Dans les médias, on nous présente de plus en plus d’histoires d’horreur et de drames mettant en scène des victimes trans. Ça serait bien des histoires d’amour et des comédies de temps en temps aussi.

Le 31 mars est la Journée internationale de la visibilité trans. Ça serait le fun pour une fois de ne pas seulement parler des violences faites aux gens trans, mais aussi des choses magnifiques et puissantes du fait d’être trans. Malgré la transphobie, il y a encore beaucoup de raisons de continuer de se battre, de briller et de se lever le matin. Pour vrai, j’ai fait une liste pis toute !

Je me base sur mon expérience perso de personne non-binaire, blanc·he, jeune et fatigué·e, elle n’est pas nécessairement universelle, mais je pense qu’elle est quand même plus pertinente que celle de Denise Bombardier.

1. Le soulagement de se rencontrer

Okay c’est une drôle de métaphore, mais essaye de me suivre. T’es dans un bar sur Sainte-Cath un vendredi soir, il fait noir, et tu croises le regard avec un·e étranger·ère mystérieux·euse et attirant·e. C’est là que tu réalises que la personne hot est en face de toi, juste de l’autre côté du miroir.

Réaliser qui on est, qui on veut devenir, c’est arriver à respirer. C’est trouver une explication et comprendre le sens de plein d’indices, le moment « Eureka! ». Comme à la fin d’un film meurtre et mystère, lorsque le détective accuse la veuve portant une robe rouge qui ricane en sirotant son vin.

Vivre ses premières expériences d’euphorie de genre, comme la première fois que l’on se met du vernis à ongle ou que l’on se rase les cheveux, c’est participer à la naissance de soi-même. C’est devenir la personne qu’on a toujours été sans le savoir.

2. La découverte et l’exploration de son genre

Le genre, quel qu’il soit, se construit par l’observation, l’apprentissage, l’imitation et la pratique. Que ce soit par des tutoriels de maquillage (allô Nikkie !), des compilations de TikTok, des chanteur·euse·s, des acteur·rice·s, des Drag Queen/King/Performers, son groupe d’ami·e·s ou des gens dans la rue. Tout peut devenir une source d’inspiration.

La transition peut être un projet excitant, avec des listes d’objectifs, des moodboards, des playlists, des rêves, etc. Chaque nouvelle étape vient affirmer qu’on a pris la bonne décision. As-tu déjà vu la bonne lettre et le bon nom sur ta carte d’assurance maladie après 14 mois d’attente ? C’est magique. ✨

Que dire de la deuxième puberté provoquée par l’hormonothérapie. C’est une chose de lire sur les effets possibles sur le corps, c’est une autre de le vivre, d’observer des changements attendus ou non, année après année, de ressentir ses effets sur les émotions et la pensée. En tout cas, moi j’trouve que ça en vaut certainement les effets secondaires !

3. La créativité d’être unique en son genre

L’expression de soi c’est une forme d’art, de poésie, pas juste avec des mots, mais aussi avec des gestes, des couleurs et des textures.

Il y a une grande liberté à être fierce, fearless et unique. À éviter, critiquer ou ridiculiser les attentes et les normes de genre. À s’inventer from the ground up, avec son propre style.

Beaucoup de personnes trans vont décrire leur·s genre·s en lien avec la spiritualité, la nature, les animaux, la technologie et 1 000 autres choses. Pour certain·e·s, leur genre est un feu de forêt, pour d’autres un océan, pour d’autres c’est comme la neige dans une télévision sans signal vidéo, et pour d’autres encore c’est un chat errant mouillé.

Ce que je cherche à dire, c’est que malgré les embûches, les difficultés et les violences qu’on subit, c’est important de ne pas oublier la joie, la créativité, le plaisir et le rire qui sont intrinsèques aux parcours trans. 

