chemsex [kɛmsɛks] Mot-valise décrivant le fait de consommer une substance chimique (chemical) dans l’intention d’avoir une relation sexuelle (sex)
Voici une petite question pour te dégourdir les méninges avant de commencer ta lecture.
Qu’est-ce qu’une substance psychotrope ?
- Le nom scientifique de Plaxmol, la bibitte verte de Robin Williams dans son film de 97
- Le terme littéraire d’une diarrhée
- Une substance chimique qui a des effets sur les pensées, la conscience, l’humeur et les émotions
Bien que la diarrhée, tout comme Plaxmol, ait des notions qui me sont encore totalement inconnues et obscures, lorsque je te parle de substances psychotropes, je fais plutôt référence à une substance chimique qui vient altérer ton fonctionnement cognitif. Il existe plusieurs catégories et leurs effets à court et long terme peuvent avoir des impacts majeurs sur ta vie en général, et tout autant sur ta sexualité !
Les différentes catégories
Les substances psychotropes se divisent en plusieurs catégories, certaines plus connues que d’autres. Voici un petit résumé les regroupant, basé sur les informations du Gouvernement du Québec que tu peux trouver ici :
Pourquoi adopter la pratique du « chemsex » ?
Lorsqu’une personne consomme des substances pour prolonger la durée d’une relation sexuelle, diversifier les pratiques ou améliorer ses performances ou son expérience, on parle alors de consommation sexualisée. Dans ce cas-ci, la personne veut atteindre un certain état d’ivresse pour avoir des relations sexuelles. C’est différent d’une personne qui consomme de l’alcool au bar avec ses chums, rencontre une autre personne et a une relation sexuelle avec celle-ci. Même si dans les deux contextes les personnes sont sous l’influence d’une substance, l’intention initiale n’est pas la même.
Une personne peut choisir de consommer pour, entre autres, se désinhiber, augmenter sa confiance, diminuer son anxiété, augmenter sa libido et son excitation sexuelle ou encore augmenter son endurance. Ça peut permettre à certaines personnes de ne plus ressentir les pressions sociales liées à la sexualité, notamment celles liées à la beauté et aux normes de plus en plus exigeantes.
D’un autre côté, la consommation sexualisée peut aussi permettre d’explorer un terrain inconnu dans la sexualité et la sensualité, que ce soit de nouvelles sensations ou de nouveaux fantasmes. En effet, la notion de découverte dans la consommation sexualisée prend une place importante, puisque les personnes sont plus ouvertes et moins timides à découvrir de nouvelles sensations ou une nouvelle vibe. Pour certaines, le fait de consommer en soit peut être un fantasme qu’elles désirent explorer.
Le sexe, la drogue et… les effets qui ne sont pas toujours rock ‘n’ roll
Les stimulants
À court terme, la consommation régulière de stimulants, comme la cocaïne, le crack ou le speed (peanut) peut influencer positivement la sexualité et augmenter le plaisir parce qu’elle favorise la confiance en soi. Une personne en consommant pourrait donc être plus encline à essayer de nouvelles positions et à s’explorer sans gêne, par exemple. Cependant, à long terme, ces substances peuvent diminuer la satisfaction sexuelle et entraîner des comportements à risque, notamment de ne pas se protéger.
*** Avertissement : le prochain paragraphe est à lire avec la voix de Charles Tisseyre ***
Sans entrer dans les détails superflus, on a tous dans notre cerveau un centre de plaisir. C’est une zone du cortex qui nous motive à avoir certains comportements parce que c’est le fun. En bref, si on fait quelque chose qui nous donne du plaisir, on aura envie de le refaire. Dans notre quotidien, certains comportements stimulent notre centre du plaisir, comme manger du chocolat, écouter notre émission favorite ou avoir des relations sexuelles. On veut donc recommencer le plus souvent possible (si tu veux en apprendre davantage, tu peux aller juste ici). Les stimulants viennent donc modifier notre centre du plaisir, dans le sens où, à long terme, on voudra constamment répéter le comportement de consommation pour avoir des relations sexuelles. En fin de compte, on voudra donc avoir des relations sexuelles seulement en état de consommation, puisqu’à jeun, on n’aura plus autant de plaisir.
*** Fin de l’avertissement ***
Ces substances créent donc des sentiments d’euphorie, d’énergie et de confiance. Du côté sexuel, elles amènent une augmentation de la libido, le maintien des érections et le contrôle de l’éjaculation. Mais, après un usage répété, plusieurs effets secondaires apparaissent, notamment un fonctionnement mental qui est désorganisé, des hallucinations, des délires et des comportements agressifs. De plus, plusieurs études, dont celle-ci, démontrent que la consommation répétée de cocaïne amène des comportements d’hypersexualité chez les femmes et peuvent causer des troubles sexuels, notamment des dysfonctions érectiles chez les personnes ayant un pénis et une incapacité à atteindre un orgasme pour les personnes ayant un vagin.
Les dépresseurs
Ce n’est un secret pour personne : les dépresseurs désinhibent les comportements, ce qui facilite les chances de courir tout·e nu·e dans une partie de « vérité ou conséquence » à une première date avec le gars que tu vois et ses chums (c’est arrivé à l’amie d’une amie). Ces substances psychotropes viennent diminuer la gêne et l’anxiété, ce qui peut être vu comme une dose de « courage » pour adopter certains comportements, autant positifs que nuisibles pour la santé. Une quantité modérée de dépresseurs peut favoriser l’excitation sexuelle et le désir sexuel. Une drogue malheureusement bien connue, le GHB, en fait partie. Bien que cette dernière puisse être utilisée par des personnes mal intentionnées, elle peut aussi être consommée volontairement par d’autres pour son absence de goût, d’odeur et de couleur.
