En tant que doula, je réalise fréquemment à quel point l’infertilité est un sujet souvent méconnu dans notre société contemporaine. On n’a pas envie que ça arrive, dans un monde où la médecine est omniprésente. Et quand ça arrive… on n’a pas envie d’en parler ! Dans cet article, brisons la glace et découvrons quelles ressources offrir à ses proches qui souffrent d’infertilité.
L’infertilité et son silence
Ce sujet, bien que touchant de nombreuses vies, demeure curieusement tabou, et ajoute un fardeau émotionnel supplémentaire aux personnes qui traversent cette expérience délicate. L’omniprésence de ce silence crée un isolement émotionnel qui intensifie les défis déjà présents.
De nombreuses personnes vivent l’infertilité sans rien dire et statistiquement, tu en connais probablement : un·e collègue de travail, un·e voisin·e ou un·e commerçant·e de quartier. Au Canada, 10 à 15% de la population est concernée par l’infertilité. Cela représente près de 330 000 couples !
Il n’y a pas UNE, mais DES expériences d’infertilité
Les causes de l’infertilité sont aussi diverses que les histoires de vie qui les sous-tendent. Les problèmes médicaux sous-jacents peuvent être des acteurs majeurs, allant des conditions gynécologiques aux problèmes de santé générale.
Mais l’infertilité ne se limite pas à une liste de diagnostics. Elle s’étend également aux défis émotionnels, tels que le stress, la dépression et l’anxiété, qui peuvent jouer un rôle crucial dans le processus de conception. Chaque personne, qu’elle soit en couple ou non, a son lot unique de défis médicaux et émotionnels, comme un petit sac à dos qu’on transporte avec soi.
On pourrait vouloir pointer du doigt un coupable, mais c’est souvent un ensemble de facteurs imbriqués les uns aux autres qui créent l’infertilité et qui rendent le sujet si complexe. On peut faire « tout bien » sur papier et avoir des difficultés à concevoir, même après avoir déjà eu un·e enfant.
Rendre les parcours de soutien à l’infertilité plus queer-friendly !
Être queer et vouloir faire un bébé, c’est parfois compliqué.
Les réalités de la fertilité sont souvent filtrées à travers un prisme hétéronormatif, laissant peu de place à la diversité des expériences. Les couples queers peuvent être confrontés à des défis qui nécessitent des approches médicales et émotionnelles spécifiques. Les technologies de reproduction assistée, telles que la gestation pour autrui ou l’insémination artificielle, deviennent des options importantes à explorer. Brisons les stéréotypes qui persistent autour de l’infertilité LGBTQIA+ !
Quels sont les parcours de soutien à l’infertilité ?
Il y a des solutions médicales, des traitements et des démarches possibles. Des avancées médicales, telles que la procréation médicalement assistée, offrent de nouvelles options.
Au Québec, un programme de procréation médicalement assistée (PMA) est accessible depuis 2021 et fournit une solution médicale aux personnes qui ne parviennent pas à concevoir un enfant.
Le programme est ouvert aux couples femme-homme, aux couples femme-femme et aux femmes seules.
Pour y accéder, il faut être assuré par le régime public d’assurance maladie, ne pas avoir de partenaire qui a eu une stérilisation volontaire, ni en avoir eu une soi-même (par exemple : vasectomie ou ligature des trompes), être âgé·e de 18 ans et plus au début des traitements et ne pas avoir plus de 42 ans pour la personne qui portera l’enfant.
Vivre un parcours de PMA, quel qu’il soit, n’est jamais facile, car cela requiert énormément d’énergie physique et mentale. Raison de plus pour être bien entouré·e !
Parler de l’infertilité : l’importance du soutien communautaire
Moins on en parle, moins on se soutient.
Comme le tabou concernant l’infertilité est fort présent, la plupart des personnes concernées souffrent en silence. Elles se retrouvent souvent à porter seules le poids de leurs luttes, leurs espoirs et leurs peurs enfouies.
Ouvrir un espace où chacun·e se sent libre de partager son parcours est particulièrement important. L’infertilité n’est pas une entité homogène, elle affecte différemment chaque individu, chaque couple. Il existe des associations ou des groupes de paroles en soutien à l’infertilité pour accueillir les vécus sans jugement et avec bienveillance. Au Québec, citons Association Fertilité Québec.
Proposer des ressources pour soutenir et écouter
Certains livres ou films peuvent faire énormément de bien. J’aime particulièrement la BD « Mes presque riens » qui parle de fausse couche et qui permet de sensibiliser le public à propos du fardeau solitaire qui est vécu. Il est utile à offrir à l’entourage pour comprendre ce qui se passe. Les fausses couches sont bien plus fréquentes qu’on ne le pense et certaines personnes vivent des fausses couches à répétition. Tomber enceint·e et ne pas pouvoir garder son bébé, c’est aussi lié à l’infertilité. Au Canada, entre 15 et 25 % des grossesses se terminent par une fausse couche.
En tant que personne alliée, la ressource la plus douce sera toujours ton écoute et ta présence pour ton proche. Tu peux lui proposer une écoute attentive si l’envie de parler est là. Ou juste une balade en forêt, ou un petit mot de soutien. Parfois, on a envie de se sortir la tête de l’infertilité et de penser à autre chose.
À ne surtout pas dire à une personne souffrant d’infertilité
- « Arrête de stresser et ça viendra tout seul. »
- « Prends des vacances ! »
- « Si ça n’arrive pas, c’est que ça ne doit pas arriver. »
- « Au moins, tu as déjà un·e enfant, il y a des gens qui n’en ont pas du tout ».
Attention aussi aux dérives du New Age qui sont souvent essentialistes et culpabilisantes en faisant croire que le problème vient d’un manque de guérison du « masculin » ou du « féminin » intérieur. N’impose pas ta spiritualité à tes proches qui souffrent d’infertilité.
Souviens-toi que tes proches n’ont pas besoin de ces remarques. Ce qu’ils traversent est déjà assez difficile à vivre comme ça.
Se mettre à la place des gens ou essayer de deviner leurs émotions sera toujours relativement maladroit. Il n’y a pas de recette miracle, pas de formule magique qui fait venir les bébés quand on vit l’infertilité et il serait faux de croire le contraire.
Écouter, être là et soutenir. Ce sont les principales choses que tu peux faire pour être allié·e. Et si tu as des doutes, pourquoi ne pas demander l’aide d’une doula ? Elle saura probablement t’aiguiller pour t’aider à prendre soin.