Tes amix, amant·e·s et toi avez peut-être vu circuler, cet hiver, quelques invitations festives pour adeptes de fessées, de flagellation et de costumes frappants. Lorsqu’il fait froid, quoi de mieux que des rassemblements où les corps et les cœurs s’échauffent, soit au coin d’un feu de cheminée dans l’intimité d’un petit groupe d’amix affectueux·ses, soit au son de bonnes tapes qui font rougir toutes les joues dans des lieux plus publics ? 🤭 Avant de participer à un événement kink de petite ou de grande envergure, voici 9 conseils pour bien te préparer à ce qui t’attend.

1. Comprends ton niveau de confort et tes désirs

Es-tu travailleur·se du sexe qui a l’habitude des scènes BDSM ou nouvellement fan de kink dans le confort et la sécurité de ton chez-toi ? Recherches-tu des expériences sexuelles à fond (et qu’est-ce que ça veut dire, au juste, ça ? Quels sont tes maximums et tes minimums permissibles ou souhaitables ?) ? Es-tu intéressé·e par les jouets, meubles et habits plutôt que les participant·e·s ? Ou veux-tu simplement observer (et si oui, quoi en particulier ?) ? Préfères-tu connaître les gens avec qui tu joueras, ou te sens-tu à l’aise avec des inconnu·e·s ? Cherches-tu une escapade échangiste, une petite date à deux devant d’autres ou une soirée où tout peut se passer ? Que pensent tan ou tes partenaires et amant·e·s de tes plans et comment allez vous en discuter avant, durant ou après ?

Ne voici qu’une toute petite liste de questions pour débuter ton excursion remue-méninges et ménage. Avant d’arriver dans un endroit dédié au plaisir, il faut savoir comment tu aimerais orchestrer le tien, et apprendre à quoi t’attendre des gens avec qui tu comptes t’y rendre.

Psst… On te conseille de dresser à l’avance, seul·e puis avec tan ou tes partenaires, une liste « want/will/won’t » en trois colonnes : 

1. Ce que tu désires et recherches activement, avec grand plaisir
2. Ce à quoi tu es ouvert·e, selon certaines conditions ou circonstances
3. Ce à quoi tu refuses de participer, que ce soit seulement pour cette soirée ou bien à long terme

Tu peux utiliser cet outil pratique pour trier toutes sortes de choses et de moments ainsi que débuter d’importantes conversations !

2. Choisis l’événement qui y correspond

Forcément, il y en a pour tout le monde et pour toutes les envies ou presque. Si tu n’as pas beaucoup d’expérience et/ou que tu aimerais exercer tes regards voyeurs plutôt que (ou avant de) participer, plusieurs sortes d’événements lowkey existent pour te permettre d’apprendre graduellement. Les collectifs comme les salles ou donjons tiennent régulièrement des socials ou des munch, qui permettent aux membres des communautés kink de se rassembler entre adeptes et débutant·e·s pour se rencontrer et échanger sur tous les sujets. C’est une très bonne manière de recevoir des conseils, de découvrir des possibilités que tu ne soupçonnais pas (apprendre à quoi servent certaines pièces d’équipement, etc.) et de te familiariser avec un espace comme un donjon avant qu’il ne soit bondé et en pleine action.

Les cours, par exemple de burlesque, de ligotage/shibari, de jeux d’impact, de dynamiques D/s, etc., et les performances, comme la Nuit des Cordes durant la Nuit Blanche à Montréal — qui s’en vient vite ! — sont aussi de bonnes opportunités de se retrouver parmi des gens qui s’y connaissent pour tremper tranquillement les orteils (ou d’autres membres) dans de nouvelles activités sans être submergé·e de plein fouet.

Si tu es prêt·e à prendre le taureau par les… couilles ?, tu peux aussi acheter un billet pour une soirée au Cirque de Boudoir à Montréal ou une entrée dans un sauna sexy. L’endroit dictera le type d’événement et ce qui s’y déroulera, qu’il s’agisse d’un club gigantesque où les tenues à thème sont de mise ou d’un lieu à éclairage tamisé où il faut tâtonner pour trouver des corps sur lesquels tomber. Tu peux aussi dénicher nombre d’événements exclusivement sur invitation sur FetLife.

