Si je te dis « non-monogamie », tu penses peut-être à des orgies à profusion et une sex life qui n’arrête jamais de fleurir. Bien sûr, pour les couples qui choisissent la non-exclusivité sexuelle, ça peut être le cas. Mais s'il existe une panoplie de façons de vivre la non-monogamie, il existe tout autant de raisons personnelles de choisir de l’explorer. 

Unpopular opinion : tous les couples auraient avantage à questionner leur modèle relationnel pour s’assurer que celui-ci corresponde aux besoins, aux envies et aux limites de chaque personne concernée. Moi-même étant dans une relation non-monogame depuis 6 ans avec le même partenaire, je remets de temps en temps en question l’ouverture de notre couple.

Parfois, je me demande intérieurement : « Gabi, pourquoi tu t’efforces à te travailler le muscle de la compersion alors que tu pourrais vivre nonchalamment dans une relation monogame sans constamment être confrontée à la possibilité que ton partenaire rencontre une autre personne plus cool que toi et devoir te rappeler ta propre valeur et la confiance inébranlable que vous avez bâtie avec le temps ? »

Les réponses sont innombrables et chaque personne y trouvera les siennes. Même dans ces moments de grands questionnements existentiels, je me rappelle de tout ce que la non-monogamie m’a appris et continue de m’apprendre, autant sur l’amour que sur moi. 

Je te partage les 5 raisons qui m’inspirent à continuer d’explorer la non-monogamie et qui pourraient te donner envie d’essayer, ou du moins d’y songer ! 

Explorer sa sexualité sous toutes ses facettes  

Let’s talk about sex, baby! Let’s talk about you and me (and every other hot human) ! Avoir des rapports sexuels avec d’autres personnes que san partenaire principal·e — si partenaire principal·e il y a — ça permet de : 

  • Approfondir nos propres désirs et préférences sexuelles ;
  • Alimenter notre imaginaire sexuel pour diversifier et pimenter 🌶 la vie de couple ;
  • Explorer sa queerness* ;
  • Satisfaire différents désirs et fantasmes au lieu de les refouler (par expérience, les désirs refoulés peuvent, à la longue, finir par prendre beaucoup de place) ;
  • Réaliser certaines pratiques ou activités qui n’intéressent pas notre partenaire principal·e (par exemple, tan partenaire n’a pas envie de BDSM et toi tu en rêves ?) ; 
  • Si la sexualité est vécue par les partenaires principaux·ales avec d’autres personnes, ça permet d’ajouter une corde à l’arc des expériences de couple.   

* Fun fact : pour ma part, j’ai fait mon coming out queer lorsque j’étais déjà en couple avec mon partenaire actuel. La non-monogamie m’a permis d’explorer — sexuellement, mais pas seulement — avec d’autres femmes ; ce que je n’aurais évidemment pas pu faire en étant dans un couple monogame hétérosexuel. 

Mais au-delà du sexe, les avantages à essayer la non-monogamie consensuelle sont multiples et bien plus grands que nature 😉. 

Enlever la pression des épaules d’une seule personne 

On est des êtres multiples avec une panoplie de besoins affectifs, émotionnels et sexuels. C’est un peu beaucoup demander à une seule personne de tous les combler, ne trouves-tu pas ? 

Parce que je suis dans une relation non-monogame, je me suis déjà fait demander : ça veut dire que ton partenaire n’est pas « suffisant » ? Bien au contraire, mon partenaire est plus que suffisant. Mais je suis consciente que je ne peux pas trouver mon épanouissement total en une seule personne. Ça n’a aucun lien avec sa « suffisance ». 

Au même titre, je ne me sens pas moins valide parce que je ne peux pas combler l’intégralité de ses besoins. Je suis une humaine avant tout et pour être absolument honnête, je n’ai pas envie de m’infliger ce poids. Mon partenaire a d’ailleurs souvent été un miroir, en reflétant toute la beauté qu’il voyait en moi. À mon sens, c’est ça, l’amour : célébrer l’autre personne pour ce qu’elle est et non exiger qu’elle soit tout simultanément, tout le temps, jour et nuit. J’abonde dans le sens de Catherine Dorion dans Les luttes fécondes : je choisis d’aimer mon partenaire pour ce qu’il est au lieu de le haïr pour ce qu’il n’est pas. 

La non-monogamie me permet donc de me sentir plus complète et comblée, nageant dans une abondance d’amour, de soutien et de relations saines. 

