Comme tu l’as probablement déjà remarqué, chez JUST A LITTLE FUN, on aime ça parler de sexe ! En fait, on en parle tout le temps. Mais quand on cherche à comprendre la sexualité dans sa globalité, c’est aussi important de discuter de non-sexualité ou d’absence de sexualité.

L’absence de désir, d’attirance sexuelle ou encore la pratique de l’abstinence, etc. sont tous des sujets qui font partie de la sexualité. Aujourd’hui, le sujet qu’on va démystifier ensemble, c’est l’asexualité (le fameux « A » de l’acronyme 2SLGBTQIA+). 

Dans le cadre de la semaine de visibilité asexuelle, c’est plus que jamais l’occasion de parler de cette communauté méconnue, incomprise et trop souvent mise à l’écart, et ce, même au sein de la grande famille 2SLGBTQIA+. Pour dissiper les mythes, voici 8 questions que les gens se posent fréquemment par rapport à l’asexualité.

Qu’est-ce que l’asexualité ?

C’est une orientation sexuelle, car elle fait référence à l’attirance sexuelle pour autrui (ou plutôt l’absence d’attirance sexuelle). L’asexualité englobe donc toutes les personnes qui n’ont pas ou ont très peu d’attirance sexuelle envers les autres. 

L’asexualité s’oppose à l’allosexualité, qui est le fait de ressentir de l’attirance sexuelle envers autrui (ce qui est le cas de la grande majorité de la population). La communauté asexuelle utilise donc le terme « allosexuel.le » pour faire référence aux personnes qui ne sont pas asexuelles. 

Cette orientation peut se combiner à d’autres orientations sexuelles et/ou romantiques. 

Ça a l’air mélangeant vite de même, mais voici quelques exemples pour t’aider à mieux comprendre :

  • Isabelle est asexuelle et aromantique. Elle ne ressent pas d’attirance sexuelle ni romantique pour autrui. 
  • Salim est demisexuel (patience… on t’explique un peu plus loin cette forme d’asexualité), pansexuel et homoromantique. Il peut ressentir de l’attirance sexuelle pour une personne, et ce, peu importe son genre, mais seulement lorsqu’il a établi une profonde connexion avec elle. Pour ce qui est de son orientation romantique, il a un potentiel amoureux seulement avec les hommes.

Asexualité et abstinence, n’est-ce pas la même chose ?

Non, car l’abstinence se définit comme un choix conscient de ne pas avoir de relations sexuelles. Ce choix peut être motivé par des raisons religieuses (comme c’est le cas des prêtres ou des sœurs), suite à un accouchement compliqué, ou après avoir contracté une ITSS, par exemple. La grande majorité des personnes qui décident de pratiquer l’abstinence ne sont pas asexuelles. En effet, choisir de ne pas avoir de relations sexuelles (donc le comportement sexuel), ça ne veut pas dire qu’on n’a pas envie d’en avoir (donc l’attirance et le désir sexuel). Les personnes asexuelles, elles, ne ressentent pas d’attirance sexuelle pour autrui. 

Certaines personnes asexuel.le.s feront même le choix d’avoir une sexualité avec leur partenaire. Mais plusieurs ne le font pas, car ce n’est pas trop pro consentement de se « forcer » à avoir une relation sexuelle lorsqu’on n’en a pas envie !

Les personnes asexuelles ont-elles une aversion pour le sexe ?

Ce n’est pas toujours une question d’aversion. Si quelques personnes asexuelles ont un certain dégoût envers la sexualité de façon générale, pour la majorité, c’est surtout l’idée de s’imaginer soi-même avoir une relation sexuelle avec quelqu’un d’autre qui les répugne— ou, du moins, les rend indifférentes.

Il ne faut pas croire non plus que l’asexualité découle de traumas vécus par rapport à la sexualité. Faut pas chercher plus loin ! Les personnes asexuelles n’ont juste pas full (ou pas du tout) d’intérêt pour la sexualité. D’ailleurs, le symbole de la communauté exprime bien leur rapport à la sexualité.

