réaliser ses fantasmes ou non ?

Pendant des siècles, la science, la médecine et la religion condamnaient tous actes sexuels qui s’éloignaient de la pénétration pénis-vagin dans un but procréatif et dans le cadre d’un mariage hétérosexuel. Le seul fait qu’une pensée sexuelle (surtout si autre qu’une envie soudaine de te reproduire) te traverse l’esprit était considéré comme un péché par la religion catholique

Le Marquis de Sade ainsi que plusieurs sexologues s’intéressant à la diversité des érotismes ont peu à peu changé la donne. On est passé des termes « déviances », à « perversions » au 19 et 20e siècle, à « paraphilies », en 1930, pour qualifier tous érotismes non reproductifs ou intérêts érotiques « non usuels ». Bref, au fil du temps, on s’est rendu compte que les êtres humains entretenaient rarement le fantasme d’avoir une relation sexuelle romantique entre deux personnes hétérosexuelles consentantes dans l’objectif de faire un bébé pour s’exciter sexuellement ! Certain.e.s sexologues considèrent même aujourd’hui la normopathie— l’obsession à l’idée d’être normal.e—comme plus problématique que le fait d’entretenir des paraphilies de temps à autre !

Alors, il est plus que temps de break free from that. Il n’y a pas de honte à être tout simplement… humain.e ! 

Oui, c’est vrai que tu n’as probablement pas envie de mettre en action tous tes fantasmes… Mais si jamais tu étais tenté.e d’essayer de réaliser ton plus grand fantasme (si légal bien sûr !), pourquoi ne pas en parler à tan partenaire, (ou les explorer sur JALF, le site par excellence pour explorer sa sexualité) ? 

Les gens qui partagent leurs fantasmes (et encore, qui les mettent en pratique) avec leur.s partenaire.s ont tendance à avoir une plus grande satisfaction quant à leur relation. Ça vaut peut-être le coup d’essayer !

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À propos de Anne-Claudel Parr

Sexologue, Rédactrice | Pronoms: elle/la | Passionnée de plage, de voyage et de salsa, j’ai étudié en science politique, en psychologie, fait un certificat en psychoéducation et en espagnol avant d’atterrir en sexologie et de trouver ma voie (ben oui, c’est long se trouver parfois) ! Féministe intersectionnelle de cœur et de raison et membre de la communauté LGBTQIAP2S+, je pose un regard assez scientifique et théorique sur la sexualité, mais en essayant d’être moins plate que ton prof de socio au cégep. J’espère pouvoir élargir ta conception de la sexualité, dire ce qui n’est pas dit et jaser de l’éléphant rose. Ensemble, on va faire la deuxième Révolution sexuelle ! Embarques-tu ?

Une réflexion sur “1001 types de fantasmes plus communs qu’on ne le croit

  1. Gagane dit :

    J’ai à peu près tout lu et je pense qu’il y a suffisemment de tarés sur Terre pour encore leur donner du crédit ici. pédo/zoo/nécro-philes en tête de liste (pas besoin de majuscule en début de phrase pour ce genre de personnes), suivi par les violeurs et violeuses multirécidivistes et autres cinglés à enfermer ou castrer définitivement. Je pense à toutes ces femmes mais aussi dans une moindre mesure, ces hommes, battus, soumis par la force ou parce qu’une idéologie bien ou mal interprêtée le dicte. Ce que je trouve le plus absurde c’est que ces personnes battues, amoindries, trouvent la force non pas de se barrer et de faire la misère à leur(s) oppresseurs, mais de rester et de continuer à encaisser, trop souvent jusqu’à la mort.
    Aussi, ce qui me fait marrer pour le paradoxe, ce sont les féministes, que je respecte, qui militent pour les droits des femmes, et elles ont raison, d’une part; et d’autre part, toutes ces objets sexuels sans cervelle qui s’exhibent gratuitement et librement sur des plateformes sociales de vidéos courtes, accessibles à tous, juste pour faire des “vues”, avoir des “like”, des “pouces”, “coeurs” et autres marques signifiant “je kiffe sa mère trop bônne”, générant pendant quelques années, voire quelques mois, des revenus substanciels, mais détruisant l’image pour le reste d’une vie souvent bafouée. Et je pense même ignorer la suite de la vie de ces filles hors caméra, certes retouchées mais sublimes, qui je suppose doit être bien sombre: drogues, réseaux de prostituées ou achats.
    Tout ceci pour dire qu’aujourd’hui nous tolérons de plus en plus de pratiques, mais que nous avons dépassé une limite morale, ce qui implique que, comme une drogue, il en faut toujours plus, donc les tarés cités plus haut doivent et inventeront des choses toujours plus tordues, bien entendu illégales, obscènes, immorales, barbares et je n’ai plus de vocabulaire à ajouter mais il en manque clairement ici. Je recommande donc une prudence par limitation d’information sur ces agissements plutôt que de tout déballer et donner des idées malsaines à certains ou certaines personnes influençables, souvent manquant de confiance en elles ou eux, souffrant sexuellement par manque d’attirance d’autres personnes, souvent à cause d’un physique non avantageux car certes si ce n’est pas le plus important, ça constitue un premier contact avec un ou une inconnue. Reconnaissons qu’un beau mâle ou une belle petiote attirera plus l’oeil qu’un sdf sale, malodorant et pourtant malheureux. Et oui je préfère mettre plus de mots car le langage employé dans votre article c’est une torture neuronale. Par exemple, “lea”, pour moi, c’est un joli prénom, pas un mot bricolé par flemme d’en écrire deux ou trois de plus. Et pour finir: on va rajouter encore combien de lettre à la communauté de communautés LGBT? LGBTQIAP2S+ j’ai aucune idée de celles ou ceux qui se reconnaissent dedans…

  2. Al dit :

    J’avais envie de lire, et puis cette écriture inclusive insupportable m’en a carrément dégoutté.
    Vraiment affligeant. J’ai pas tenu 1 paragraphe. Carrément nule de de dire “lea” au lieu de ‘la ou le”.
    Marre.

    1. Anne-Claudel Parr dit :

      Bonjour Al. On est désolé·e·s d’apprendre que l’écriture inclusive vous cause autant de désagrément. En tant que plateforme d’éducation à la sexualité positive, on vise à inclure tout le monde dans nos discours. Si vous souhaitez en savoir plus, on vous invite à consulter notre FAQ ou la rubrique sur le langage épicène de l’Office québécois de la langue française.

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