Ce guide du dépistage 101 a pour but de te faciliter la vie en démystifiant les étapes parfois nébuleuses et fastidieuses du dépistage d’ITSS au Québec.

On trouve souvent toutes sortes d’excuses pour repousser, voire éviter, notre dépistage.

« Ahhhh, c’est trop loin. »

« J’ai perdu l’ordonnance de ma médecin. »

« C’est trop compliqué. »

« Je ne peux pas me permettre de prendre une journée de congé pour ça. »

« Je suis lesbienne, je n’ai pas besoin de me faire dépister. »

« Je suis en couple monogame, donc ça ne sert pas à grand-chose. »

« Je me protège toujours, c’est pas nécessaire. »

« Bof… Il m’a dit qu’il était clean. »

« D’un coup qu’iels dépistent une ITSS ?! Ah non, c’est trop stressant ! »

Le système de santé québécois, bien que gratuit, n’est pas toujours simple à comprendre et naviguer. 

Est-ce que le dépistage régulier des ITSS en vaut vraiment la peine ? Existe-t-il des moyens simples de l’intégrer dans sa routine de soins personnels ?

Aujourd’hui, on t’a préparé un petit guide pour répondre à toutes tes questions sur le dépistage, afin que tu puisses l’incorporer facilement dans tes soins de santé préventifs.

Pourquoi se faire dépister ?

Juste pour te donner une petite idée de la prévalence des ITSS au Québec (Santé et Services sociaux du Québec) :

  • 1 personne sur 5 vit avec l’herpès génital. 
  • « 3 personnes sur 4 seront, à un moment ou à un autre de leur vie, infectées par le VPH. »
  • « 75% des personnes atteintes de la chlamydia ne savent pas qu’elles sont infectées. »
  • « Depuis 10 ans, le nombre de cas déclarés de gonorrhée a augmenté de 200%. »
  • Chaque année, 40 000 personnes reçoivent un diagnostic positif d’ITSS au Québec.

Lorsqu’elles sont dépistées rapidement, de nombreuses ITSS peuvent être prises en charge avec succès ou traitées sans conséquence à long terme sur la santé. Cependant, comme la majorité d’entre elles sont asymptomatiques, elles peuvent se développer à notre insu, entraînant des complications plus graves et des conséquences sur notre santé sexuelle et physique. C’est pour ça, et pour éviter de les transmettre qu’il est important de se faire dépister !

Lorsqu’on parle d’infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS), on fait référence à :

  • Chlamydia et LGV (lymphogranulome vénérien)
  • Gonorrhée
  • Hépatite B
  • Herpès génital
  • VPH (virus du papillome humain)
  • Mycoplasma genitalium
  • Trichomonase (seule vaginite contractée sexuellement) 
  • Syphilis
  • VIH (virus de l’immunodéficience humaine)
Pour mieux comprendre les risques de contracter ou de transmettre ces ITSS selon les différentes pratiques sexuelles, c’est par ici.

Quand se faire dépister ?

Il y est donc important d’effectuer régulièrement un dépistage pour détecter rapidement une ITSS et maximiser sa prise en charge.

La fréquence suggérée est environ d’une fois par année à une fois tous les trois mois, dépendamment des pratiques sexuelles, du nombre de partenaires, des comportements à risque, de l’usage de protection (digue dentaire et condom), etc., de la personne concernée ou de san ou ses partenaire·s sexuel·le·s.

Tu peux aussi demander un test de dépistage après une pratique sexuelle à risque non protégée, après le partage d’une seringue, avant de cesser l’usage du condom ou de la digue avec un·e partenaire régulier·ère ou encore, si tu tentes de devenir enceinte.

Comment ça marche ? Différents tests pour différentes ITSS

Les tests nécessaires varient en fonction des ITSS. La majorité des ITSS peuvent être décelées à l’aide d’une prise de sang, d’échantillons d’urine ou de prélèvements au niveau génital, anal ou à la gorge.

Examens physiques

Par contre, d’autres ITSS sont plutôt détectées à l’aide d’un examen physique par un·e professionnel·le de la santé. C’est entre autres le cas de l’herpès génital et des verrues génitales (appelés « condylomes ») causées par le VPH (à faible risque).

Lorsqu’il y a présence de symptômes, on parle de test diagnostique plutôt que de dépistage. C’est un acte médical différent nécessitant un examen physique. À l’inverse, le dépistage, lui, est réalisé lorsqu’il n’y a pas de symptômes ou de signes apparents.