3. Nivelle tes attentes

D’abord, kink n’équivaut pas sexualité. On se fait souvent à l’idée que les partys kink sont des orgies de débauche et de nudité, mais ce n’est pas toujours (ou même souvent !) le cas. Ce sont aussi, ou parfois seulement, des occasions de se retrouver entre pratiquant·e·s alternatif·ve·s dans un espace sécuritaire et sans jugement pour se faire des amix et des amant·e·s. Les événements kink peuvent varier énormément en contenu et en contexte, du chilling non sexuel à l’orgie totale. Renseigne-toi sur la spécificité de ceux auxquels tu comptes te pointer !

Ensuite, autant tu dois te préparer à ce qui t’attend peut-être en faisant de petites recherches et un peu de brainstorming, autant il se peut que des attentes grandioses soient déçues. Ce peut être que les gens ou l’endroit ne te titillent tout simplement pas rendu·e là-bas, ou bien l’événement ne réussit pas à produire ce qu’il planifiait, ou encore, en fin de compte, ton humeur, ton niveau d’énergie ou le stress affectent négativement ta disposition autrement très excitée et joueuse et font pour une soirée qui ne s’avère pas aussi le fun que tu le souhaitais. Comme un peu partout ailleurs, si tu ne t’attends pas à la perfection, mais que tu te prépares correctement, tu invites le meilleur tout en évitant la déception s’il n’arrive pas.

4. Lis bien les descriptions et directives

Tout événement kink digne de ce nom s’assure que ses participant·e·s ont accès à ses instructions claires et à ses avertissements pertinents (et gare à ceux qui n’en ont pas…). D’ailleurs, les individu·e·s ou organismes qui les organisent demandent souvent aux invité·e·s de signer un formulaire de consentement selon quoi iels reconnaissent avoir bien lu, compris et souhaitent suivre les directives. Celles-ci t’informeront des bonnes pratiques dans les communautés BDSM et autres communautés en jeu, puis des règles et attentes comme l’interdiction de prendre des photos ou de toucher quelqu’un·e sans son consentement. Va aussi faire un tour sur les pages FAQ des sites web pour dénicher d’autres informations utiles auxquelles tu n’aurais peut-être pas pensé pour te préparer adéquatement, par exemple si le costume ou la tenue à thème est obligatoire pour entrer, quel niveau de nudité ou de sexualité est acceptable (regarde bien la définition fournie pour comprendre ce qui constitue du « sexe » ici, selon les organisateur·rice·s ou les lois et permis de l’emplacement géographique), ou s’il est coutumier de venir seul·e.

Dans plusieurs clubs échangistes par exemple, il est fortement déconseillé — et bien plus dispendieux — d’arriver sans partenaire si tu es un homme, tandis que les femmes seules sont bienvenues. Cette mesure vise en général à garder un certain équilibre dans les nombres et à éviter qu’il ne se retrouve des participants prédateurs, mais cela en dit gros sur la culture cishétéronormative de tels endroits.

À ce propos d’ailleurs, les règles des événements tendent à être strictes à l’endroit du harcèlement comme de toutes sortes de discrimination, pour protéger en particulier les personnes des communautés 2SLGBTQIA+. Non seulement ceci sera vraisemblablement écrit dans le formulaire de consentement nécessaire à l’achat de ton billet, mais il risquera aussi d’y avoir des panneaux à l’entrée et peut-être au bar ou sur d’autres murs de la place indiquant la politique de zéro tolérance pour ceux qui ne respectent pas les directives et le savoir-vivre que le party requiert.

5. Arrive à l’avance pour éviter l’overwhelm

Arriver fashionably late à une fête, ça a ses plus si tu cherches à faire une grande entrée ou si tu veux sauter les moments awkwards où la salle vide se remplit. Pourtant, dans un party kink, ça peut être vraiment intense de rentrer quand il y a une grosse file à l’extérieur et que la pièce est hyper pleine de corps déjà suants, jouissants et puants ! Si tu choisis d’adopter une position d’observateur·rice au début d’un événement, tu pourras au contraire tâter le pouls de la foule qui fait son entrée petit à petit, sentir si le vibe te plaît et dans quelles salles ou avec quels équipements tu aimerais te poser s’il y en a une variété, et décider qui tu aimerais approcher. C’est d’ailleurs assez difficile (et ça demande plus de courage et de confiance en soi !) de s’intégrer à une scène si tu fais partie d’un auditoire d’une vingtaine de spectateur·rice·s, alors que tu peux plus confortablement faire sentir ton intérêt si vous n’êtes que deux ou trois à observer un couple ou un groupe qui joue.

