Remarque : Cet article se réfère aux réalités québécoises de la sexologie, qui diffèrent de celles en France par exemple.

Le contexte historique, marqué par la révolution sexuelle, la lutte pour les droits des personnes LGBTQ+, et la remise en question des idées issues du patriarcat, a pavé la voie à une ère où la sexualité est de plus en plus ouvertement discutée. Plus récemment, les mouvements body positivity, body neutrality et #MeToo ont également contribué à bousculer les normes traditionnelles et à élever la voix des minorités.

Alors que l’éducation sexuelle se démocratise et que le langage s’enrichit, il se pourrait que tu ressentes un besoin croissant de comprendre davantage ta sexualité et de t’épanouir à travers celle-ci. Cette quête d’authenticité te pousse probablement à remettre en question les stéréotypes et les normes restrictives qui ont longtemps entravé ta compréhension de toi et ta sexualité.

Tu songes à consulter, mais tu n’es pas sûr·e de savoir si la sexologie est vraiment pertinente pour toi ? Après cet article, tu sauras tout ce qu’il faut savoir sur cette discipline plus pertinente que jamais.

Qu’est-ce que la sexologie ? 

La sexologie provient de plusieurs sciences, telles que la biologie, la psychologie, la sociologie et l’anthropologie. Elle utilise donc ces différentes lunettes pour comprendre et examiner la sexualité humaine sous toutes ses coutures.

La sexologie s’intéresse aux dimensions biologiques, psychoaffectives, morales ou religieuses, relationnelles, socioculturelles et cognitivo-développementales de la sexualité d’une personne pour mieux en saisir sa complexité. 

Elle propose une expertise pour naviguer au travers des multiples facettes de la sexualité, mais aussi pour célébrer la diversité et la richesse de la sexualité humaine. Elle offre des outils pour guider les individus dans leur cheminement intime et relationnel en soutenant leur recherche de compréhension, d’authenticité et d’épanouissement sexuel.

Qui sont les sexologues ?

Les sexologues peuvent faire de la recherche ou de l’intervention, œuvrer dans le public comme au privé, dans des organismes communautaires, dans des établissements de services sociaux, des centres jeunesse ou encore dans le milieu médical ou judiciaire.

Formation et permis de pratique

Au Québec, il faut accomplir une formation universitaire (au minimum un baccalauréat) et obtenir un permis de pratique pour porter le titre de sexologue ou pratiquer en tant que sexologue. 

Depuis 2013, les sexologues disposent d’un ordre professionnel (au même titre que les autres professions incluses dans le Code des professions), l’Ordre professionnel des sexologues du Québec (OPSQ). Celui-ci assure la protection du public en contrôlant la qualité des services rendus

Pour être certain·e qu’une personne est sexologue, tu peux vérifier son droit de pratique en faisant une recherche par nom pour confirmer qu’elle figure bien sur le tableau de l’OPSQ.

Pourquoi consulter en sexologie ?

On pense, à tort, que les sexologues ne sont utiles qu’en cas de problématiques liées aux dysfonctions sexuelles (ex. : trouble érectile, troubles liés à l’orgasme ou au désir, etc.) ou liées aux paraphilies (ex : pédophilie, voyeurisme, exhibitionnisme, etc.). Pourtant, l’éventail des problématiques prises en charge par les sexologues est beaucoup plus large qu’on pourrait se l’imaginer.

N’importe quel aspect de ta sexualité, de ton identité sexuelle ou de genre, de tes relations intimes ou amoureuses ou même de ta relation avec ton corps qui amène une souffrance mérite d’être entendu.

Illustration sur laquelle on peut lire: it's ok to ask for help.

Voici quelques exemples de motifs de consultation sexo-pertinents.  

