Je suis doula queer à Bruxelles et j’adore accompagner les naissances. Régulièrement, on me demande quels sont les mythes autour de l’accouchement auxquels je suis le plus souvent confronté. Voici des exemples spécialement rédigés pour JUST A LITTLE FUN.
Mythe 1 : Si tu fais une césarienne, tu auras moins de lien avec ton enfant
De nombreuses personnes pensent qu’une naissance par césarienne n’est pas une « vraie » naissance et qu’elle empêche de créer du lien avec son enfant.
Certaines personnes disent qu’une naissance par césarienne empêche la production naturelle d’ocytocine, « l’hormone de l’amour », qui permet de créer l’attachement. D’autres vont carrément jusqu’à dire que c’est une histoire de microbiote qui dérègle les émotions de l’enfant.
Selon eux, si l’enfant ne traverse pas le canal génital, iel ne peut pas être en contact avec les germes de sa mère et cela peut avoir un impact sur ses émotions. Calmons-nous, quand bien même y aurait-il un impact sur le microbiote du bébé, cela se dissipe au bout de quelques semaines de vie.
La césarienne est une naissance à part entière et rien ne dit qu’un·e enfant né·e par césarienne aura plus de soucis émotionnels qu’un·e autre ! Souviens-toi que ce qui compte, c’est la façon dont on s’occupe de l’enfant et pas seulement le jour J de l’accouchement.
Mythe 2 : Les bébés naissent pile le jour du terme
On aimerait pouvoir se dire que les bébés sont comme des pizzas qu’on commande sur Uber Eats et qui arrivent pile à l’heure… Sauf qu’il n’y a rien de plus faux !
La date de terme qu’on te donne à l’échographie de datation est particulièrement approximative. En effet, elle se base sur la date de tes dernières règles et ce qui est observé à l’échographie. Mais il peut y avoir des variations considérables entre les estimations et la vraie vie !
La plupart des personnes accouchent quelques jours après la date présumée d’accouchement !
L’échographie de datation se base en effet sur des statistiques théoriques : un cycle de 28 jours et une ovulation à J14. Ce qui n’est pas le cas d’un bon nombre de personnes. Les premières échographies ont donc une marge d’erreur d’environ 7 jours. Ce qui peut changer pas mal de choses sur une date de terme !
Si tu suis ton cycle avec de la symptothermie par exemple, tu auras déjà une idée plus précise du jour de conception en fonction de ton cycle.
Encore quelques statistiques pour la route :
- 70% des accouchements ont lieu à 40 semaines d’aménorrhées et 4 jours
- 15% ont lieu après 41 semaines d’aménorrhées
- 1% après 42 semaines d’aménorrhées
Il y a donc de la marge entre le jour du terme présumé et la vraie vie !
Mythe 3 : Il n’y a que la péridurale qui soulage la douleur
Bien que la péridurale soit la façon de soulager la douleur d’un accouchement qui est la plus souvent présentée, elle est loin d’être la seule ! Certaines personnes refusent la péridurale et se tournent vers des solutions non médicamenteuses.
Par exemple, l’auto-hypnose, si elle a été apprise avant l’accouchement, peut être une façon particulièrement efficace de gérer l’intensité d’un accouchement et permet de ne pas avoir mal.
La technique du peigne est aussi bien connue des doulas pour faire diversion. Il s’agit de serrer un peigne dans sa main en suivant le rythme des contractions. Cela permet au corps de se concentrer sur autre chose et paradoxalement d’avoir moins mal. Pour faire diversion, certaines personnes aimeront aussi faire la technique du karaoké et chanter dans leur tête (ou pour vrai !) afin de se concentrer sur autre chose !
Enfin, si on a envie d’une solution médicamenteuse qui ne soit pas la péridurale, sache qu’en fonction du stade du travail, il est possible de demander du gaz hilarant.
Mythe 4 : Être sur le dos est la meilleure façon d’accoucher
Être sur le dos est la façon d’accoucher qui est la plus pratique pour les professionnel·le·s de santé. En effet, on voit davantage ce qui se passe et on peut plus facilement intervenir. Mais ce n’est pas du tout la façon la plus pratique pour la personne qui accouche !
Être mobile peut considérablement aider le travail. D’une part, parce que cela permet d’être actif·ve, de distraire son attention et de limiter la douleur. D’autre part, parce que cela permet de dégager une plus grande amplitude d’ouverture du bassin pour faire passer le bébé. C’est pourquoi des personnes trouveront beaucoup plus pratique d’accoucher à quatre pattes, ou accroupi·e ou même debout encore en se suspendant à quelque chose (ou quelqu’un·e !)
J’aime beaucoup la métaphore d’aller aux toilettes, pour parler de la position d’accouchement. Je n’ai jamais vu personne décider d’aller faire caca sur le dos, parce que ce n’est vraiment pas pratique pour pousser. En revanche, s’asseoir ou s’accroupir aide déjà beaucoup… à méditer !
Mythe 5 : Accoucher chez soi, c’est dangereux
Non pas vraiment. En tout cas, ce n’est pas ce que disent les chiffres. En France, l’Association Professionnelle de l’Accouchement Accompagné à Domicile (APAAD) produit chaque année un rapport avec l’aide des sages-femmes qui pratiquent des accouchements à domicile.
La plupart du temps, tout se passe bien pour les parents. Seuls 3% d’entre eux doivent vivre des césariennes et 6% seulement des péridurales. Ce qui n’est pas beaucoup.
Quand on parle d’accouchement chez soi, on parle le plus souvent d’accouchement à domicile encadré par une sage-femme. Ces dernières font déjà une sélection sur les grossesses et n’accompagnent que celles qui ne présentent qu’un risque limité.
D’autres parleraient volontiers des accouchements non accompagnés, ce sont les accouchements où on accouche seul·e chez soi sans l’aide d’une sage-femme (ni d’une doula qui, rappelons-le, n’a aucune compétence en médecine !)
Les corps savent accoucher. Tout comme ils savent rire, dormir ou aller aux toilettes, ils savent accoucher. Être chez soi permet souvent de limiter le stress de l’hôpital qui peut induire des complications chez certaines personnes. Le livre Accoucher par soi-même est très intéressant au sujet des Accouchements non accompagnés (ANA).
Mythe 6 : On accouche plus souvent les soirs de pleine lune
Je t’ai laissé mon mythe préféré pour la fin. Il a la vie dure, aussi avec le ressort des mouvements issus du féminin sacré qui associent énormément le cycle menstruel à la lune, mais… non il n’y a pas plus de naissances les soirs de pleine lune que les autres soirs, héhé !
Si tu cherches un lien pour relier la naissance aux astres, je t’encourage à te tourner plutôt vers l’astrologie qui est très en vogue en ce moment. Parce que les soirs de pleine lune n’ont absolument aucun impact sur rien — mais tu pourras papoter pendant des heures du signe de ton enfant en fonction de son moment de naissance !