Non seulement arriver à l’avance permet des expériences plus graduelles, mais ça te gagnera du temps pour faire une petite mission de reconnaissance des lieux pour commencer à planifier ton itinéraire et ton horaire, ainsi que savoir par où aller te reposer lorsqu’il devient nécessaire de prendre une pause de toute l’intensité d’une soirée.

6. Laisse les substances pour une autre occasion

Alors qu’aller à une boîte de nuit pour danser, ça suppose selon la culture nord-américaine que l’on veuille se saouler pour augmenter sa confiance et ses chances d’avoir des rencontres érotiques, cette attitude pose plein de problèmes côté consentement. Là où il y a sexualité, il y aura toujours risque, qu’il soit physique (grossesse, ITSS, violence, accidents) ou émotionnel. Le danger augmente significativement lorsque l’on y mêle des objets tranchants ou qui heurtent, du feu, des cordes, de l’électricité, etc. Pas besoin de rajouter une couche de danger qui peut être évitée avec l’alcool et les drogues ! Si tu consommes, fais-le minimalement ou abstiens-toi, en particulier si tu manques d’expérience. Ce serait plate de ruiner une super soirée parce que tu fais mal à quelqu’un par accident (plus qu’iel ne le désirait) ou parce que tu vomis en pleine scène sexy… Souviens-toi qu’ici, le risque est plus élevé et le coût d’une bêtise aussi. L’intoxication n’a pas sa place dans les espaces BDSM publics.

7. Connais et communique tes limites

Même si tu as bien ausculté tes désirs et tes plaisirs (retourne au conseil #1 si tu ne sais pas de quoi on parle !), ce n’est pas tout : il faut que tu prévoies pouvoir discuter de tes attentes et de tes boundaries avec tes compagnon·ne·s de party en temps réel. Autrement dit, en pleine foule et intensité de musique, d’intimité, d’excitation et d’autres émotions. Non seulement vas-tu probablement devoir apprendre à refuser poliment, mais fermement, des invitations qui ne t’intéressent pas en provenance d’inconnu·e·s rendu·e là-bas, mais tu auras aussi à exprimer tes limites aux gens que tu connais et en qui tu as déjà confiance. Peu importe à quel point vous négociez à l’avance, il y aura toujours des scénarios imprévisibles qui éclosent avec leur lot d’incertitude, d’inconfort, de jalousie. Ceux-ci sont plus difficiles à gérer sur les lieux et sous l’influence de l’ambiance et des attentes pressantes des autres, alors exerce-toi d’emblée à tenir ferme dans tes besoins. Tu peux trouver de bonnes stratégies pour ce faire dans le livre en anglais de Lee Harrington et de Mollena Williams Playing Well with Others : Your Field Guide to Discovering, Exploring and Navigating the Kink, Leather and BDSM Communities (Greenery Press, 2012). 

N’oublie pas, aussi, que tes décisions préalables changeront peut-être en face de toutes sortes de nouveaux facteurs que tu n’as pas pu ou pensé calculer. La flexibilité est importante non pour accommoder les autres forcément, mais surtout pour faire place à tes propres feelings et intuitions dans le moment. Dédie un instant à la réflexion avant d’agir en temps réel, et avance prudemment.

8. Respecte les moments privés même dans des endroits publics

Nous avons déjà parlé de ton consentement, mais qu’en est-il de celui des autres qui t’entourent et se dévoilent ou se dénudent devant toi dans un party kink ? Comme ailleurs en société, le fait que tu puisses voir le corps des autres ne t’octroie pas pour autant le droit d’y toucher ou même de passer des commentaires sur leur apparence. Si tu tombes sur un couple qui joue au tennis dans un parc public, tu dois exercer ta discrétion si tu aimerais assister au match. Il est poli de regarder de loin, mais ce n’est pas tout le monde qui serait à l’aise si tu décidais de t’asseoir sur leur banc pour observer le détail du jeu, voir partager ton avis non sollicité sur leur pratique du sport. Évidemment, tu ne sauterais pas sur le terrain où un match se déroule déjà pour prendre la raquette de quelqu’un·e et lui piquer son partenaire aussi. Si leur niveau d’échange t’intéresse et que tu souhaiterais participer, tu attendrais sûrement une pause naturelle dans leur jeu pour aller à leur rencontre et respectueusement t’engager en conversation, et tu jugerais probablement à quel point ces personnes sont réceptives et amicales avant de proposer de te joindre à elles, n’est-ce pas ? Et à n’importe quel moment possible là-dedans, il se peut que la situation ne soit en fin de compte pas propice à ce que tu t’y intègres ou même que tu doives continuer ton chemin, car il serait indiscret d’être simplement observateur·rice.