Pour les asexuel.le.s, manger du gâteau, c’est 1 000 fois plus excitant que d’avoir une relation sexuelle ! C’est même devenu une inside joke dans la communauté ace (diminutif d’asexual en anglais). Parfois, on offre même un gâteau à quelqu’un.e quand iel fait son coming out ! Quand même festif, non ?

Y a-t-il différents types d’asexualité ?

Bon, depuis le début, on parle de façon dichotomique, comme si tout était soit blanc, soit noir (avoir des attirances vs ne pas en avoir). Mais c’était pour que tu comprennes le principe. Maintenant, on va plonger un p’tit peu plus deep. Parce que l’asexualité, c’est comme à peu près tout dans la vie, c’est rempli de nuances. 

Il faut voir l’asexualité comme un terme parapluie qui englobe plusieurs réalités plutôt qu’une identité homogène. Tu te souviens au début quand on a précisé que l’asexualité inclut aussi les gens ayant peu d’attirance sexuelle ? Justement, on y arrive.

La greysexualité est une zone grise qui se situe dans le spectre asexuel. Contrairement aux personnes strictement asexuelles, les personnes greysexuelles (ou grises sexuelles) peuvent ressentir de l’attirance sexuelle, mais seulement dans certaines conditions où à certains moments. 

Comme on t’en parlait plus tôt, certain.e.s personnes greysexuelles—les demisexuelles—ressentent de l’attirance uniquement après avoir établi une connexion émotionnelle et intime avec quelqu’un.e. D’autres greysexuelles, les aceflux peuvent ressentir de l’attirance sexuelle pour autrui, mais seulement par période. 

Les personnes lithsexuelles (ou akoisexuelles), elles, peuvent ressentir de l’attirance sexuelle pour quelqu’un, mais lorsqu’engagées dans la relation sexuelle (ou lorsque l’attirance sexuelle devient réciproque), leur intérêt se voit diminué, voire perdu. Alors que pour les réciprosexuel.le.s, c’est l’inverse : l’attirance doit absolument être réciproque. 

Bref, la liste des différentes formes d’asexualité est longue ! D’ailleurs, si tu aimerais en découvrir plus, c’est par ici. Pour en connaître davantage sur l’asexualité de façon générale, le site d’AVEN est LA référence nº 1 de la communauté asexuelle. 

Oui, mais… ça pourrait changer avec le temps, non ?

Oui, mais non. Il y a des choses dans la vie dont on est convaincu.e.s. Certaines personnes asexuelles savent qu’iels le sont avant même d’avoir eu une relation sexuelle. 

Mais ça n’empêche pas non plus que ta réalité dans 10 ans soit différente de ta réalité aujourd’hui. Si tu as déjà lu mes autres articles sur l’orientation sexuelle, tu dois commencer à être tanné.e de l’entendre, mais voilà : pour une énième fois, la sexualité c’est quelque chose de fluide et de changeant ! Donc même si un jour tu te rends compte qu’une autre étiquette te définit mieux, ben pas de stress, go for it !

D’ailleurs, quand c’est le cas, c’est plus souvent des personnes greysexuelles qui se rendent compte plus tard qu’elles sont un peu plus sur le spectre de l’allosexualité. Disons que ce cas de figure est plus fréquent qu’une personne strictement asexuelle qui devient tout à coup 100 % sexuelle (aka allosexuelle) !

Bref, ce qui compte, c’est que l’étiquette que tu utilises te fasse du bien et qu’elle reflète ta réalité du moment.

Est-ce que ça veut dire qu’iels n’ont pas de fun dans la vie ?

Non. Le sexe, ce n’est pas tout dans la vie ! Surtout quand ça te rend totalement indifférent.e. 

Moi, par exemple, je suis fan de golf. Quoi, toi t’aimes pas ça ?! 😲 T’es sûr.e ?! J’te crois pas ! C’est ben trop le fun ! Tu dis ça juste parce que tu n’as jamais essayé ! 

