En tant que parents, on est souvent aux premières loges de l’évolution de notre enfant et du parcours de vie qu’iel se crée. C’est normal de ne pas avoir toutes les ressources ou la compréhension immédiate à tous les enjeux et d’avoir à se responsabiliser au fur et à mesure.

Mais comment faire face à des annonces auxquelles on n’est pas préparé·e ou à propos desquelles on n’a pas été éduqué·e ? Un·e enfant qui nous annonce son identité trans peut être une révélation qui surprend et suscite des questions. 

Voici quelques pistes afin de soutenir et accompagner notre enfant lorsqu’iel fait son coming out trans.

Commencer par soi

D’abord, il est essentiel de ne pas laisser nos préjugés ou nos incertitudes prendre le dessus. C’est possible de ressentir une certaine confusion, cependant, on veut se rappeler que ce n’est pas notre identité, mais celle de l’enfant qui est en jeu. Notre rôle est de fournir un soutien sans faille et de l’accompagner dans cette étape importante de sa vie. C’est une occasion d’apprendre, de grandir et de renforcer son lien avec son enfant.

Faire confiance à l’enfant

Il faut garder en tête que les enfants commencent généralement à développer leur identité de genre aussi tôt qu’à l’âge de 2 ou 3 ans et qu’iels ont tendance à affirmer cette identité davantage vers 5 ans. L’enfant est l’expert·e de son corps et de ses sentiments, il faut lui faire confiance.

Engager la conversation

Il est essentiel d’ouvrir le dialogue. On peut poser des questions respectueuses à l’enfant pour mieux comprendre sa situation et ses sentiments. Cependant, il ne faut pas oublier que si iel n’est pas prêt·e à répondre à certaines questions, on doit respecter son choix. Les émotions sont complexes et chaque enfant traverse cette période à son rythme.

L’écoute active est donc une compétence précieuse dans cette situation. On va prendre le temps de réellement écouter ce que l’enfant a à dire, et laisser de côté nos idées préconçues sur le sujet. Il peut être utile de se rappeler que le but de ces conversations n’est pas nécessairement de tout résoudre en une seule fois. Il se peut que lea jeune ne sache pas encore exactement ce qu’iel veut ou a besoin de faire ensuite. C’est tout à fait correct. Il s’agit davantage de construire une relation de confiance et de respect dans laquelle l’enfant se sentira en sécurité pour explorer son identité et exprimer ses sentiments et ses besoins au fur et à mesure que ceux-ci se présentent.

Ce type d’environnement positif peut avoir un impact important à long terme sur le bien-être mental et émotionnel de l’enfant, en plus de lui démontrer que notre présence est un endroit sécurisant pour explorer son expression et son identité librement et sans jugement.

S’éduquer sur ces questions

L’éducation et l’ouverture d’esprit sont les meilleurs outils pour soutenir nos jeunes.

En tant qu’adulte de confiance, il est primordial de comprendre les questions de transidentité au-delà de la désinformation qui circule sur le sujet. Il est essentiel de se rappeler que même si l’identité de genre peut fluctuer au cours de la vie, et que cela est tout à fait normal, la transidentité n’est pas une mode ou une tendance passagère, mais une réalité vécue par un pourcentage significatif de la population. Selon Statistique Canada, 1 personne sur 300, âgée de 15 ans et plus, s’identifie comme trans ou non-binaire.

On peut commencer par rechercher des informations fiables et se sensibiliser aux expériences des personnes trans. Par exemple, les groupes de soutien pour les parents d’enfants trans, tels que Transestrie.org ou Jeunes Identités Créatives, ainsi que les médias qui partagent les expériences trans (notre article 8 mythes sur la transidentité, par exemple) sont d’excellentes ressources.

De plus, en gardant en tête que ce n’est pas la responsabilité de l’enfant d’éduquer son parent sur ces enjeux, on peut lui demander de nous partager des ressources, des livres ou des films sur le sujet. On peut les explorer seul·e ou ensemble, ce qui peut être une excellente occasion d’apprendre et de discuter ensemble.