Relations amoureuses ou affectives 

  • Problèmes de communication
  • Dépendance affective
  • Jalousie excessive et possessivité
  • Problématiques quant à l’intimité (ex : peur de l’engagement)
  • Manque de confiance ou d’estime de soi
  • Charge mentale déséquilibrée dans le couple
  • Infidélité
  • Violence sexuelle et conjugale
  • Séparation, divorce
  • Polyamour ou questionnement sur l’ouverture du couple

Identité de genre et orientation sexuelle (et autres identités marginalisées)

  • Questionnements quant à son identité de genre ou son orientation sexuelle
  • Coming out à soi-même ou à l’entourage
  • Transphobie, homophobie, lesbophobie, biphobie intériorisée
  • Haine de soi
  • Évaluation trans et lettre de recommandation pour modification du prénom et/ou de la mention de sexe à l’acte de naissance (cette lettre est obligatoire pour les mineur·e·s)
  • Évaluation trans et lettre de recommandation pour hormonothérapie attestant du consentement éclairé de la personne trans concernée (la lettre, quoique facultative, est souvent demandée par les médecins)
  • Évaluation trans, évaluation de la dysphorie de genre ou lettre de recommandation pour chirurgie d’affirmation de genre*
  • Accompagnement des personnes trans dans leur processus d’affirmation de genre
  • Racisme sexuel
  • Fétichisation dans le dating ou les relations amoureuses
  • Discrimination reliée à la sexualité (2SLGBTQIA+, travailleur·se·s du sexe, pratiques sexuelles stigmatisées, kinks, polyamour, statut séropositif, etc.)

Difficultés sexuelles

  • Anxiété de performance sexuelle
  • Dépendance à la pornographie 
  • Masturbation compulsive
  • Faible image corporelle 
  • Difficultés liées au désir sexuel (ex. : baisse de désir, écart dans le couple, etc.)
  • Dysfonctions sexuelles : troubles de l’érection, troubles de l’éjaculation, trouble de l’orgasme, trouble lié à des douleurs génito-pelviennes ou à la pénétration (vaginisme et dyspareunies), etc.*
  • Troubles paraphiliques : trouble exhibitionniste, frotteurisme, voyeuriste, pédophilie, etc.*
  • Fantasmes sexuels troublants ou perturbants

Autres difficultés liées à la santé sexuelle pouvant avoir un impact sexologique

  • Grossesse, infertilité
  • Avortement, fausses couches
  • Ménopause et andropause
  • Impacts des ITSS et du VIH
  • Problèmes gynécologiques ou urologiques
  • Handicaps et sexualité
  • Autres maladies et impacts sur la sexualité
*Ces motifs de consultation peuvent être évalués et traités seulement dans le cadre d’une sexothérapie (par un·e sexologue psychothérapeute).

Relation d’aide ou psychothérapie : quelle démarche est la plus appropriée selon mon motif de consultation ?

Voyons un peu la différence entre les sexologues et les sexologues psychothérapeutes pour mieux comprendre les objectifs de chaque démarche.

  • Les sexologues B.A. (bachelier·ère·s) sont habilité·e·s à faire de la relation d’aide en sexologie (aussi appelé suivi clinique, accompagnement, intervention de soutien, intervention de crise, intervention conjugale, etc.)
  • Les sexologues « M.A. » et psychothérapeutes (possédant une maîtrise en clinique et un permis de psychothérapie) sont habilité·e·s à faire de la psychothérapie (ou sexothérapie).

La relation d’aide sexologique se concentre sur la situation problématique et son impact dans le quotidien. Elle tente de trouver des solutions pratiques en misant sur les forces de la personne afin que celle-ci puisse développer des outils pour faire face aux difficultés qu’elle rencontre. Elle est généralement plus brève (entre 3 et 12 rencontres, par exemple). Il s’agit d’un accompagnement plutôt que d’un traitement

La sexothérapie, quant à elle, peut évaluer et traiter les troubles sexuels, tels que des dysfonctions sexuelles et des troubles paraphiliques. Elle s’étend généralement sur une période plus longue, étant conçue pour adresser des problématiques plus persistantes

Les deux types de démarche sexologique peuvent être faits en individuel, en famille, en couple ou en polycule.

Exemples de motifs en sexothérapie vs relation d’aide sexologique

Voici quelques motifs de consultation qui peuvent être évalués et traités que par la sexothérapie 

  • Évaluation d’une personne trans ou non binaire afin de lui fournir une lettre de recommandation pour chirurgie d’affirmation de genre
  • Évaluation et traitement d’une dysfonction sexuelle ou d’un trouble paraphilique, tels que décrit dans le DSM-5.