Eh bien, transpose cette situation côté kink, dans n’importe quel scénario que tu crois rencontrer. Si tu te promènes dans les couloirs de l’établissement BDSM, par exemple, et que tu tombes sur une salle plus intime où plusieurs couples et groupes sont assis sur des sofas ou sur le sol et s’embrassent ou se touchent, il serait bon que tu observes la scène de loin pour chercher à deviner si elle comporte des règles non dites (si tu retournes au conseil #4, tu présumeras qu’il manquait justement toutes ces attentes qui ne sont pas forcément écrites, mais qui découlent du gros bon sens et/ou du vibe de chaque salle). Après avoir glané un peu plus d’information ainsi, tu pourrais te rapprocher et choisir une place pour regarder de plus près si tu es seul·e, ou bien pour commencer ta propre session de make out torride si tu es déjà avec un·e ou des autres. À toi de juger ensuite du langage corporel des autres autour de toi pour hasarder des invitations ou des requêtes. Tu ne perds rien à demander respectueusement, quitte à ce qu’on te refuse, mais attention de ne pas faire de faux pas en y allant trop fort s’il n’y a pas place à ça. Fais bien attention de pratiquer le consentement éclairé.

Si des personnes s’adonnent à des pratiques érotiques ou kinky devant une foule, cela ne veut pas nécessairement dire qu’elles cherchent d’autres participant·e·s. Au studio de shibari Tension à Montréal par exemple, ce sont seulement certaines personnes qui seront confortables de ligoter ou d’être attachées par un·e inconnu·e qui leur en fait la demande. Bien souvent, ces gens utilisent l’espace, consentent à ce qu’on les regarde d’une certaine distance, mais s’attendent à ce que leur intimité et leur scène kink privée soient respectées tout de même.

9. N’oublie pas que tu peux quitter à tout moment

Enfin, tu n’es obligé·e en rien à demeurer dans cet espace pour toute la durée du party, quel qu’il soit. Tu y vas pour avoir du bon temps, et si tu n’en as simplement pas, rien ne t’empêche de partir (même si tan ou tes partenaires finissent un peu frustré·e·s ou déçu·e·s). Puisque l’espace entier suintera probablement d’érotisme, le consentement de participation lié à ta présence peut être retiré à tout moment — un peu comme tu as tous les droits de freiner ou d’arrêter d’avoir une relation sexuelle avec quelqu’un·e sans devoir nécessairement justifier cette décision qui appartient à ton corps et à toi.

Muni·e de ces 9 conseils pour bien vous préparer, toi et tes compères, à ton premier ou à ton énième party kink, tu es sûr·e de faire une entrée (et une sortie) sécuritaire et, on l’espère, fort plaisante, suivie de bien de bonnes aventures !

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À propos de Elyx Desloover

Rédacteur·rice pigiste | Pronoms: iel/ellui | Joyeusement gamin·e, j’aime provoquer les gens à jouer. Avec les mots comme les idées, les corps, les identités. Je trouble à dessein les sols sur lesquels on se promène sans y penser. J’interroge et fais réfléchir celleux qui m’entourent pour déconstruire les concepts réducteurs de nos belles et fluides multiplicités. Suite à des études de bac et de cycles supérieurs en philosophie et en littératures, je me consacre à un doctorat en études culturelles axé sur des enjeux trans, féministes et abolitionnistes, la justice transformatrice par le care et les politiques du plaisir. Je vise à soigner ce que je peux grâce aux remèdes naturels, à la cuisine remplie d’amour et de plantes, puis au yoga dont je suis professeureuse. Mon temps libre se trame aussi de rituels intentionnels valorisant la connexion à soi comme à autrui et au monde – communication transparente, tarot, pendule, pleine présence. Que peut-on donc créer ensembles à partir des failles de systèmes morcelés, le poème à la bouche et le sourire dans les yeux?

Une réflexion sur “9 conseils pour participer à un party kink

  1. Emma Berrigan Ramirez dit :

    J’ai été submergée par cet article. Bien expliqué, clair, avec des exemples parlants, toute en légèreté 🙂
    Merci de parler s’y ouvertement et pleinement de ces sujets, et de nous donner envie d'(de sex)explorer !!!

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