La consultation d’un·e médecin est donc recommandée si tu observes de petites lésions ou éruptions non habituelles sur ton sexe, aux alentours de celui-ci ou sur le pourtour de ton anus.

Dans le cas des condylomes, ceux-ci sont presque toujours invisibles à l’œil nu et sont très souvent indolores. Cependant, ils peuvent engendrer, dans certains cas, un inconfort. Si c’est le cas, consulte un·e médecin, car il est possible de les traiter. 

Le cas particulier du VPH (à haut risque)

Il y a plus d’une centaine de souches différentes de VPH. Parmi celles-ci, certaines peuvent engendrer des condylomes bénins, dont on te parlait plus haut, tandis que d’autres peuvent causer des lésions précancéreuses qui peuvent potentiellement se développer en cancer. Pour déceler ces lésions, seul·e·s les propriétaires d’utérus peuvent être testé·e·s via un examen du col à l’aide d’un spéculum — le pap test qui est réalisé tous les 2 ou 3 ans à partir de l’âge de 21 ans.

Où faire son dépistage

Voici les lieux où il est généralement possible d’effectuer un dépistage d’ITSS au Québec.

  • Avec tan professionnel·le de la santé
  • Les cliniques de médecine de famille ou autres cliniques médicales
  • Les CLSC
  • Les SIDEP (Services intégrés de dépistage et de prévention des infections transmissibles sexuellement et par le sang), en particulier pour les HARSAH. Sur le site, on peut lire : « La clinique SIDEP+ a pour mission d’offrir des services de prévention du VIH et autres ITSS aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et les personnes trans. »
  • Les cliniques de santé sexuelle
  • Les cliniques sans rendez-vous 
  • Les cliniques de planification des naissances
  • Les cliniques jeunesse (habituellement pour les personnes de 25 ans et moins)
  • Les centres spécialisés, comme Prelib

Certains organismes communautaires (comme CACTUS pour les personnes trans) offrent des services de dépistage ITSS pour des clientèles spécialisées ou particulièrement à risque. 

Ici, tu pourras trouver une carte virtuelle des sites de dépistage du service public au Québec, créée par le Portail VIH/sida du Québec.

Comment prendre son rendez-vous ?

Au Québec, il faut une prescription d’un·e médecin pour faire un test de dépistage. Le jour de ton dépistage, tu dois donc arriver, ta requête en main, afin que l’infirmier·ère sache quels prélèvements effectuer. Par contre, dans certaines cliniques de santé sexuelle, un·e médecin pourra évaluer ça avec toi directement sur place.

En ce qui concerne la prise de rendez-vous, c’est tricky

Des outils gouvernementaux existent, comme Clic Santé ou Rendez-vous santé Québec (RVSQ). Par contre, ils ne sont pas toujours simples à utiliser (pour ne pas dire frustrants) et sont loin d’être user-friendly, surtout si tu veux prendre ton rendez-vous vite fait à ta pause de travail sur ton cellulaire.

Si tu es moins « Internet », le gouvernement propose d’appeler Info-Santé (811) pour qu’un·e infirmier·ère t’aide à trouver un rendez-vous de dépistage d’ITSS près de chez toi.

Autodépistage 

Pour certaines ITSS, il est possible de faire ses prélèvements soi-même. 

Par exemple, depuis 2020, il existe des trousses d’autodépistage du VIH qu’on peut commander en ligne gratuitement sur le site de CATIE. Justin Roy de chez Club Sexu l’a d’ailleurs testé. Tu peux lire son témoignage ici.

Prelib et l’autoprélèvement : faire son dépistage soi-même

Prelib est une plateforme médicale en ligne qui t’accompagne tout au long de ton processus de dépistage. Cette initiative québécoise rend le dépistage des ITSS simple et facile en centralisant toutes les étapes du processus à la même place. 

Perso, je trouve ça génial d’utiliser la technologie pour rendre le dépistage plus accessible. Comme j’étais vraiment intriguée par cette option très prometteuse, j’ai décidé d’entrer en contact avec Prelib pour mieux comprendre le fonctionnement de leurs services. Je te donne donc ici un petit aperçu de ce que j’en ai compris.