💡 Matière à réflexion : on a plusieurs ami·e·s pour combler différents besoins, pourquoi donc ne pas avoir plusieurs partenaires ?

Devenir des maître·sse·s et de la communication 

La communication est la base de toutes relations. Elle est d’autant plus essentielle dans une relation non-monogame, où les paramètres sont en constante redéfinition.

La non-monogamie m’a appris à tenir pour acquis que rien ne doit être tenu pour acquis (sauf ce fait).  

Par exemple, au lieu d’assumer que mon partenaire sait que je ne suis pas à l’aise avec le fait qu’il se rapproche d’autres personnes dans les prochains jours parce que mon moral est à plat, je le lui communique. Tout simplement. On se prévoit souvent des moments de mise au point pour nommer nos limites et évaluer si nos paramètres nous conviennent toujours.  

Apprendre à bien communiquer fait des miracles et évite surtout de potentielles blessures. Je te jure, tan partenaire et toi pourrez dire que vous êtes des John et Yoko de la communication pacifique ! Et votre connexion en sera d’autant plus forte et saine. ✌🏼 

Travailler sur soi et apprendre à nommer ses limites

La non-monogamie exige une communication efficace et bienveillante, une confiance mutuelle et des limites bien établies. Mais avant toute chose, il importe de bien se connaître soi-même. C’est un travail à deux, mais surtout un travail sur soi. 

La non-monogamie m’a permis de me tourner vers des parties de mon intérieur que je n’avais jamais explorées. Chaque jour, c’est un gage d’authenticité envers moi. C’est en existant dans mon entièreté en toute authenticité que je peux définir les limites qui protègent mes besoins physiques et émotionnels. 

La non-monogamie, c’est de constamment dialoguer avec soi-même. Avec le temps, j’ai compris qu’une relation non-monogame ne peut réellement bien fonctionner que si toutes les personnes impliquées travaillent sur elles-mêmes, ont confiance (en elles-mêmes et en les autres) et se trouvent dans un espace mental confortable (ou sont en voie de). 

Pour moi, la base a été de renforcer ma confiance en moi. Comme toutes les femmes (et les humains en général), j’ai appris à être en compétition avec les autres. À trouver ma propre valeur dans le regard d’autrui, et à me sentir challengée si mon partenaire à des yeux pour d’autres. 

Personnellement, mon plus grand apprentissage se résume à ceci : la lumière des autres ne me fait pas d’ombre. 

🌳 Analogie de l’Arbre (tu l’auras compris, j’aime les métaphores poétiques et la nature est ma plus grande inspiration) : pour pousser vers le soleil, l’Arbre doit d’abord s’enraciner dans le sol, vers l’obscurité. Je crois que pour exister dans notre lumière, on doit d’abord visiter nos parts d’ombre. C’est un travail nécessaire pour tout humain, particulièrement lorsqu’on choisit d’ouvrir son couple. C’est lorsque j’ai choisi d’aimer toutes les parties de moi, de mes racines à ma tête, que j’ai pu m’ouvrir à une relation plus grande que moi.    

Flirter… simplement parce que c’est l’fun !  

Une petite touche plus légère pour terminer 🪶  

Pour moi, le flirt est l’une des étapes les plus savoureuses d’une connexion humaine. T’sais, ce petit moment de eye contacts, de jeu, de tease, de conversations à âmes découvertes. Je ne pourrais pas m’imaginer ne plus avoir accès à ces instants de valse avec autrui. 

Et on s’entend, c’est toujours l’fun et validant de se sentir désiré·e par plusieurs personnes ! 

Au sein de plusieurs relations monogames, les comportements jaloux et possessifs sont normalisés. Le flirt est donc souvent laissé aux oubliettes. Pour ma part, la non-monogamie a laissé l’espace à toutes sortes de connexions profondes, passagères ou non, et m’a permis de déconstruire le réflexe monogame qu’est la jalousie.   

On s’entend, la monogamie peut être ultra saine. Deux individus peuvent s’engager consciemment dans une relation exclusive tout en se laissant la liberté de flirter, de bâtir des relations amicales profondes, de trouver d’autres personnes belles dans tous les sens du terme. Sans mettre tous les œufs dans le même panier, je partage simplement mon expérience.  