Cette petite mise en scène est pour illustrer à quel point les personnes asexuelles sont tannées qu’on essaye de les convaincre que la sexualité, c’est la chose la plus magnifique au monde et qu’il passe à côté de quelque chose de spectaculaire s’iels en ont pas. C’est comme dire à quelqu’un qui n’a jamais mangé de choux de Bruxelles qu’il rate sa vie parce que toi, t’aimes ça au bout et que ça rend ta vie merveilleuse. De toute façon, comment manquer/s’ennuyer de quelque chose qu’on n’a jamais essayé ?

Tout ça pour te dire de ne pas tenter de convaincre ton ami.e asexuel.le que le sexe c’est vraiment bien et qu’iel devrait absolument essayé au risque de passer à côté de quelque chose que tu juges grandiose. La personne est surement très épanouie sans sexe, peut-être même dans une relation de couple tendre, affectueuse et complice. 🥰

Est-ce que les asexuel.le.s se masturbent ?

Certain.e.s oui, certain.e.s non ! Ce n’est pas parce que tu n’as pas ou peu d’attirance sexuelle envers les autres que tu n’as pas de libido. Il faut éviter de confondre désir sexuel (aka libido), excitation et attirance sexuelle. En d’autres mots, il est possible de sentir une envie sexuelle monter et d’être excité.e sans pour autant ressentir le besoin d’avoir une relation sexuelle avec quelqu’un. Comme pour à peu près tout le monde, les asexuel.le.s peuvent donc utiliser la masturbation afin de relâcher les tensions, se relaxer, ou encore pour se donner de l’amour à soi-même ! 

Il y a aussi un terme pour les asexuel.le.s qui ont du désir sexuel (aka libido), mais pas d’attirance sexuelle pour autrui : les « autosexuel.le ». Par contre, l’existence de ce terme spécifique ne veut pas dire que tous les autres asexuel.le.s ne ressentent pas de désir sexuel. Dans le fond, c’est vraiment du cas par cas.

Pourquoi la nécessité de cette étiquette ?

On vit quand même dans une société où la sexualité est omniprésente ! On la voit partout, que ce soit à la télé, dans nos séries prefs, sur Instagram ou sur Tiktok. Au quotidien, on y fait souvent référence (t’sais les p’tites jokes sexuelles ou encore les discussions croustillantes et les questions parfois indiscrètes entre ami.e.s).

Attention, je ne suis pas en train de dire qu’on parle trop souvent de sexualité de façon sérieuse ; il n’y aura jamais assez d’éducation à la sexualité positive 😉  ! Je dis juste que d’entendre parler de sexe à tout bout de champ, ça peut vraiment être épuisant et souffrant pour quelqu’un qui ne comprend pas trop c’est quoi le trip ou l’obsession avec la sexualité. Les personnes asexuelles peuvent se sentir overwhelmed et incomprises au milieu des multiples casual sex talk du quotidien. Trouver une communauté, comme la communauté ace dans ce cas-ci, peut les aider à se sentir enfin comprises. Ainsi, elles peuvent se sentir soulagées de ne pas être seul.e à être un peu tanné.e qu’on fasse toujours du sexe le centre de l’intérêt.

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À propos de Anne-Claudel Parr

Sexologue, Rédactrice | Pronoms: elle/la | Passionnée de plage, de voyage et de salsa, j’ai étudié en science politique, en psychologie, fait un certificat en psychoéducation et en espagnol avant d’atterrir en sexologie et de trouver ma voie (ben oui, c’est long se trouver parfois) ! Féministe intersectionnelle de cœur et de raison et membre de la communauté LGBTQIAP2S+, je pose un regard assez scientifique et théorique sur la sexualité, mais en essayant d’être moins plate que ton prof de socio au cégep. J’espère pouvoir élargir ta conception de la sexualité, dire ce qui n’est pas dit et jaser de l’éléphant rose. Ensemble, on va faire la deuxième Révolution sexuelle ! Embarques-tu ?

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