On a déjà remis les pendules à l’heure concernant l’allure de la vulve « normale » — il était grand temps de faire de même pour nos compatriotes muni.e.s d’un pénis.

As-tu déjà regardé de la pornographie ? Inutile de répondre, on se doute bien que oui. Selon L’Observatoire des réalités familiales du Québec (ORFQ), 80% des hommes et 25% des femmes consomment du contenu pornographique au moins une fois par semaine. Ajoute à ça les personnes trans ou non-binaire (qui sont malheureusement rarement incluses dans les études) — ça fait beaucoup de monde exposé à ces « standards » du corps humain de manière hebdomadaire. 

Si on sait que la porno populaire représente généralement le corps de la femme sous l’angle du male gaze (et donc l’objectifie), on oublie que les modèles masculins, eux aussi, tombent souvent dans les stéréotypes. Surtout qu’on nous montre rarement autre chose que leur entrejambe.

À force de ne voir que des spécimens choisis spécifiquement pour leur grande taille, on se fait une version déformée de la « normalité ». Entre les publicités de produits qui promettent de faire gagner 2 po de plus de longueur pénienne, les condoms de la pharmacie qui viennent en « taille régulière » ou XL, la rumeur trop répandue que « gros pénis = bon coup garanti » et que son contraire est indésirable, on a voulu savoir : le pénis représenté de manière générale dans la porno (aka la palourde royale), est-il vraiment la norme ? À quoi ressemble le pénis moyen ?

Si gros que ça ?


En tant que société, on a pris l’habitude de glorifier le fait d’avoir un gros membre. On l’associe à la puissance, à la virilité, au succès. On ridiculise les « petit pénis », whatever that means, et on les considère souvent comme inférieurs.

Pas étonnant que l’apparence du pénis soit source de préoccupations pour de nombreuses personnes en ayant un. Est-il assez gros ? Est-il désirable ? Certains individus redoutent les douches publiques après un entraînement de hockey, préfèrent l’abri des cabines plutôt que d’utiliser l’urinoire, ou sont anxieux à l’idée d’un one-night par peur qu’on se moque de leur pénis.

Pourtant, selon des chercheurs du King’s College de Londres, avoir un pénis de la taille d’une aubergine, comme on les voit dans la porno, n’est pas nécessairement la norme. Selon leurs recherches décortiquant 17 études, la taille moyenne d’un pénis en érection est de 13,12 cm. Et question d’illustrer la diversité de taille : les différents pénis engorgés mesurés chez près de 15 500 hommes allaient de 4,8 cm à 21,2 cm de longueur. 

Une moyenne à prendre avec un grain de sel puisque la majorité des personnes étudiées était principalement caucasienne ou provenait du Moyen-Orient (bref, ça manque de représentation), et que des facteurs externes ont pu influencer les résultats de l’analyse — comme la possibilité que les personnes soucieuses de la taille de leur membre n’aient pas voulu participer aux études. Mais toujours est-il qu’à 13,12 cm, on est loin de ce que la porno voudrait nous laisser croire être « la norme ».

De toute façon, a-t-on vraiment besoin d’être équipé.e comme un étalon pour procurer du plaisir à san partenaire ? Le sentiment de plénitude est certainement agréable et recherché par plusieurs, et si c’est un fantasme pour toi ou tan partenaire, go for it. Mais si on s’en tient strictement à l’anatomie, est-ce mieux si c’est plus gros ?

On t’invite à le découvrir en répondant à trois petites questions.


La réponse : non. Comme le veut le vieux dicton, c’est pas la taille qui compte, mais ce que tu fais avec (ou avec tes doigts, ta langue ou un jouet sexuel).

Circoncis, pas circoncis ?


As-tu déjà vu un pénis flaccide dans une vidéo porno ? Ça ne court pas les rues. À force de n’être exposé.e qu’à des membres engorgés (qu’il est moins évident d’identifier comme circoncis ou pas, à ce stade), on oublie que pour plusieurs, au repos, le gland se rhabille, tout comme on remet son coton ouaté après une p’tite vite en hiver.