Cependant, lorsqu’une trop grande quantité de substances est ingérée, les fonctions sexuelles, surtout chez les propriétaires d’un pénis, sont sévèrement affectées, pouvant causer une incapacité à avoir une érection ou encore à éjaculer. À long terme, ces effets s’aggravent. Chez les personnes alcooliques, des conséquences telles que l’intérêt sexuel affaibli, une absence d’excitation sexuelle et une rareté d’orgasmes sont fréquentes.
Les perturbateurs
Que ce soit le LSD, l’ecstasy, le mush ou encore le cannabis, ces substances ont des effets psychédéliques, c’est-à-dire une altération de tous les sens, une distorsion du temps et de l’espace, pouvant rendre le moment « éternel » et pouvant améliorer l’état de veille. Elles ont des effets euphorisants et d’extase. À faible dose, les effets sexuels peuvent ressembler à une multiplication des zones érogènes et un sentiment de fusion avec san partenaire. Elles peuvent notamment amplifier le plaisir, le sens du toucher, améliorer l’érection et la maîtrise de l’éjaculation. Toutefois, lorsque la quantité est grande, les effets érotiques sont moins présents, laissant plutôt place aux effets psychédéliques, comme les hallucinations, la confusion et des épisodes d’anxiété.
À long terme, les conséquences de la consommation des perturbateurs sont très semblables à celles des stimulants et on note aussi que, notamment dans le cas du cannabis, elle peut nuire considérablement à la fertilité.
La modération a bien meilleur goût
De prime abord, l’idée de consommer une substance psychotrope pour avoir une relation sexuelle peut être alléchante — et de manière occasionnelle, elle n’est pas nécessairement problématique. On doit cependant être conscient·e des risques à long terme. Personne n’est à l’abri de développer une dépendance à une substance, ce qui entraîne des conséquences majeures dans le quotidien.
Certains concepts qui touchent tous les types de substances sont donc importants à garder en tête :
La tolérance
Si la substance est consommée régulièrement, tu peux développer une tolérance, c’est-à-dire un besoin de consommer une plus grande dose pour avoir l’effet désiré, puisque ton corps s’est habitué.
La dépendance psychologique
Avoir besoin de consommer la substance pour avoir un effet de bien-être ou relaxant, donc un effet au niveau de ta tête et tes pensées.
La dépendance physique
Si tu ne consommes pas la substance, tu ressens des nausées, des vomissements, des étourdissements ou n’importe quel signe physique qui démontre un manque.
La surdose
Lorsque tu prends une trop grande dose pour ta capacité, ce qui fait en sorte que ton corps est en shut down. Une surdose peut être mortelle.
Le consentement
Légalement, lorsqu’une personne est en état de consommation, elle ne peut pas donner son consentement éclairé. Ce que tu peux faire pour t’assurer du consentement de toutes personnes impliquées, c’est entretenir un climat de discussion ouvert avant, pendant et après. Tu peux établir un safeword avec tan ou tes partenaires, par exemple. Utilise ton jugement. Si tan partenaire a de la difficulté à parler, à se tenir debout ou entretient un discours désorganisé, ce sont tous des indices qu’il faut arrêter. Le maintien du consentement pendant toute la durée de la relation est essentiel.
Si tu choisis de t’adonner à la consommation sexualisée
Bref, si tu choisis d’adopter une consommation sexualisée, fais-le en toute conscience, et assure-toi de tout mettre en place pour entretenir un esprit de respect et de collaboration avec tan/tes partenaires, autant dans votre consommation que dans les activités sexuelles dans lesquelles vous décidez de vous engager ensemble. Plusieurs sites internet, comme CATIE ou encore CREGG peuvent t’informer davantage sur cette pratique.
Si tu penses que ta consommation est problématique, n’hésite pas à consulter les diverses ressources près de chez toi, notamment celles en dépendance, que ce soit pour une thérapie ou une consultation.
Très bon article merci!! Pour ce qui est de cette pratique, étant néophyte dans le domaine de ce que je comprends, il pourrait être agréable de la pratiquer toutefois pas sans risque, c’est pourquoi je me questionne à savoir pourquoi, tout comme le cannabis, il n’y a pas d’endroit sécuritaire pour acheter ce type de substances et par conséquent, avoir une consommation responsable et contrôlée car acheter ça du premier venu parfois louche sur la rue ou sur le net pourrais effectivement être mortelle.
Très intéressant et ça nous donne le goût d’en apprendre plus encore!!
Merci
je me demande si avec les année cette pratique a t’elle plus diminuer ou empirer et jusqu’ou sa ira plu tard
Bonjour kawaii-miaou, merci pour ton message. Selon le Directeur régional de la santé publique de Montréal et le fondateur de la clinique l’Actuel, la pratique du chemsex (aussi connue sous le nom de « Party and Play » ou « PnP ») serait en augmentation depuis quelques années. Voici quelques articles si tu veux en savoir plus sur le sujet:
https://www.ledevoir.com/societe/sante/531229/chemsex-sexe-drogue-et-vies-brisees
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1986626/chemsex-communaute-gai
https://www.catie.ca/fr/point-de-mire-sur-la-prevention/le-party-and-play-au-canada-quel-est-son-impact-sur-la-sante-des
Merci encore pour ta question pertinente !
J’apprécie l’absence de jugement de votre article: vous présentez bien tous les aspects (positifs et négatifs)