4. La construction d’un corps solide

Être trans est aussi une source de force et de pouvoir. C’est faire preuve d’autonomie et d’autodétermination avec son corps et dans ses relations. C’est de faire le choix de vivre sa vie pleinement.

Dans la nature, il y a toutes sortes de corps. Des femmes grandes et musclées, avec des mâchoires carrées et des épaules larges, telles des figures athlétiques de sculptures grecques. Il y a des bears chubby et des twinks, avec des chemises hawaïennes et des tattoos de plantes. Des personnes non-binaires aux cheveux colorés, avec leur winged eyeliner on point et une massive paire de seins. 

Pour un corps trans solide et en santé, il faut évidemment prendre soin de soi. As-tu bu de l’eau aujourd’hui ? Pris un bain ? Un rendez-vous avec taon sexologue/thérapeute/coiffeur·euse ? Si tu as besoin, tu peux prendre une pause de ta lecture et le faire. Maintenant, là.

5. L’amour et le SEXE

Plusieurs personnes trans ont (ou ont déjà eu) une relation complexe avec leurs corps et leur sexualité. Ça peut être un douloureux rappel aux organes génitaux associés avec ce qu’on n’est pas. 

Mais le sexe peut aussi être une façon d’expérimenter et d’exprimer sa féminité, sa masculinité, son androgynie et/ou sa fluidité. Il peut s’agir d’une manière concrète et physique de réaliser ses fantasmes de genre, de faire entrer en collision l’imaginaire et la réalité. La sexualité, au fond, c’est être vulnérable, faire confiance et avoir du fun avec une autre personne, mais aussi avec soi-même. Quoi de mieux pour pénétrer les profondeurs de son genre que la masturbation ?

Le sexe n’est pas qu’une affaire de pénis et de vulves. Ça peut aussi être d’expérimenter avec des vêtements et des accessoires comme de la lingerie, des harnais, des packers, des strap-on et des jouets sexuels. Il y a toute une panoplie de scénarios, de kink et de zones érogènes à découvrir !

Enfin, il y a des gens pour qui leur identité masculine est indépendante, mais indétachable de leur homosexualité, d’autres pour qui leur féminité est manifestement saphique ou inéluctablement slutty. Et c’est ben correct de même !

6. Le sentiment de communauté 

Le sentiment d’appartenir quelque part, d’être à sa place parmi ses frères, sœurs et adelphes. D’être à la maison. De fonder une famille choisie. Faire partie de communautés LGBTQ+ ou spécifiquement trans est quelque chose de très spécial.

C’est encourageant de penser qu’historiquement il y a eu des milliers de personnes trans iconiques qui ont changé le monde, touché leurs proches, ou tout simplement vécu, aimé et dansé à travers les générations.

Cette impression de camaraderie collective persiste de nos jours, avec nos amours et nos ami·e·s proches et moins proches. Que ce soit dans un organisme comme l’ATQ ou l’ASTTeQ, communauté en ligne comme FEMTL ou Trans / GenderQueer / EnBy Montreal—Tiohtià:ke, ou encore avec sa BFF et son chum.

Pour toutes ces raisons (et 20 000 autres !), je te souhaite d’être authentiquement toi-même aujourd’hui et tous les autres jours de l’année.

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À propos de Maxim·e Gabriel·le Gosselin

Rédacteur•trice pigiste | Pronoms : iel, accords neutres | Fervent·e amateur·trice de pluie et d’arc-en-ciel. Lorsque je ne suis pas en train de jouer aux Sims, je suis probablement en train de me teindre les cheveux ou de planifier l’abolition du patriarcat. J’ai un baccalauréat en sexologie, je travaille dans le milieu communautaire 2SLGBTQIA+ depuis très longtemps (avant la pandémie même !) et je suis passionné·e par tout ce qui touche la diversité sexuelle et de genre. À travers mes textes, j’aimerais participer à la promotion d’une vision sex-positive, queer/trans-affirmative et intersectionnelle du cul.

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