Laisser lea jeune en charge

Un aspect essentiel est de reconnaître que chaque parcours est unique et que l’affirmation de son genre est spécifique à chaque personne. Par exemple, toutes les personnes trans n’ont pas nécessairement le désir de changer leur apparence, leur nom, ou de vivre des procédures médicales. C’est important de permettre à l’enfant de garder le contrôle sur son expérience. Si iel souhaite aborder le sujet avec d’autres membres de la famille ou de l’entourage, c’est à ellui de le décider. Si l’enfant n’est pas prêt·e à en parler aux autres, on doit respecter ce choix.

Offrir des choix

Il est important d’aider lea jeune à se sentir à l’aise dans son identité. On peut lui proposer des choix pour renforcer son expression de genre, par exemple :

« Veux-tu être appelé·e différemment, ou utiliser d’autres pronoms ? »

« Souhaites-tu des vêtements différents ou une nouvelle coupe de cheveux qui reflète mieux ton identité de genre ? »

On peut aussi l’accompagner dans le processus de mise à jour de son nom et de son genre sur ses documents officiels, si c’est quelque chose qu’iel souhaite faire. Une étude de Trans PULSE Canada a révélé que seulement 9% des personnes trans âgées de 14 à 18 ans ont déclaré que toutes leurs cartes d’identité et documents officiels concordaient avec leur genre. Pourtant, cela peut être une étape importante dans l’affirmation de son identité.

Parler à l’école

Avec l’accord de l’enfant, on peut prendre contact avec son établissement scolaire pour s’informer au sujet de sa politique d’inclusion des élèves trans et non-binaires. Il faut savoir que, d’après l’enquête canadienne sur la sécurité dans les écoles publiques, 74% des élèves trans ont signalé avoir été victimes de moqueries à l’école. On va donc s’assurer que le prénom, le·s pronom·s et le genre de notre jeune soient respectés au sein de l’école.

De plus, en collaboration avec la direction et les enseignant·e·s, on peut aider à planifier la meilleure façon d’annoncer la transition de notre enfant (si iel le souhaite bien entendu).

Accompagner l’enfant dans ses démarches, si nécessaire

La puberté est souvent une période pleine de bouleversements qui peut être particulièrement stressante pour les jeunes qui s’identifient à un genre différent de celui assigné à la naissance. L’apparition des caractéristiques sexuelles secondaires peut provoquer beaucoup d’anxiété. Si lea jeune le souhaite, il existe des professionnel·le·s de la santé qui peuvent l’accompagner dans cette étape. Iels peuvent également discuter de l’option des bloqueurs de puberté. Selon une étude du Journal of Adolescent Health, ces traitements hormonaux peuvent réduire de manière significative le risque de suicide et de problèmes de santé mentale à l’âge adulte chez les jeunes trans. C’est donc une voie à envisager, toujours dans le respect des choix de l’enfant, pour l’aider à vivre cette période de la manière la plus sereine possible.

L’accompagnement d’un·e enfant trans est un processus d’apprentissage continu, pour nous comme pour elle/lui/iel. Il n’y a pas de recette magique, car chaque expérience est unique. Notre rôle en tant qu’adulte de confiance est de fournir un soutien inconditionnel, de l’écouter, de l’éduquer et de l’accompagner dans son parcours. Continuons donc à nous informer, à poser des questions respectueuses et à créer un environnement sûr et aimant pour notre enfant.

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À propos de Tessy Vanderhaeghe

Rédactrice pigiste | Pronoms : elle/la | Mordue d’escalade, j’ai déménagé de ma Belgique natale pour m’installer à Squamish en Colombie-Britannique. Quand je ne suis pas accrochée aux murs, on me trouvera à brandir des pénis et vulves en peluche dans les salles de classe avec humour et bienveillance. Certifiée en tant qu’éducatrice en santé sexuelle, je crois en une éducation à la sexualité qui commence dès la petite enfance, et je suis là pour accompagner les éducateur·rices, les parents et les familles à lancer ces conversations sans tabou !

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