Quelques conseils en vrac (que j’aurais aimé entendre il y a 6 ans)

L’amour ne se divise pas, mais le temps oui

Il est essentiel de clarifier la fréquence à laquelle toi et tan partenaire principal·e vous voyez. Minimum deux fois par semaine ? Plus souvent qu’avec d’autres personnes ? Ça peut être facile de se sentir délaissé·e si ce paramètre n’est pas établi. 

Sois prêt·e à laisser le niveau d’ouverture de ta relation fluctuer

Par exemple, pour notre part, notre niveau d’ouverture a tendance à évoluer au gré des saisons. En hiver, notre santé mentale n’est pas toujours à son top et on ressent davantage le besoin d’être dans notre petit cocon ; on aura donc tendance à concentrer nos énergies sur nous deux. Au contraire, avec l’arrivée du printemps, notre confiance brille de mille feux tout comme notre bien-être mental et on sent généralement l’élan de s’extérioriser ; on va donc se laisser la liberté d’écouter ce besoin de rencontrer de nouvelles personnes.  

Respecte tes limites, là, maintenant

Elles vont changer, et ce n’est pas parce qu’un mois tu te sentais all in que le mois suivant tu n’as pas le droit de vouloir un peu plus d’exclusivité. Il ne s’agit pas de « reculer », mais bien d’être à l’écoute de ton intuition, et ça, c’est magnifique.   

Sois clair·e avec tes ami·e·s

Tu as sûrement déjà entendu la règle d’or universelle en termes d’amitiés, soit « ne couche pas avec le chum ou la blonde de ton ami·e ». Et bien, qu’en est-il des fréquentations de ton ami·e en couple ouvert ? Expérience vécue, ça vaut la peine de clarifier 😉.

Honore ton courage

Tu sors du moule, ça peut être effrayant, but you still do it ! Ce n’est pas rien et tu mérites de te célébrer. 

La non-monogamie est une avenue, pas une solution à un couple brisé

Si tan partenaire et toi prenez la non-monogamie comme bouée de secours, vous finirez probablement par couler. C’est un modèle relationnel qui nécessite une communication fluide et une confiance solide.   

Remets-toi en question (et trouve quelqu’un qui a l’humilité de le faire)

Est-ce que tu orientes tes actions vers la meilleure version de toi-même et la meilleure version de ce que tan partenaire mérite ?  

D’autres conseils pour ouvrir ta relation de couple ici

La non-monogamie, ce n’est pas toujours tout rose. Elle prend diverses couleurs, parfois plus vives et joyeuses, parfois plus sombres. Tout comme la monogamie. 

Contrairement à certaines croyances, la non-monogamie n’est pas un modèle « supérieur » à la monogamie. C’est simplement une option à laisser germer dans le jardin des possibles. Au final, ce qui importe, c’est d’être dans une relation saine, consciente et choisie, peu importe le modèle relationnel. 

Finalement, on a tendance à croire que la monogamie et le polyamour sont deux opposés sur le spectre de l’amour. C’est tout ou rien et on doit choisir. En fait, on peut très bien configurer une relation qui soit in between, et explorer sur le spectre à notre rythme

À toi de trouver tes propres motifs pour partir à la découverte de la non-monogamie. N’hésite pas à me les partager en commentaires, pour qu’on s’inspire mutuellement à penser et aimer hors du moule ! 🤝

author-avatar

À propos de Gabrielle Arcaïni

Rédactrice pigiste | Pronoms : elle/la | Si je ne suis pas en train de faire du yoga ou de flatter mes chats, je parle de menstruations. Amoureuse des mots et féministe dans l’âme, j’ai toujours adoré écrire pour remettre en question les tabous sociaux. Mon baccalauréat en relations internationales et droit international m’a permis de prendre conscience que la politique est partout, entre autres dans la poésie et les articles (Catherine Dorion serait bien d’accord !). J’espère contribuer à normaliser les menstruations pour qu’enfin, on parle sans complexe et de manière inclusive de ce phénomène des plus naturels (mon rêve : le congé menstruel partout !).

Une réflexion sur “5 raisons d’essayer la non-monogamie

  1. Célia dit :

    Fait du bien cet article ♡

    1. Alex dit :

      Voilà un article rafraîchissant et rassure pour qui a envie d’explorer toutes les dimensions de son être, de l’énergie vitale en soi: l’énergie sécu elle. Faire la paix et apprécier tous les modèles relationnels existants sans se sentir blesser. Évidemmen, il ne faut pas avoir peur de se remettre en question, d’apprivoiser ses zones d’ombres.

      Merci

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publié Les champs obligatoires sont indiqués avec *