Mode ou conviction féministe ? On te jase des raisons pour lesquelles on t’invite à abandonner le port de la brassière.

Qui se rappelle de la fameuse brassière push-up Bombshell du Victoria’s Secret qui promettait de donner deux tailles de bonnets de plus à la personne qui la portait ? Celle qui était dans les tiroirs de tout.e.s les adolescent.e.s avec des seins, si petits ou gros soient-ils, au début des années 2000. 🙋‍♀️ Celle qui te remontait les boules si haut que tu pouvais pratiquement accoter ton assiette de pâtes dessus pour la manger. Le plateau TV idéal. Et que dire de leur ligne de bikinis, également paddés, qui, telle une éponge, absorbaient la moitié de l’eau de la piscine ?

La Bombshell a certainement eu sa période de gloire, mais, comme toutes les modes, celle-ci s’est estompée. Aujourd’hui, sur les tapis rouges, dans les magazines et sur les Internets, les bonnets ont perdu pas mal de leur padding. Même que les brassières en général prennent de plus en plus le bord.

Mais autre que pour suivre cette mode, il y a plusieurs raisons pour lesquelles on t’invite à abandonner ta brassière, si tu en as envie, ne serait-ce qu’une fois pour aller à l’épicerie, par exemple. Pourquoi ?

Parce que trouver une brassière qui fait bien est pratiquement impossible

Parlons des options de support.

D’abord, il y a les brassières à cerceaux. Si le look à la Pamela Anderson que ces derniers nous donnent est quand même le fun, côté confort, c’est une tout autre histoire. Rigides et pointus aux extrémités, c’est l’horreur. Le pire du pire : les brassières à cerceaux strapless qui, au final, ne tiennent jamais. 👎

Ensuite, on a les tops de sports. Niveau support, difficiles à battre. Mais le look uniboob qui vient souvent avec, moins tentant. Quoique nettement plus confortables, reste que la bande au tour de la poitrine se fait sentir rapidement, les bretelles serrent les muscles des épaules au point où on en devient raqué.e, et que dire du petit océan de sueur qui se crée entre nos seins collés…

Puis, il y a la bralette, de plus en plus populaire ces dernières années, elle peut être une bonne alternative, mais personnellement je n’en ai jamais trouvé qui convenait à mon DD — et on s’entend que je me situe au bas de l’échelle des poitrines volumineuses. 

D’ailleurs, entre les bonnets trop lâches, le fait de se situer entre deux tailles, les grandeurs limitées et la quasi-inexistence de certaines d’entre-elles (comme les bonnets E et plus dans les tailles « régulières » et les A, même B, plus on avance dans les tailles Plus), trouver une brassière qui fait vraiment bien et qui est confortable, c’est pratiquement une mission impossible. 

Bref, c’est pas pour rien qu’on est nombreux.se à avoir comme premier réflexe de se débarrasser de notre brassière dès qu’on arrive chez nous. Tant qu’à être mal chaussé.e soutient-gorgé.e, autant ne pas en porter !

Parce que f*ck les doubles standards

Parlons de l’éléphant dans la pièce 🐘 : le fait que les personnes avec une présentation perçue comme masculine puissent se promener le chest à l’air, les mamelons fendant le vent sans problème, mais qu’une pointe perçant à travers le chandail d’une personne à la présentation féminine est vue comme aguichante. Instagram retire les publications montrant des tétines féminines à tour de bras, mais Justin Bieber qui fait un close up sur son torse nu, ça, aucun problème. 

Abandonner le port de la brassière est plus qu’une mode, c’est un mouvement féministe.

À bas la censure et la sexualisation du corps féminin. Si mes éminences te dérangent, regarde ailleurs, it’s that simple.

Pour se réapproprier le look naturel

Une amie aux seins rikiki avait déjà lancé tout haut que si tu plaçais un crayon sous ton sein et qu’il tenait tout seul, tu avais les seins pendants. Un test crayola plus tard, panique à bord du haut de mes 17 ans : « doux Jésus, j’ai les seins pendants ». 

Entre ce genre de commentaires, les modèles féminins représentés dans la pornographie populaire et les mannequins du centre d’achat, on se fait rapidement croire que les seins pendants (ou en goutte, ou en cloche, ou asymétriques) ne sont pas désirables — my teenage self n’y faisait pas exception et je mentirais si je disais que l’idée de me faire refaire les seins ne me passe plus par la tête aujourd’hui. Pourtant, à la base, tous les seins ne sont pas naturellement ronds et fermes. Ne pas en porter (surtout si on a des seins en goutte, en cloche, asymétriques, qui ont allaité, ou si on a subi une mastectomie), c’est participer à la représentation de la diversité corporelle et remettre les pendules à l’heure par rapport à ce que le corps féminin devrait avoir l’air. (Spoiler: il n’y a pas de normes, seulement des idéaux découlant d’un construit social.)