Cependant, plusieurs difficultés sexuelles s’apparentant à ces troubles sexuels ou touchant la dysphorie de genre peuvent être abordées en relation d’aide sexologique.

  • Pratiques sexuelles marginalisées (considérées comme « hors normes »), mais consentantes (kink, pratiques BDSM, etc.)
  • Tous types d’accompagnement des personnes trans (qui ne s’agit pas d’évaluation d’une dysphorie de genre dans le but d’obtenir une lettre de recommandation pour une chirurgie d’affirmation de genre). Ainsi, les sexologues B.A. peuvent rédiger une lettre de recommandation pour modifier la mention de sexe ou pour changement de prénom, et, dans certains cas, une lettre de recommandation pour l’hormonothérapie (c’est lea médecin qui en fait la demande qui atteste de la compétence du/de la sexologue).
  • Difficultés sexuelles (baisse de désir, difficulté à atteindre l’orgasme, etc.) temporaires ou périodiques

Pour plus de détails sur la différence entre relation d’aide et psychothérapie, c’est par ici.

Quelle est la différence entre un·e sexologue et un·e autre professionnel·le·s de la santé mentale ?

Bien que d’autres professionnel·le·s puissent avoir des connaissances en lien avec la sexualité, tel·le·s que des psychologues, des psychoéducateur·rice·s, des travailleur·se social ou des infirmier·ère·s, les sexologues sont spécifiquement formé·e·s pour aborder les aspects complexes des relations interpersonnelles, intimes et sexuelles avec une lunette sex positive, une approche empathique et sans jugement

La sexologie est donc particulièrement pertinente dans le cas des personnes marginalisées et discriminées en raison de leur identité ou de leur sexualité, comme : 

  • Les personnes 2SLGBTQIA+
  • Les personnes ayant des pratiques sexuelles divergentes (fétichisme, BDSM, etc.)
  • Les personnes en configuration relationnelle non monogame (couple ouvert, polyamour, etc.)
  • Les personnes vivant du racisme sexuel (de la fétichisation ou de la discrimination), de la grossophobie ou du capacitisme en raison d’un handicap
  • Les travailleur·se·s du sexe
  • Etc.

Comment se déroule le processus d’une démarche sexologique en individuel ?

Toute démarche en sexologie implique une évaluation initiale d’une durée d’environ une à deux rencontres. L’évaluation sexologique permet non seulement de clarifier tes besoins et ton motif de consultation, mais aussi de situer la problématique sexologique dans son contexte. C’est pourquoi lea sexologue te posera plusieurs questions sur ton parcours pour mieux te connaître. C’est aussi durant l’évaluation sexologique que vous aurez l’occasion de créer progressivement un lien de confiance.

À tout moment, il est possible de retirer ton consentement aux services de sexologie. Si, pour une raison ou une autre, tu n’es pas d’accord avec l’interprétation que tan sexologue a fait de ta problématique sexologique, que tu ne te sens pas à l’aise avec son approche ou que tu ne lea feel tout simplement pas, tu peux l’aviser que tu souhaites mettre fin au suivi. Cette démarche, tu la fais pour toi. Il est donc primordial que tu te sentes safe, compris·e et non jugé·e.

À la suite de l’évaluation, tan sexologue partagera sa compréhension de ta problématique en plus de te proposer un plan d’intervention pour le reste de la démarche. Le plan d’intervention comporte des objectifs généraux et spécifiques à atteindre ainsi que des moyens pour se faire. 

💡 N’hésite pas à faire part de tes impressions à tan sexologue. C’est le moment idéal pour rectifier certains points quant à la compréhension clinique ou encore, de suggérer des modifications aux objectifs de la démarche.

De cette façon, tu auras une meilleure idée de ce qui t’attend, c’est-à-dire que tu auras un approximatif du nombre de rencontres nécessaires à l’atteinte de tes objectifs, de l’approche suggérée par tan sexologue, des moyens utilisés, etc. 

Comment trouver lea sexologue idéal·e ?

Les sexologues qui font de la consultation peuvent pratiquer dans des cabinets privés, dans des cliniques multidisciplinaires, dans le système de la santé ou encore en téléconsultation. Tu peux donc en trouver un peu partout en province, quoique la plupart des sexologues pratiquent dans la grande région de Montréal. 

