♫ Petit Papa Noël
Quand tu descendras du ciel
Avec des jouets par milliers
N’oublie pas mon petit pronom ! ♫
Le temps des fêtes, ce moment dans l’année qui semble féérique pour certain·e·s et cauchemardesque pour d’autres. Bien que tout le monde ne participe pas à l’ensemble de ces traditions, on éprouve souvent une volonté de se réunir avec la parenté à cette période. Mais ces rencontres ne sont pas toujours des plus envoûtantes pour toutes sortes de raisons. Peut-être que certain·e·s membres de la famille sont moins plaisant·e·s à voir, que des querelles refont surface, ou que des sujets qu’on préfèrerait ne pas aborder le sont. Dans la réalité d’une personne queer, certains enjeux identitaires peuvent également créer une résistance à vouloir célébrer avec ses oncles et tantes. Voici donc un guide de survie pour slay ton temps des fêtes en gardant une bonne conscience de toi-même dans tout le processus.
Être ou ne pas être présent·e, telle est la question
Peu importe la période de vie lors de laquelle tu as découvert ton identité sexuelle et/ou de genre, qu’elle soit arrivée très tôt dans ta vie, ou plus tard, on peut toustes s’entendre sur le fait que découvrir son queerness amène des nouvelles perspectives sur la vie et sur soi. Ces vérités, qu’elles soient récentes ou non, apportent parfois une vague de changement dans son soi intérieur tout comme son extérieur et c’est totalement normal.
S’offrir de nouvelles versions de soi suscite également le deuil de ses anciennes versions. Il est alors tellement valide si ton sentiment de sécurité envers ta famille change. Grandissant d’année en année avec ces personnes, tu as été lea spectateur·rice de leurs débats idéologiques et politiques, ce qui fait en sorte que leur cadre de pensées peut peut-être te sembler trop serré, suffocant ou voire même inaccessible maintenant que tu es une version de toi plus alignée dans ton queerness.
Dans l’optique du temps des fêtes et des invitations à se rassembler entre liens de parenté, je t’invite alors à peser tes propres pour et contre à passer ce temps en famille. Une fois cette décision prise, si tu souhaites y aller malgré certaines appréhensions, détermine clairement pourquoi. Est-ce que c’est parce que tu en ressens l’obligation ? Parce que tu as envie de reconnecter avec certaines personnes ? Parce que cette tradition est importante pour toi ? Faire cet exercice d’introspection te permettra d’ancrer un peu plus tes intentions et de déterminer comment tu souhaites naviguer socialement ces rassemblements.
Choisir sa famille
Cette évolution identitaire de ta part peut aussi amener des changements dans tes relations interpersonnelles, comme une diversification plus queer de ton entourage. Être avec des gens partageant des similarités de parcours, de vision et de valeurs et qui se supportent dans leur authenticité d’être peut créer un sentiment d’appartenance plus fort que sa famille, d’où le concept de chosen family.
Il est donc important de solidifier ta décision en réalisant qu’il y a d’autres alternatives. Passer le temps des fêtes sans sa famille n’est pas un synonyme direct de le passer seul·e. Se rassembler avec sa famille choisie entre quelques rassemblements familiaux ou au lieu de ceux-ci peut tout aussi être une option pour te permettre cet équilibre social dans ton bien-être et dans le respect de ta disposition.
Comment se préparer
Se préparer pour le temps des fêtes, ce n’est pas que penser aux cadeaux, aux tenues de soirée ou au repas. C’est aussi se préparer mentalement. Après avoir décidé de fêter dans ta famille, tu peux essayer d’alléger ta charge mentale et tes appréhensions en déterminant ce qui te permettrait de te sentir en sécurité et aligné·e. Tu peux donc te questionner à savoir :
- Souhaites-tu être accompagné·e par un·e partenaire amoureux·se ou amical·e ?
- Quels sujets souhaites-tu aborder ou non et jusqu’à où ?
- Comment mentionner tes inconforts si certains sujets te trigger ?
- Qui peux-tu rejoindre en cas de besoin ?
- Comment souhaites-tu naviguer ton changement de pronoms et noms (si c’est ta situation) ?
- As-tu des membres de ta famille sensibles et allié·e·s à ta réalité ? Si oui, peux-tu leur partager tes inquiétudes et tes besoins avant la rencontre des fêtes pour qu’iels puissent être conscient·e de ta réalité et intervenir en fonction si jamais ?
Mentaliser et accueillir plus de clarté sur ces questions te permettra de te sentir plus confiant·e si une situation te rend inconfortable.
Faire de la visualisation positive avant les rassemblements peut également être une belle initiative pour être dans un état d’esprit positif et ouvert aux autres.
Une fois arrivé·e sur place
Souviens-toi que ces festivités sont des moments partagés avec des gens que tu aimes, mais ce sont également des moments pour toi. Ne te sens donc pas coupable de choisir avec qui tu souhaites maximiser ton temps et tes échanges. Prioriser les membres de ta famille plus ouvert·e·s d’esprit, respecter tes boundaries et être dans un état de légèreté est tout ce que je te souhaite, personnellement.
Toutefois, il se peut que tes limites initialement établies soient ébranlées. Dans ce cas, fais-toi confiance et interagis au meilleur de tes capacités. Si tu as besoin d’un temps pour te recentrer, n’hésite pas à aller faire un tour dehors ou dans une autre pièce pour prendre quelques grandes respirations et pour évacuer les émotions et les énergies qui ne te font pas sentir bien.
L’aftercare
Une fois ces festivités passées, permets-toi de redescendre de ce lot d’émotions et d’intégrer ce temps passé avec tes proches. Faire de l’écriture automatique, du journaling, aller passer du temps de qualité avec ta famille choisie peut t’aider à identifier tes impressions et avoir des avis extérieurs, voire de la validation sur ce que tu as pu vivre, si certains triggers ont fait surface. Si tu as vécu des expériences familiales où tu t’es senti·e à l’écart par leurs propos ou leurs agissements, garde en tête que tu mérites d’être entendu·e dans tes vérités avec les bonnes personnes pour toi. Prends du temps pour être avec toi-même, dans ton corps et dans ton cœur. Tu pourras enfin dire que tu as survécu au temps des fêtes !