Plus facile à dire qu’à faire

C’est peut-être plus facile quand on a un joli A, voire un B, ou encore quand on a pris la décision tout à fait valide de se faire refaire les seins — quoiqu’encore. Mais plus on avance dans l’alphabet, si on a allaité, ou avec l’âge, plus laisser de côté le soutien-gorge devient un défi. On se dit : « ben non, moi je ne peux pas, j’ai pas les seins pour ça ».

D’abord, il y a carrément l’aspect pratique de la chose.

C’est connu, le poids des seins, en lui-même, peut causer des maux de dos. Plus on est « équipé.e », plus un bon support est souvent nécessaire pour être un brin confortable. 

Mais surtout, il y a le fait que se défaire de sa brassière, c’est accepter que nos boobies jigglent quand on marche, alors que la société s’attend à ce qu’ils restent bien en place. Qu’ils aient plus l’air de poches de sable que de melons. Que nos tétines soient beaucoup plus proches du nombril que du menton. C’est challenger les standards de beauté qui nous ont été inculqués depuis notre première Barbie ou notre première visite au LaSenza Girl. Bref, c’est mental.

Sauf que le mental, ça se travaille et les idéaux de beauté, ça se redéfinit.

Trucs et astuces pour s’essayer

Confession: je suis une délaisseuse de brassière à temps partiel. Des fois, je porte une brassière, d’autres fois non. Ma décision dépend de mon outfit, de mon mood ou de l’activité.

T-shirt ou coton ouaté oversized = pas de brassière. Personne ne remarque de toute façon.

Activité sportive = brassière. Je n’ai aucune envie de me faire gifler par mes seins à chaque pas de course. Et puis les rebonds, ça fait mal.

Chandail décolleté = brassière. Je ne suis pas encore rendue là dans l’acceptation de mon corps. Une fille ne s’assume pas toujours. Mais, j’y travaille.

Si ton confort physique te le permet, comme moi, et que l’idée d’abandonner ta brassière ne serait-ce que pour une journée, te titille, voici quelques trucs et astuces (testés et approuvés by yours truly) pour libérer tes nénés en douceur.

  • Les hauts oversized sont les parfaits camoufleurs. Les épaisseurs multiples aussi.
  • Porter une camisole plus ajustée offre un certain support et permet de limiter les jiggles. On m’informe aussi à l’oreille que c’est flatteur pour les petits seins.
  • Si c’est le regard des autres qui te gêne, essaye-le d’abord dans des endroits sombres, comme au cinéma, à un spectacle ou pour marcher ton chien le soir.
  • Tente l’expérience en gang. Être plusieurs donne du courage !
  • Essaye-le lors d’un festival où les gens s’habillent déjà de manière plus extravagante et où tout est permis !

Selon mon expérience, plus on le fait, plus on y prend goût et plus on est game de s’y adonner partout ou avec des vêtements révélateurs.

C’est ton choix

Que tu choisisses d’abandonner le soutien-gorge à temps plein, à temps partiel, ou de continuer à le porter religieusement, l’important, c’est de faire ce qui est bon pour toi et ce qui te permet d’être à l’aise, autant physiquement que psychologiquement.

Si mettre une brassière te permet d’aller conquérir ta journée et te donne confiance : you go girl (ou guy, ou personne non binaire). Si tu décides de ne pas en porter par conviction : free the boobies ! L’un n’est pas mieux que l’autre. On n’est pas moins féministe parce qu’on aime porter des bustiers en dentelle. Ce qui compte, c’est de savoir que porter une brassière en public n’est pas obligatoire. Parce que quand on nous inculque depuis tout.e jeune que les seins sont sexuels et qu’il faut les couvrir, qu’ils doivent être ronds, fermes et se tenir fièrement bien haut sur notre poitrine, qu’être sur les hautes, c’est malaisant, est-ce qu’on fait vraiment le choix de porter un soutien-gorge ?

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À propos de Laurence Gribling

Rédactrice | Pronoms : elle/la | Fan de café, féministe intersectionnelle, cat lady, et nomade à mes heures, j’ai porté plusieurs chapeaux avant de prendre celui de rédactrice en chef pour JUST A LITTLE FUN. Entre deux jeux de mots et une référence de culture pop, j’espère aider à changer les normes, à éclaircir les tabous, bref, à shaker un peu la sexualité pour la débarrasser de ses chaînes, un article à la fois.

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