Outre l’emplacement et le motif de consultation (comme on t’en parlait plus haut), voici quelques facteurs sur lesquels te pencher pour faire ta recherche de sexologue.

Les différentes approches en sexologie 

Tout comme les psychologues, les sexologues peuvent avoir une orientation théorique (souvent nommée « approche ») qui tintera leurs interventions et leurs outils de travail.

Une approche est un fondement théorique sur lesquels s’appuie un·e professionnel·le en santé mentale pour comprendre, évaluer, analyser une problématique et pour intervenir auprès du/de la cliente. C’est ce qui définit le cadre d’intervention avec lea client·e.

Les approches les plus communément utilisées en sexologie sont similaires aux autres disciplines, puisqu’elles s’appuient sur les mêmes courants, écoles de pensées ou théories en psychologie ou en sociologie :

  • Cognitivo-comportementale : Met l’accent sur le lien entre les pensées, les émotions et les comportements
  • Existentielle-humaniste : L’emphase est mise sur la personne elle-même et son expérience subjective. Lea client·e et lea sexologue sont vu·e·s comme d’égal à égal.
  • Psychodynamique-sexoanalytique : L’accent est mis sur la notion d’inconscient et de conflits non-résolus.
  • Systémique-interactionnelle : Met l’emphase sur les interactions de la personne avec les autres et le lien de ces interactions dans le maintien de la problématique. 
  • Approches anti-oppressives et affirmatives des diversités : Met l’accent sur l’impact des structures d’oppression sur les personnes marginalisées pour les aider à s’émanciper en favorisant leur auto-acceptation face à leur diversité.
  • Approches féministes : Approche reconnaissant l’impact des oppressions systémiques sur le développement psychologique des femmes et autres identités de genre.

L’appartenance à un groupe marginalisé

Tu es polyamoureux·se ? Tu as des pratiques BDSM ? Tu es survivant·e de traumas sexuels ? Tu fais partie de la diversité culturelle ou encore de la communauté 2SLGBTQIA+ ? Si c’est ton cas, il peut être pertinent de l’inclure dans ta recherche d’un·e sexologue. Certain·e·s sexologues ont développé une expertise ou ont une approche particulièrement sensible à certaines réalités ou identités trop souvent marginalisées ou discriminées socialement.

Gif d'une personne qui dit: no pressure, this is a safe space

Quelques ressources pour trouver un·e sexologue

OPSQ — Tu peux utiliser le moteur de recherche pour trouver un·e sexologue sur le site officiel de l’Ordre des Sexologues du Québec selon plusieurs critères spécifiques.

Espace Hypoténuse — Clinique multidisciplinaire se spécialisant auprès des populations neurodivergentes et 2SLGBTQ+ (c’est ici pour me trouver, hihi)

Accès Sexologie — Clinique sexologique basée à Montréal qui offre des tarifs modulés

Sexualis — Consultation de sexologues en ligne et guide de self help

Centre St-Pierre — Centre d’éducation populaire montréalais offrant des services de psychothérapie avec tous types de professionnel·le·s, et ce, à tarif modulé (adapté selon ton revenu).

Clinique Mestra — Clinique de sexologie montréalaise prônant la diversité et l’inclusion

Sofa sexologique — Clinique sexologique à Montréal

Le sexologue — Clinique à Montréal et en téléconsultation qui comporte de nombreux sexologues et sexologues psychothérapeutes, dont certain·e·s sont spécialisé·e·s en intervention auprès des personnes trans.

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À propos de Anne-Claudel Parr

Sexologue, Rédactrice | Pronoms: elle/la | Passionnée de plage, de voyage et de salsa, j’ai étudié en science politique, en psychologie, fait un certificat en psychoéducation et en espagnol avant d’atterrir en sexologie et de trouver ma voie (ben oui, c’est long se trouver parfois) ! Féministe intersectionnelle de cœur et de raison et membre de la communauté LGBTQIAP2S+, je pose un regard assez scientifique et théorique sur la sexualité, mais en essayant d’être moins plate que ton prof de socio au cégep. J’espère pouvoir élargir ta conception de la sexualité, dire ce qui n’est pas dit et jaser de l’éléphant rose. Ensemble, on va faire la deuxième Révolution sexuelle ! Embarques-tu ?

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