Pas plus tard que la fin de semaine dernière, entre une chanson de Dua Lipa et une de Charlotte Cardin, une station de radio montréalaise (que je ne nommerai pas) diffusait une publicité pour une clinique de circoncision destinée aux hommes adultes. Let me rephrase that: une publicité pour une chirurgie esthétique du pénis. 🤯

Je dis chirurgie esthétique, parce que, spoiler alert, avoir un pénis circoncis n’est pas nécessairement mieux pour la santé que d’en avoir un intact. Depuis les années 2000, la majorité des grandes associations médicales de l’Amérique du Nord a d’ailleurs cessé de recommander la circoncision systématique. À moins de souffrir d’un problème de santé particulier, on ne la considère plus comme médicalement nécessaire. (Radio-Canada)

Pourquoi vouloir se faire circoncire alors ? Parce que c’est plus propre ? Pas tout à fait — le gland est plus facile à laver parce qu’il n’y a pas de peau à retrousser, mais à moins d’avoir un problème d’hygiène, ce n’est pas une situation qui requiert une intervention chirurgicale.

Parce qu’on a moins de chance d’attraper une ITSS, alors ? Nope. Circoncis, pas circoncis, seul un condom a le pouvoir de nous protéger. 

Parce que le feeling est meilleur ? Non plus. Une étude de 2007 n’a révélé « aucune différence sensorielle ou même sexuelle entre des hommes circoncis et des hommes au prépuce intact », selon l’urologue Serge Carrier.

En fin de compte, se faire circoncire à l’âge adulte, ça revient souvent à une préférence par rapport au look de son membre. 

Poilu, pas poilu ?


Du point de vue pornographique, la priorité est souvent d’avoir un angle de vue bien dégagé. Un pénis enfouit dans sa toison fait bien moins « imposant » que s’il trône fièrement dénudé au sommet du pubis. Un anus touffu n’est pas aussi « exposé »… Bref, sans poils, la caméra peut mieux capter « l’essentiel » de ce que la porno populaire se veut être : des images crues et des gros plans sur les parties génitales.

Cependant, naturellement, chaque corps a une pilosité différente. Tout comme certaines personnes ne sont dotées que d’une moustache molle, d’autres ont une barbe digne de Gandalf — pareil pour la région génitale. Les quelques poils ici et là sont tout aussi normaux que le buisson qui s’étend bien au-delà de la raie des fesses. 

Et le corps humain est bien fait : tout est pensé ! Même le poil pubien. Sa fonction : favoriser l’aération des parties génitales et les protéger des bactéries. Le poil n’est donc pas sale, comme certaines rumeurs le laissent sous-entendre — au contraire ! Il suffit d’une bonne hygiène (aka, une douche quotidienne) et le tour est joué. Il y a donc plus de bienfaits à garder son duvet qu’à se raser. Mais encore là, les préférences esthétiques et sexuelles ont souvent le dessus. En fin de compte, tu fais ce que tu veux, mais sache que tu as le choix.

Pas si communs que ça finalement

On en conclut donc que non, le pénis de la pornographie populaire — énorme, toujours érigé et sans aucun buisson aux alentours, tel un cactus au milieu du désert — n’est pas la norme. A-t-il influencé les préférences et les attentes sexuelles de notre société nord-américaine ? Certainement. Mais dans les faits, il y a autant de diversité chez les pénis que pour le reste du corps humain. Long, court, large, mince, courbé vers le bas ou vers le haut, plus à droite ou à gauche, poilu, recouvert de peau ou non : peu importe son allure, on t’invite à le voir d’un nouvel œil — et tant qu’à t’être dénudé.e pour y jeter un regard, à lui donner un peu d’amour 😘 .

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À propos de Laurence Gribling

Rédactrice | Pronoms : elle/la | Fan de café, féministe intersectionnelle, cat lady, et nomade à mes heures, j’ai porté plusieurs chapeaux avant de prendre celui de rédactrice en chef pour JUST A LITTLE FUN. Entre deux jeux de mots et une référence de culture pop, j’espère aider à changer les normes, à éclaircir les tabous, bref, à shaker un peu la sexualité pour la débarrasser de ses chaînes, un article à la fois.

Une réflexion sur “Les pénis de la pornographie sont-ils la norme ?

  1. Camille dit :

    Bonjour,

    Pour la peine mon dernièler partenaire était circoncis et honnêtement ça chane toute les sensations. Je suis pas la seule femme a trouver que les sensations soit meilleur avec un circoncis surtout que c’est bon pour eux aussi.

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