Hello je suis Clée, doula queer à Bruxelles et parfois les gens me demandent « Pourquoi doula queer ? Ça change quoi exactement ? » Cet article est pour te parler des expériences uniques vécues par les personnes queers lorsqu’elles envisagent une grossesse et des raisons pour lesquelles avoir des ressources sensibilisées aux enjeux financiers, administratifs, sociaux et aux questions de santé mentale est plus pertinent que jamais.

Dis-moi, comment fait-on un bébé ?

Un papa + une maman, c’est ce que pensent les gens quand on pense à une grossesse cis hét. Et pourtant… Lorsque l’on parle de grossesse queer, il est essentiel de comprendre que les parcours de fertilité peuvent être variés et uniques.

Les personnes queers peuvent recourir à des méthodes de reproduction assistée, comme l’insémination artificielle ou la fécondation in vitro, ou bien choisir de concevoir naturellement.

Certains couples queers peuvent également envisager l’adoption ou la coparentalité avec d’autres membres de la communauté pour faire des familles autrement !

Des coûts financiers énormes

On sait qu’un bébé, ça coûte cher à faire vivre. Mais parfois, c’est même le cas avant qu’il soit né ! Pour de nombreux couples queers, l’accès à la procréation médicalement assistée peut représenter un défi financier et émotionnel.

Les coûts associés à ces traitements peuvent être prohibitifs, et les personnes queers peuvent rencontrer des difficultés supplémentaires pour trouver des cliniques de fertilité ou des professionnel·le·s de la santé qui sont à la fois compétent·e·s et inclusif·ve·s.

S’entourer d’une famille de cœur avant de faire famille

La famille de cœur ou famille choisie, c’est celle qui t’accompagne sans que vous ayez forcément de lien du sang.

C’est dur d’être queer dans un monde hétéronormatif. Et là où les annonces de grossesses sont la plupart du temps accueillies dans la joie et l’effervescence, les grossesses queers peuvent être regardées d’un plus mauvais œil.

Ça va du simple « C’est qui le papa ? » à « Mais pourquoi vous voulez fonder une famille ? »

Et c’est très douloureux d’être confronté·e à des attitudes discriminatoires ou ignorantes de la part de la société en général. Ça peut être difficile de trouver des espaces sécurisés où partager des expériences de grossesse.

Il est essentiel de comprendre l’importance des soutiens sociaux pour les personnes queers enceintes. La création de communautés de soutien, de groupes de discussion et de ressources en ligne spécifiquement dédiés aux personnes queers enceintes peut jouer un rôle crucial dans leur bien-être émotionnel et leur expérience de grossesse.

Les associations et les organisations LGBTQ+ sont également des ressources précieuses !

Des obstacles juridiques et administratifs

Dans certains pays, les lois et les politiques en matière de reproduction ne prennent pas en compte les réalités des personnes queers. C’est notamment le cas en Italie pour les mères lesbiennes et les pères gais. Par exemple, l’accès à la procréation assistée, à l’adoption ou à la reconnaissance légale en tant que parent peut leur être interdit. Cela pose des problèmes pour obtenir des droits parentaux comme l’obtention de congés maternité/paternité ou pour pouvoir partager l’autorité parentale en cas de décès du parent de sang par exemple.

Ce sont des situations parfois stressantes et décourageantes qui méritent d’être considérées comme un sujet à part entière quand on accompagne des familles queers. Il faut se renseigner sur ce qui est en vigueur dans son pays. Le plus difficile consiste parfois à se demander quelles questions se poser.

Par exemple, je recommande beaucoup le livre Queer Conception qui permet notamment d’avoir accès à des pistes de réflexion autour de la coparentalité. Faire un bébé, ce n’est pas toujours de l’amour et de l’eau fraîche, mais bien souvent des tas de détails administratifs quand on est une famille non représentée dans le cadre traditionnel. Par exemple : ton coparent aura-t-il les mêmes droits que toi concernant l’autorité parentale ? Avez-vous prévu de partager la parentalité ensemble, ou avez-vous envie d’un ou d’une donneuse de gamète qui n’aura pas de lien avec l’enfant ? Quelle place prendre dans l’histoire de votre famille ? Se poser les bonnes questions permet de mieux se préparer à savoir ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas.

Les montagnes russes de la santé mentale

Si la grossesse est un moment émotionnellement challengeant pour tout le monde, c’est probablement encore davantage le cas pour les personnes queers. En effet, cela demande d’être confronté à des défis spécifiques comme la dysphorie corporelle ou la dysphorie de genre ou encore, la pression sociale d’avoir une grossesse parfaite pour que personne ne vienne la remettre en question.

Si le personnel des espaces de santé n’est pas formé à la prise en compte de ces sujets, on peut se sentir particulièrement seul·e et peu soutenu·e. Ça peut avoir des conséquences sur l’état de la santé mentale au fil de la grossesse.

Par exemple, j’ai déjà eu l’occasion d’accompagner des couples queers qui se sentaient complètement mis de côté par leur équipe de suivi. Le fait qu’on les mégenre régulièrement, ou qu’on fasse pression pour qu’aient lieu certains actes qui accentuent la dysphorie (l’allaitement en fait partie ! Tout le monde n’est pas à l’aise à l’idée d’allaiter et c’est très OK.) Avoir une personne soutenante et informée dans ce genre de moments peut participer à considérablement changer le vécu global.

Trouver du soutien

Bref, vivre une grossesse queer ça demande une grosse dose de courage, de soutien et de confiance en soi. C’est pour cela que je pense qu’il est important pour les parents queers d’être accompagnés par des professionnel·le·s qui sont au courant de ces problématiques et qui peuvent être aidant·e·s sur ces sujets ! Tu as le droit de t’entourer de gens qui comprennent vraiment ce qui se passe.

Par exemple, Tu peux te rapprocher des associations LGBTQIA+ (comme La Coalition des familles LGBT+) de ta ville pour leur demander des ressources, ou aller chercher du côté des groupes Facebook de parents queers. Tu ne sais pas où chercher ? Te rapprocher d’une doula communautaire queer de ta ville peut être une idée, elle pourra te transférer un maximum d’informations et des ressources clés.

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À propos de Clée

Rédacteur·rice pigiste | Pronom: iel | Clée est doula, hypnothérapeute et œuvre à l’éducation à la sexualité, à l’accouchement et la fertilité. Sa passion pour la connaissance des corps dits féminins l’a poussé·e à devenir moniteur·rice en symptothermie et à faciliter des ateliers d’auto-gynécologie. Investi·e au sein des communautés sex-positive parisienne et bruxelloise depuis 2020, iel facilite des ateliers d’exploration à la sensualité et la sexualité. Son approche est trauma-informed et inclusive. Iel tient un compte militant sur Instagram (@Ratonreveur).

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