Je trouve qu’avec Prelib, tu as l’occasion d’avoir plus de contrôle sur ta santé sexuelle, car tu es placé·e au centre du processus. En plus d’éviter d’avoir à raconter ta vie sexuelle à un·e professionnel·le de la santé, tu réponds à un questionnaire en ligne dans le confort de ton divan. Tu fais également toi-même tes prélèvements. Oui, oui, tu as bien lu : plus besoin de baisser tes culottes devant un·e inconnu·e. J’ai trouvé le principe tellement convivial et empowering 

Voici comment ça marche.

Étapes du dépistage d’ITSS*

*Les centres d’autoprélèvements Prelib dépistent le VIH, la chlamydia, la gonorrhée, l’hépatite B et C et la syphilis.

  1. Tu t’inscris sur le site de Prelib et tu remplis un court questionnaire sur tes habitudes sexuelles.
  2. Tu prends un rendez-vous dans une clinique Prelib près de chez toi (Montréal, Québec ou Sherbrooke).
  3. Tu te rends à ton rendez-vous ; après avoir entré tes informations (courriel et numéro de RAMQ) sur un iPad, l’infirmier·ère viendra te chercher pour un court entretien où iel validera quelques informations avec toi.
  4. Tu effectues tes propres prélèvements en privé, guidé·e d’une vidéo sur un iPad qui t’indiquera comment faire. Évidemment, si une prise de sang est nécessaire (selon le dépistage qu’on t’aura recommandé), c’est l’infirmier·ère qui le fera pour toi. 
  5. 7 à 10 jours après ton dépistage, tu seras invité à prendre rendez-vous téléphonique avec un·e médecin pour obtenir tes résultats. Après l’entretien téléphonique, ils seront disponibles sur ton portail Prelib.
  6. Si jamais tu as un résultat positif, Prelib t’accompagne aussi dans l’obtention de ta médication via des partenaires externes.

Avec ta carte RAMQ, tu n’auras qu’à débourser les frais de transport des échantillons (entre 5-15$ ou gratuit pour les moins de 21 ans), comme dans la majorité des cliniques de dépistage. 

Prelib t’offre aussi le choix de faire analyser tes prélèvements via le privé, ce qui peut être intéressant si tu as des assurances privées, car l’obtention de tes résultats est souvent plus rapide.

Tu aimerais prendre la PreP ? Le processus est le même pour en faire la demande. Ici, pas de risque de regard désapprobateur parce qu’on trouve tes séances de chemsex ou de saunas pas mal heavy ou qu’on critique ton choix de nouvelle partenaire parce qu’elle est séropositive 😜🤪. Chez Prelib, peu importe qui tu es et les pratiques auxquelles tu t’adonnes dans ton intimité sexuelle, tu seras reçu·e dans le respect et la bienveillance. 

Le dépistage régulier pour une intimité en toute tranquillité

Même si on sait qu’aujourd’hui vivre avec une ITSS n’empêche pas d’avoir une vie et une sexualité épanouie, mieux vaut se faire dépister que d’avoir une mauvaise surprise des années plus tard.

Que ce soit en utilisant les ressources gouvernementales, en visitant une clinique, ou en optant pour l’autodépistage avec Prelib, il existe des moyens accessibles et simples de maintenir ton bien-être sexuel. 

Alors, qu’attends-tu pour prendre ton rendez-vous ? Après tout, le dépistage, c’est comme le check-up annuel de ta vie sexuelle — une petite maintenance préventive pour que le moteur ronronne doucement. Embrasse tes rituels de soin bienveillants, et assure-toi que ton intimité reste dans la voie rapide de la santé et du plaisir. 🤩

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À propos de Anne-Claudel Parr

Sexologue, Rédactrice | Pronoms: elle/la | Passionnée de plage, de voyage et de salsa, j’ai étudié en science politique, en psychologie, fait un certificat en psychoéducation et en espagnol avant d’atterrir en sexologie et de trouver ma voie (ben oui, c’est long se trouver parfois) ! Féministe intersectionnelle de cœur et de raison et membre de la communauté LGBTQIAP2S+, je pose un regard assez scientifique et théorique sur la sexualité, mais en essayant d’être moins plate que ton prof de socio au cégep. J’espère pouvoir élargir ta conception de la sexualité, dire ce qui n’est pas dit et jaser de l’éléphant rose. Ensemble, on va faire la deuxième Révolution sexuelle ! Embarques-tu ?

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